Cénotaphe...
Je marche sur cette immense plaine qui surplombe la ville et je retrouve dans mes souvenirs cette grande usine métallurgique, autrefois installée ici, et rasée brutalement par ce que l'on appelle la conjoncture ! Quelques entreprises ont poussé ça et là et " le plateau" comme on l'appelle ici, est toujours en chantier. D'énormes décaissements de terre ont fait apparaître des pierres et c'est justement ce que je cherche. Je trouve un tas de pierres, mêlée de terre, mais dont je peux approcher aisément.
Il me suffira de les déplacer de quelques mètres vers la gauche pour y trouver un terrain stable et suffisamment plat pour y élever un cairn. Je dispose de deux heures et cela me suffira pour atteindre mon objectif. La base du cairn est tracée avec de grosses pierres et il ne me reste plus qu'à élever l'édifice. Je choisis les pierres une par une, suivant leur forme, leur poids car une seule erreur et le cairn peut s'écrouler. Elles sonnent entre elles, "chantent" dans cet espace vide, s'assemblent, se prêtent, se tournent, comme si elle voulaient m'aider. à 1.40 mètre du sol, c'est l'incident, une grosse pierre s'échappe du cairn, glisse et tombe à terre en entrainant quelques unes avec elle. Le cairn entier bouge, se tasse, s'assoit et décide de rester debout. Je vais tenter et réussir une "réparation" qui va tenir jusqu'au bout. Une fois achevé, il mesure 160 cm, ce qui est relativement petit mais bien proportionné à la taille de la base et surtout à ma réserve de pierres.
Je prends quelques photos. et je m'éloigne. Ce cairn s'inscrit bien dans ce paysage en chantier, non loin du tas de pierre qui lui a donné naissance. Cénotaphe pour une pensée à celui qui vient de me quitter.
Roger Dautais
Patience à l'aulne des veilles serait justification
d'un délai si nos pieds avaient fait
provision de vertiges.
Cette trop humaine science des virgules.
Saurai-je, aujourd'hui, vanter la saveur d'une
poignée
de terre contre les mérites d'un doute ?
Philippe Denis
Notes lentes.