Transparence : pour Else Lasker Schüler |
Je joue avec des petits riens que j'assemble comme des secondes dans une heure. Je les appelle mandala ou installations. elles me demandent beaucoup de temps. Je dis des " rien " parce qu'elle sont considérées comme des " rien ". C'est ma vie. Et une vie, ce n'est jamais " rien". Il y a toujours ce miracle de respirer, de se servir de tous mes sens, de faire partie d'une société. Cela ne compte pas aux yeux de ceux qui possèdent le savoir qui se nomment entre eux, " les sachant ".
On peut en mourir de ce mépris là.
J'ai choisi de ne pas en tenir compte et de continuer à réaliser ces mandala, de tracer des spirales, d'élever des cairns. De toute façon, dans un futur plus ou moins proche, tout le monde aura disparu ou presque, remplacé par d'autres. Certains continueront à assembler des petits riens que d'autres ignoreront. Ils oublieront qu'ils sont mortels, continuant à amasser, biens et fortunes qu'imaginent probablement emporter avec eux, le jour de leur disparition.
Roger Dautais
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS
http://rogerdautais.blogspot.com/
Photo : création land art de Roger Dautais
" Transparence " pour Else Lasker Schüler
Bieville-Beuville - Cours du Dan.
Normandie 2004
Concernant le choix de mes dédicaces, elles sont adressées à des personnes que j'aime ou j'estime pour ce qu'elles sont, ce qu'ils font,
pour ce qu'elles étaient ou avaient fait de leur vivant.
Je ne dédicace jamais rien aux personnes qui me le demandent.
Mon choix en poésie, s'est arrêté aujourd'hui sur ELSE LASKER SCHULER, poétesse Juive Allemande (1869 -1945 ) elle est l’une des représentantes de l’avant garde du modernisme et de l’expressionnisme.
Je le fais, parce qu' à l'époque où elle vécut, une idéologie nauséabonde , pensait qu'être juif, était une tare, et que de les éliminer, se résumait à un détail. Certains le pensent encore aujourd'hui.
C'est avec plaisir que je vous propose ce superbes poème, en sa mémoire, en ce début d'année.
Roger Dautais
***
ARRIVÉE
Je suis parvenue au but de mon cœur.
Aucun rayon n’ira plus loin.
Derrière moi, je laisse le monde
Et les astres
La tour de lune hisse l’obscurité
…Oh, cette tendre mélodie qui doucement me hante…
Mes épaules se soulèvent, coupoles hautaines
Else Lasker Schuler
Extraits du recueil Secrètement, à la nuit (Heimlich zur Nacht) édition Héros limite,
collection Feuilles d’herbe, 2011. Traduction d’Eva Antonnikov