Le chant des cupules : à la visiteuse du soir.* |
Grand garage blanc
Le chant des cupules
Adieu, corps scarifié, je voyage les yeux fermés. Le cœur des hommes saigne en silence, dans les hopitaux. Les femmes aux cheveux défaits, marchent pieds nus sur le sable et s'abreuvent aux rivières pourpres.
Emporte-moi, loin d'ici, de ce garage blanc, vers l'immense forêt où tu chantes, sous les chênes sacrés.
Montre-moi les sources à salamandres dorées et la lumière Divine qui perce mon coeur blessé, sous la canopée.
Prend ma main, allons ramasser des cupules dans l’humus et inventer le cœur nouveau. Contemplons le temps sacré qui se dépose partout, comme poussière d'étoiles. Les feuilles d'or des aulnes recouvriront les dormantes, en hommage aux disparus.
Serait-ce déjà l'adieu ?
Ma forteresse a rendu l'âme. Trop de souffrance. Plus d'amour.
Étend les branches de ton arbre à lumière, prend moi, serre moi fort. Oublions nos rancœurs comme le brouillard efface le fleuve en ria.
Le temps est si proche de l'adieu. Tu sais, la mort ne m'a pas fermé sa porte. Ne rete pas sur le quai de gare. Voyageons ensemble, les yeux fermés, cœur à cœur.
La boîte à punaises réveille ma mélancolie, je n'en peux plus.
Je suis ton étranger. Je vois tes yeux de voyageuse, pleurer.
Viens.
Mon cœur saigne et les rivières pourpres coulent sur tes lèvres roses, comme un dernier baiser mortel.
Roger Dautais
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS
http://rogerdautais.blogspot.com/
Le chant des cupules " à la visiteuse du soir*
Forêt de Camors - Bretagne
* La mort.
Grand garage blanc
à la visiteuse du soir. *
La morphine entre dans le jeu. L'instant sédimente. Je suis stone, regard au plafond. Médiké, techniké, intubé, dérivé, branché de partout, écartelé. Je voudrais aimer, une dernière fois à en perdre le souffle. Mes yeux dérivent,suspendus aux murs gris. La tangente rejoint la diagonale des fous, géométrie sanglante des derniers instants. Sourire aux anges. Je sombre.
Tous les feux sont au vert dans la fumée de ta ganja.
Jours tendus, au-dessus ddu vide, lorsque le saut devient évidence, qu'il faut écouter.
Ecartez-vous. Il n'y a rien à comprendre. Ici, c'est l'enfer.
Quand la vie se dérobe, aucune blouse blanche ne trouvera les bons mots. Je touche le fond.
La tendrese n'est plus qu'un vague souvenir qui s'efficloche. Le désir a reflué au confluent du coeur blessé.
Le plaisir d'^tre avec, pâlit comme lueurs de l'aube, en Ria
Cœur obstrué; comment échapper à la bascule, au hoquet libérateur ?
Reprendre l'errance dans les draps humides et la douleur, la lancinente attente d'un nouveau shoot, ponctué de bons conseils. Elle me voudrait, heureux.
Je sombre.
Roger Dautais
: à la visiteuse du soir : la mort.
Cette opération à cœur ouvert, m'aura fait rentrer dans la grande confrérie des mortels revenus de l’autre côte. Tous les textes présentés sous le titre de Grand garage blanc, ont été écrits pendant les deuw séjours au CHU de Rennes er CH de Vannes, qui ont précédé et suivi mon opération. Je voulais aussi expérimenter l'écriture sous morphine. C'est fait.
Je n'ai jamais
autant entendu parler de mort, de danger de mort, que dans ces lieux ces chirurgie cardiaque, , par les chirurgiens ou cardiologues qui m'ont ,malgré tout sauvé. Je leur en suis reconnaissant.
****
Je remercie tous ceux qui m'ont soutenu. Je ne voulais pas de visites pendant cette épreuve de 3 semaines, afin de vivre entièrement cette expérience,sans entendre les discours de chacun.
Je n'ai pas aimé du tout, la posture de mes soit-disant amis qui se sont l'éloignés, et pour longtemps, après m'avoir expliqué que cette opération était banale.
Les gens qui ne vous aiment pas se donnent beaucoup de mal pour vous tenir la tête sous l’eau lorsque vous êtes affaiblis par la maladie. Qu'ils retournent à leur veau d'or, Gafa , i phone, et autre facebook, puisqu'ils y trouvent source de vie et m'épargnent leurs commentaires sur mon état de santé.
quelle force je ressens dans tes lignes….Merci de nous faire partager ces expériences si extra----ordinaires(inconnues pour ma part)!je voyage de concert….cordialement
RépondreSupprimerOdile.
SupprimerMerci Odile. C'est la dérive de notre société qui me donne la force d'écrire, d'exister.
J'ai été opéré à cœur ouvert, un mardi. On m'a proposé de me renvoyer chez moi le samedi, soit 5 jours après une opération qui dura 5 heures. Thorax,scié en deux, poumons et cerveau dérivés, exsanguinotransfusion( vidé de mon sang, double pontage et ablation d'une de mes deux artères coronaires. Tu vois l'état dans lequel j'étais.
L'administration avec un grand A, jugeait bon de me renvoyer chez moi, à 76 ans passés, dans une maison non équipée médicalement, et sans suivi médical. Voilà la société proposée par notre gouvernement actuel. J'ai résisté, j'ai refusé ce traitement cruel dont le but est de gagner de l'argent. Je suis resté 3 semaines dans 2 hôpitaux.
Maintenant, je n'ai pas de place pour faire un stage de réadaptation cardiaque avant un mois. Je te laisse mesurer le suivi et le danger de l'affaire. Je sais, on est loin de la poésie. Je sais, on m'a dit que j'avais l'âge de mourir, mais j'ai le droit de contester cette phrase, et de résister à la bêtise administrative.
Voilà pourquoi, j'ai envie de vivre, pour continuer le combat que j'ai toujours mené, et pour les miens.
C'est aussi simple que ça.
Très cordialement.
Roger
J'ai suivi grace à tes posts toutes tes pérégrinations ….et tu m'apportes les détails manquants!!!!Oui l'Administration prend l'eau de toutes parts(ou plutôt l'argent…)Je voulais t"écrire depuis que je regarde ton blog,mais il fallait s'inscrire,créer un compte!!!!pas d'autre choix pour communiquer….J'ai la "chance" d'être en bonne santé ( à bientôt 78…) mais je crois que je réagirais comme toi dans le même cas.
SupprimerDe tout cœur avec toi ,j'admire ton opiniâtreté!!!
"De grands yeux d´océan, une voix d´ingénue
RépondreSupprimerUn sourire d´enfant sur des lèvres carmin
Douce, elle apaisera sur sa poitrine nue
Mes paupières brûlées, ma gueule en parchemin"
https://www.youtube.com/watch?v=ebeibrd0J58
"Avec sa faux des quatre saisons
Et du crêpe dans son peignoir,
Sur ses échasses de béton
Dans les faubourgs du désespoir,
Elle meurt sa mort, la mort, elle meurt...
Avec ses cordes pour la pluie
A encorder les poitrinaires
Ses poumons de cendre qui prient
Dans la soufflerie des mystères
Elle meurt sa mort, la mort, elle meurt...
Sur la route des jours heureux
Dans les bielles et dans le courroux
En mettant du noir sur les yeux
Et du sang frais sur les cailloux
Elle meurt sa mort, la mort, elle meurt...
L'hôpital meublé de ses gens
Dans les salles où dorment les chromes
Avec son fils et ses gants blancs
Dans l'anesthésie des royaumes
Elle meurt sa mort, la mort, elle meurt...
Avec le végétal nourri
De son détestable négoce
Avec les rires et les cris
Qui croissent sur toutes ces bosses
Je vis ma vie, je vis
Je vis"
Merci, Maria pour ce poème qui tombe a pic.
SupprimerDe nos jours, le poème devient une île déserte au beau milieu de notre société à l'agonie. Boufferons nous les derniers vivants dans des big mac, lorsque la planète exsangue mettra à l'eau tous les cadavres victimes de la surconsommation ? Il faudra alors, des marchands de lunettes noires pour ne pas voir la mort, et gagner encore un peu de sous.
Les poètes sont poussés à la marge, comme les lanceurs d'alerte. Lisons Fred Vargas, Bilal. Ils habitent notre île chère Maria.
La culture est niée dans notre beau pays aux mains des marchands de bonheur. Il faut le dire. La poésie est une bouffée d'air frais dans cette foire à neuneu. les éléments de langage, la pensée unique, le costard serré, la grand messe "comme j'aime "les charges de CRS, les préfets à casquette de facteur. Prévert, reviens, tu as de quoi écrire.
Pardon, je m'envole.
. Il est où le poème ? il est là, il survit, il surnage. Il est bon à accueillir ici, chère Maria Et je t'en remercie. Je t’embrasse très fort.
Roger
https://www.youtube.com/watch?v=WlYc8zt0aGI
RépondreSupprimermémoire de silence
SupprimerLe grand Ferré ! à contre-courant, dans notre société frileuse qui ne veut plus que le plaisant, le jeune, le riche, le plaisir à répétition, l'éternité dans le creux de l'i phone. Plus besoin de pompes funèbres, les marchands de bonheur ont fait de nous, des morts vivants.
Comme nous avons de résister à toute cette merde.
Belle journée à toi,chère Maria-Dolorès.
J'écoute le grand Ferré.
Je t'embrasse,
Roger
Question de cœur aujourd'hui, celui dont le violet plaira à chaque visiteuse, le tien qui se remet gaillardement et celui de tes amis que tu crois indifférent...Indulgence, Roger. La peur , le sentiment d’impuissance, la maladresse à exprimer le chagrin causé par les souffrances d'un être cher font de nos amis des absents mais n'en doute pas pleins de sympathie.
RépondreSupprimerJe t'embrasse.
manouche.
SupprimerOui, indulgence, bien sûr, mais il ne faut pas non plus tomber dans le panneau de la facilité. Je suis assez résistant, mais parfois, et pour ne pas être désagréable, je change de trottoir, pour éviter une leçon de comédie. Plus le temps pour ça.
Je t'embrasse.
Roger
Les amis sont souvent d'une maladresse folle et croyant rassurer ils enferment le souffrant dans sa douloureuse solitude ; une expérience vécue en ce moment !
RépondreSupprimerJe crains la visiteuse du soir pour mon épousé... je te lis avec attention Roger merci pour toutes tes pages.
en toute amitié
La cachette à Josette
SupprimerEn empathie avec toi, chère Josette. Meilleure santé à ton aimé.
Je t'embrase.
Roger
Bonjour Roger
RépondreSupprimerUne expérience que tu transmets avec des mots, des images de toute beauté.Et ce ne sont pas de vains mots de ma part.
Ce cœur violet de cupules est sublime.
Figure-toi que je ressens bien ce que tu dis au sujet des prétendus amis(ou famille) en cas de coup dur: j'ai vécu cet éloignement de la même façon.J'ai même senti par moments comme un reproche d'être vivante. Alors que je ne me plains jamais.J'en ai été profondément blessée. Mais en revanche, le paysage s'est recomposé et d'autres présences bienfaisantes ont émergé.
Quant à la couleur violette, lorsque j'allais mal, je ne pouvais la souffrir. J'ai compris plus tard que c'était la couleur de la mort.
Je t'embrasse fort, Roger.
Maïté/Aliénor
SupprimerMerci Maïté.
J'ai, sans le vouloir, passé pas mal de temps dans les hôpitaux et revécu cette mise à distance,à chaque fois. Heureusement, ces bonnes âmes ont gardé toute leur énergie pour demander au gouvernement, que l'on mette tous ces gilets jaunes en prison que l'on nettoie la France. Le fascisme a un bel avenir. La douleur , la misère sociale, elle aussi,dérange. Salauds de pauvres, disait Coluche. Parfois je crois entendre,salauds de malades !
Je ne baisse pas les bras et bien que l'on m'ait fortement conseillé d'écrire sur le sujet, je continue à publier ces textes directement inspirés par mon passage dans les hôpitaux.
Je t'embrasse, chère Maïté.
Roger
Je te mets en commentaire ce texte trouvé sur internet,
RépondreSupprimeril est très réaliste par rapport à la douleur...
****
Un homme tomba dans un trou et se fit très mal
Un Cartésien se pencha et lui dit :
« Vous n'êtes pas rationnel, vous auriez dû voir ce trou ».
Un spiritualiste le vit et dit :
« Vous avez dû commettre quelque péché».
Un bouddhiste le vit et dit :
« C'est votre karma, je compatis».
Un scientifique calcula la profondeur du trou.
Un journaliste l'interviewa sur ses douleurs.
Un yogi lui dit :
« Ce trou est seulement dans ta tête, comme ta douleur ».
Un médecin lui lança deux comprimés d'aspirine.
Une infirmière s'assit sur le bord et pleura avec lui.
Un thérapeute l'incita à trouver les raisons pour lesquelles ses parents le préparèrent à tomber dans le trou.
Une pratiquante de la pensée positive l'exhorta :
« Quand on veut, on peut ! »
Un optimiste lui dit :
« Vous avez de la chance : vous auriez pu vous casser une jambe ».
Un pessimiste ajouta : « Et ça risque d'empirer ».
Puis un enfant passa
et lui tendit la main...
Marie.
SupprimerC'est bien vu et non sans humour. En fait, devant la douleur, chacun trouve les moyens de ne pas en être affecté. Un jour, je vois un homme chargé de colis, entasser le tout sur son scooter et tenter de rouler ainsi. Quelques mètres plus tard, i était par terre. Nous étions deux témoins. Une femme et moi. Je suis allé l'aider à se relever et voir s'il n'était pas blessé. La femme l’enjamba et engueula copieusement, lui expliquant qu'il "aurait pu ", abimer son 4X4. La douleur de la scène l’embêtait. Restait à l’exprimer de belle façon. Je me suis permis de conclure la conversation pour qu'elle s'en aille vite voir ailleurs.
Difficile de refaire le monde.
Je t'embrasse,
roger
Qu'il est beau ton chant des cupules. Que ce soit dans tes images tes créations ou tes mots, il montre que l'essentiel est dans l'amour...
RépondreSupprimerPastelle
SupprimerMerci Sophie.
Oui,ce fut un beau moment que cette complicité entre le silence, les eaux dormantes du lac et ces chênes en nombre qui m'offraient la foule des cupules dans le chant de l’entropie. pourtant, malgré le beau, il se fait que la maladie, la douleur, font naître en moi le sentiment d’être surnuméraire sue cette terre. L'écriture est chez moi, voisine de la mort. Je fus tenté par le suicide dès l' âge de 6 ou 7 ans, victime des sévices de mon père, enfermé dans mon placard, privé d’avoir de nourriture, comme échappatoire à la douleur. Je traine ce besoin de disparaître et l'ai déjà trois fois mis en œuvre,de façon grave dans ma vie. Il reste le futur possible de ma vie, à utiliser quand le supportable sera atteint. Je n’aime pas l'injustice.
Ce sera ma réponse.
Désolé que ces explications tombent sur toi, que j'aime beaucoup,chère Sophie, mais j'avais besoin de cette mise au point dans ma vie noire.
Je t'embrasse très fort.
Roger
Merci de ces explications. Je suis honorée qu'elles "tombent" sur moi...
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