La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

samedi 16 avril 2016

Transition  :  pour Sole
Vertigo :  pour Marie
Ad libitum  :  pour Maria  D.Cano
Insoutenable attente :  pour Sasa Saastamoinen
Lampedusa ...avant la route:  pour Fifi
L'autre réalité :   pour France
L'inconnue de l'estran :  pour Ines ( Magia da...)
L'interdit des brandes :  pour Thérèse
La grande et la petite :Remei Navaro
Situation éphémère :  pour Christian Cottard
Le foyer des  pins morts : pour Marine D.
Mémoires de  pierres :  pour Arlettart
Le guetteur de Lan Roz : pour Fanny
Liaisons croisées : pour Synnove Schneider
La dispute paysanne  :  pour  Marty
Diagonale et rencontre :   Pour Patrick Lucas
Des silences de  pierres  : Pour Youenn Gwernig
Corps  infinis : pour Maïté/Aliénor




Le voleur  m'a tout emporté
 sauf la lune qui était  à ma fenêtre.
                           Ryokan



à Marie-Claude


Route 73
Les applaudissements n'ont jamais fait le travail à ma place. La vérité est ailleurs, faite de  fragilités, de doutes, d'échecs. Bien obligé d'admettre ma part de défauts dans  ma  pratique du land art. Elle  m'a permis de  progresser. Il faut calmer le  jeu. Absurde la course avec le temps. Au final,  il raflera la  mise.
Je me dois chaque jour rechercher et vivre une part de  vrai silence, une autre de vraie solitude, une autre de détachement  pour  oublier ce que je connais et recommencer chaque geste comme  un enfant découvrant le  monde.
Je dois expliquer sans acrimonie que mes cairns ne sont pas des tas de cailloux. Ils sont sur la voie qui me mène au rêve éveillé,à la sérénité. Après ce cheminement  intérieur, je peux les  offrir  à  l'immensité, les  oublier pour faire place  à d'autres comme mes  propres  morts m'ont fait  une place  ici.
Je  m'absente de  plus en pus, d'ici. Je dois m'alléger de toutes  possessions. Le passage est une réalité vécu sur cette terre,chaque  jour. Je n'attend rien d'autre après, de ce ciel  immense et vide.
J'ai repris la route 73 et je suis revenu en ce  lieu unique que je croyais être  une place  inconnue. Mes souvenirs s'effacent,se  modèlent, se déforment au point de ne laisser qu'un  univers nouveau prêt  à me recevoir.


Vertigo
Après  une période de tempêtes furieuses qui en a  laissé  plus d'un sur le carreau, la mer s'est posée et respire calmement. Les grands pins  maritimes abattus dans la tourmente ont été débités et emportés sur de gros camions.
J'ai senti  à nouveau l'appel de la mer et me voici près d'elle, avec l'idée d'entreprendre une série de cairns.
Parfois, je voudrais que ce soit  les derniers, que tout soit dit, que je ne revienne  plus  ici, tellement  j'ai  mal. Mais,  je rentre, je me soigne, je patiente jusqu'à l'oubli total des pierres. Je scrute le ciel, la course des nuages qui  montent du golfe et  rêve reprend vite. Je dois rejoindre la mer, les côtes sauvages, les falaises, les roches, les  pierriers et je reprends la route.
Je parcours la falaise à la recherche d'une base  pour élever le premier cairn. Je tombe en arrêt devant cette corniche qui me domine d'au moins trois  mètres. Immédiatement, je calcule la trajectoire la  moins dangereuse pour  y accéder. A dix ans, j'aurais grimpé la-haut sans  y  penser,  à 73 passés, ce n'est pas la même chose. Ma première escalade se passe bien. Vue d'en  haut la baie de Quiberon est magnifique. A mes  pieds,  il  n'est pas question de tomber dessus, de la roche bien dure et la certitude d'y laisser ma  peau en cas de chute.
Je redescends et me  mets  à la recherche des  pierres qui constitueront le cairn. Les quatre  premières, sans être très  lourdes, demandent malgré  tout  à être portée,  une à une, avec les deux  mains. Et là, c'est une autre histoire pour l'ascension qui devient plus problématique. Chaque  pas doit être assuré par de bonnes assises et  l'équilibre trouvé, par le corps. Surtout ne pas partir en arrière, en cas de déséquilibre mais larguer la  pierre, se plaquer  à la falaise et trouver une accroche  pour les  mains. Toutes mes forces y passent. A la deuxième  pierre, arrivé au sommet, la tête  me tourne. Sans doute  un coup de fatigue. J'oublie toujours que je suis cardiaque. Je fais  une  pause,  bois  un peu d'eau et reprend l’ascension de toutes mes pierres. L'assemblage des pierres donne  naissance  à un très beau cairn dominant le vide et contemplant l'Atlantique. Je reste  très  longtemps près de lui dont la présence est rassurante. Après cet effort  intense vécu dans l'absolue solitude, j'ai besoin de retrouver  mon calme et cela se fera,  une fois de  plus, dans la cotemplation de la mer.

Roger Dautais




La nuit déshabillait
la  jungle de la ville
pour  y danser avec le désespoir

Un alphabet  de  lumière
dispersa  les  insectes de la folie
alluma la chorégraphie des  miroirs

alors les clés ouvrirent le jour
qui dans la transparence
tenait  un enfant dans ses bras.

Éliane Biedermann

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.