Aux Anges du Sal : pour Marty |
Shirin Yoku : pour Odile |
Mandala : pour Marie-Josée Christien |
Le rossignol chante mieux dans la solitude des nuits qu'à la fenêtre des rois
P.Lorain
Grand garage blanc
Hopital de Rennes-Pontachaillou
service de chirurgie cardiaque
Au Docteur Marie Aymami
Fenêtres sur cour
Fenêtre n°1
Au paradis, tes yeux seront toujours
un camaïeu de Lapis Lazulite.
Fenêtre n°2
Ni ombre ni lumière, saumon frétillant, mange mon corps exsangue qui descend la rivière. Emmène-moi mourir loin d'ici, sur les pierriers qui scintillent sous la lune. J'espère un exil définitif dans ce voyage morphinique.
Fenêtre n°3
Tu me crois un géant, je ne suis que poussière d'étoile dans ton œil. Je t'aveugle et tu cries au soleil de se rallumer. Je suis ta nuit, debout, tes insomnies, tes étoiles.
Réveille-toi amie, je veille, mais pas pour longtemps. L'opium brûle mes veines.
Fenêtre n°4
Parfois, je me perds dans le temps qui passe. Le brumes de Ganja, crament mes poumons Le temps tourne toujours dans le même sens. Il finit par m'emporter aux portes de l’indicible. J'oublie les mots, les remplace par des pierres. Ici, je suis vraiment moi-même, au cour de la nature dont je fais intimement partie. Les pierres me regardent, je suis des leurs.
Faire remonter le rêve qui vit en moi, à la surface. Apprendre à vivre libre avec soi, loin des injonctions.
Fenêtre n° 5
Fermée, définitivement. Donne sur le vide.
Fenêtre n° 6
Entouré de personnes qui savent exactement ce qu'est la vie, je sais combien ils se trompent. La vie est tout sauf un état stable et prévisible. La vie est mouvement, surprise, changement; mutation, mais elle avance toujours dans le même sens. Elle nous impose l'entropie.
Elle danse, Marie-Jeane, dans sa blouse blanche. Elle pique. Elle chasse la douleur. Je suis A-Morphe.
Fenêtre n°7
Lorsque le soir tombe, j'ai envie de lui téléphoner, de savoir comment il va. J'ai envie de l'inviter à la maison, d'oublier mon enfance, de lui raconter ma journée, d'écouter ses histoires de guerre, mille fois entendues. Parfois, je l'appelle : Papa.
Alors, il se tient muet, près de moi, bien qu'il soit mort en Janvier 2010.
Roger Dautais
Le 9 avril, je subissais une opération à cœur ouvert. Ceci demanda une prise en charge de ma douleur, par la morphine. Après les 4 jours de réanimation, je décidais de profiter des modifications de conscience , dues à ce produit. Je me retrouvais 40 ans en arrière,sur la route des paradis artificiels. J'ai pris des notes et me suis mis en écriture pendant 19 jours. Cette période d'inspiration particulière a transformé mon écriture.
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS
http://rogerdautais.blogspot.com/