Passion profonde : à Marie-Claude |
La vie hors cadre I pour Erin |
Critiques associés : à Sasa Saastamoinen Renaissance ( Dolmens de Crucunio ) Pour Guy Allix |
La vie hors cadre II Pour Isabella Kramer |
Avant le massacre |
La dernière marche :pour Gwen Buchanan |
Fumiyo Song (détail) |
Fumiyo Song : pour Fumiyo Suko |
Dialogue de Crucuno : pour Marie-Josée Christien |
A l'ombre du Géant (Carnac) Pour Serge Thébault |
Mémoires rouges (Ria d' Auray) pour Alain Gégou |
Nos éternités.. .à Raymond Anisten |
Car il faut que chacun compose le poème de sa vie.
Youenn Gwernig :
Si je regarde une carte d'état major, je constate que mes marches partent toutes d'Auray et se dirigent vers les quatre points cardinaux, avec une préférence pour le sud-ouest et la région de Carnac. Ayant trouvé une liste relevant tous les dolmens et menhirs Morbihan, je me suis donné comme but de les visiter, un par un. Mais je ne peux délaisser, ni la campagne, ni la Ria d'Auray, ni le littoral. Autant dire que mes journées sont bien remplies et mon avenir aussi. Ces jours derniers, j'ai décidé d'introduire un peu de couleurs dans mes créations. Il me faut donc commencer par cueillir ce que je trouve sur place, puis travailler ces matières en les associant dans des formes qui, elles-mêmes prennent place dans le paysage. C'est un travail assez long mais qui me plait, aussi.Ces gestes de cueillir, j'ai vu ma mère les pratiquer dans notre grand jardin pour préparer les fleurs qu'elle vendait ensuite dans son magasin. Cela se pratiquait à la fraîche, lorsque la rosée perle sur chaque fleur et je trouvais ces instants délicieux, passés à regarder ainsi s'envoler des brassées de couleurs que j'appris plus tard à faire moi-même.
Hier, je choisis le lieu dit Le Champ des martyres de Brec'h, pour sa beauté et pour sa sérénité. Je ne peux m'empêcher de penser aux exécutions massives qui eurent lieu, ici. En dehors de toute considération politique, étant un farouche adversaire de la peine de mort, je ne comprends pas ces gestes brutaux et cruels.
Je vais faire de petites installations , aujourd'hui. Je suis sur les marches de droite en entrant dans l'enceinte du mausolée. Je vais représenter une foule, anonyme, dos au mur de l'incompréhension et qui attend la mort.Je le fais avec des fleurs de digitales retournées.
Je pense aussitôt aux personnages hantés de Maqui Xenaxis, fille du grand compositeur que j'avais rencontré à Caen. Ces personnages avaient cette présence et cette allure horrifiée, résignée. J'avais aimé nos échanges d'idées autour de ses œuvres.. Je continue cette première installation en mettant quelques personnages au premier plan, semblant arriver pour rejoindre les autres. A cet instant, je me demande quelle fût leur dernière pensée, ici avant de quitter ce monde.
Je file vers une mare d'eau que les dernières pluies ont fait grossir ces derniers jours. Un jeune merle, s'abreuve. J'approche très doucement. Il me regarde. Je lui parle, lui signifiant mes intentions pacifique et il comprend. Au lieu de s'envoler, il va m'accompagner pendant dix minutes. Je vais installer quelques flottaisons avec l'idée d'écrire une chanson dont les paroles seraient contenues dans des formes de couleurs. L’oiseau m'observe à sept ou huit mètres. Il est jeune, beau, assez fin et sans peur. Nos regards se croisent plusieurs fois.Lorsque je descend dans les marais attenants, il me suit et se perche dans la roselière.
Mon père aimait les oiseaux.
Ce sentiment d'être orphelin, juste à ce moment là...
A soixante dix ans passés !
Le même chant qu'au cimetière...La mort est un déchirement.
J'écris ma chanson et l’appellerai Fumiyo Song. Il manque un souffle de vent pour déplacer les triangles et pour faire s'élever la mélodie. Enfin, je crois..
J'ai continué ce matin, sur la Ria D'Auray . Un cairn pour Alain Jégou, puis un autre, à côté, au jusant , avec un petit bouquet de coquelicots, la mémoire rouge, incandescence pour chanter l'absence... et enfin, un travail de composition dans un chantier ostréicole. La forme, la matière, le fond, la mémoire, les mémoires. Un exercice utile pour moi, de temps en temps. Dans mon dos, chante l'eau du jusant, présence hospitalière, mouvante, fraternelle, symphonie pour les âmes en perpétuel voyage maritime.
Les jours d'avant, seront, Crucunio, ses dolmens a couper le souffle, ce même magnétisme ressenti, les rituels. Le Géant du Manio, je travaillerai à son ombre et déposerai une étoile de David pour mon ami, mon frère disparu, Raymond Anisten, fondateur de l'association des enfants et petits enfants rescapés de la rafle du Vel d'Hiv du 16 juillet 1942, que j'aimais commémorer près de lui qui avait perdu 42 personne de sa famille dans le camp d'Auschwitz. Je pense très souvent à lui, ainsi qu'à sa femme Jeanine. Chacun vit avec ses propres souvenirs que cela plaise ou pas !
Carnac, Erdeven, Crucuno, des noms de ville, de village qui entrent petit à petit dans mon quotidien pour nourrir mon imaginaire. J'entends bien me laisser travailler par ces Terres Sacrées et répondre à leur appel afin de faire mienne cette si belle phrase de Youenn Gwernig :
Car il faut que chacun compose le poème de sa vie.
Roger Dautais
Échec sur toute la ligne
pour les poètes visionnaires
les aventuriers déjantés
les jouisseurs effrénés
peu soucieux de s’éterniser
une fois la date de péremption
du produit perso outrepassée
la vie plombée recta
le rêve écrabouillé
le délire hors-la-loi
plus qu’une obsession
dans le crâne collectif
prendre bien soin de son corps
museler toutes ses envies
et fantasmes débraillés
pour battre tous les records
de plate longévité
ramer morfler suer
se punir pour décrocher
le bonheur de vioquir
cuisses fermes et ventre plat
toutes fuites maitrisées
et pattes d’oie colmatées
zombis légumes gâteux
cadavéreux mais survivants
agrippés à toutes forces ultimes
contre vents et diarrhées
au chiche plaisir d’être là
et d’étaler leurs carnes
en frimant du clapier
démodés répudiés
les destins fulgurants
fichés fichus les allumés
karchérisés les renégats
excommuniés les révoltés
écartés diabolisés entaulés
les clopeurs les picoleurs
les baiseurs les viveurs
jogging aérobic roller
bouffe light et WeightWatchers’
hygiène de vie
salubrité mentale
indispensables pour palier
aux carences et dégradations
booster ses miches
et brider ses pulsions
pour résister au temps
pour les poètes visionnaires
les aventuriers déjantés
les jouisseurs effrénés
peu soucieux de s’éterniser
une fois la date de péremption
du produit perso outrepassée
la vie plombée recta
le rêve écrabouillé
le délire hors-la-loi
plus qu’une obsession
dans le crâne collectif
prendre bien soin de son corps
museler toutes ses envies
et fantasmes débraillés
pour battre tous les records
de plate longévité
ramer morfler suer
se punir pour décrocher
le bonheur de vioquir
cuisses fermes et ventre plat
toutes fuites maitrisées
et pattes d’oie colmatées
zombis légumes gâteux
cadavéreux mais survivants
agrippés à toutes forces ultimes
contre vents et diarrhées
au chiche plaisir d’être là
et d’étaler leurs carnes
en frimant du clapier
démodés répudiés
les destins fulgurants
fichés fichus les allumés
karchérisés les renégats
excommuniés les révoltés
écartés diabolisés entaulés
les clopeurs les picoleurs
les baiseurs les viveurs
jogging aérobic roller
bouffe light et WeightWatchers’
hygiène de vie
salubrité mentale
indispensables pour palier
aux carences et dégradations
booster ses miches
et brider ses pulsions
pour résister au temps
Alain Jégou *