La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

lundi 27 juillet 2009



Après une assez longue marche, je franchis les limites de la carrière.J'arrive par l'ouest. Je surplombe les zones d'extraction qui s'étendent par étages à perte de vue. Je commence à descendre vers le fond et j'emprunte les rampes qui servent de route aux énormes camions, remontant du fond, chargés de pierres calcaire, livrées à une usine proche. J'entre dans un monde minéral. C'est l'hiver 2005.
L'horizon est au-dessus de moi. J'ai la sensation d'être enterré vivant. Il fait très froid malgré le soleil. Le sol est gélé. L'hiver est bien présent, qui me parle. Je dérape dans les pentes et les pierres sonnent en s'entrechoquant. Le cri des petits éperviers qui chassent au-dessus de ma tête, résonnent. Ils créent un écho contre les falaises. Je rencontre un premier pierrier. J'y trouve les matériaux nécessaires pour élever plusieurs cairns. Je rencontre les mêmes problèmes que d'habitude, choix de chaque pierre, essai d'équilibre, effondrement. Recommencer est un leit motiv, élever des pierres dans l'indifférence, la loi du genre. Chaque cairn devient présence pour moi, et m'accompagne dans ce désert de pierres calcaires. Parfois, je leur fais l'offrande d'une petite pierre ramassée à proximité, d'une brindille, d'une touffe d'herbe pour les lier à l'environnement. J'ai alors le sentiment d'être délivré d'un devoir et de pouvoir continuer mon chemin. Des traces gelées de bulldozer me servent à créer une étoile de mer. Elle restera, trace de mon passage. il m'arrive parfois de retourner quelques semaines après un tel travail et constater que les carriers l'ont respecté. C'est un plaisir pour moi. Il est vrai que depuis ces années, sans jamais m'avoir vu, ils me connaîssent. Je suis des leurs.
Je continue jusqu'au fond de la carrière et trouve une tranchée remplie d'eau. J'y élève un dernier cairn. Il sera le gardien des eaux. Lorsque j'ai terminé mon travail, la lumière commence à baisser. Le froid s'intensifie, il va geler cette nuit. Ce lieu devient très vite dangereux sans visibilité. Il est temps de remonter à la surface partager ma vie avec mes semblables.

Roger Dautais
" Marcher, choisir élever "

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.