Breizh : à Jefferson.B.Cezimbra |
Les guetteurs du Men du : à Marie-Claude |
Les neuf sœurs d'Aminata : à Loredana Donovan |
Petit cairn en chemin : Pour Isabella Kramer |
Identité : Pour Laure |
Sur la route accidentée: à Bob Bushell |
Remember : Pour Leeloo |
Le grain : Pour Epamin' |
Après l'orage: Pour Arlette |
L'été en solitude : Pour Inês |
On the road : to Erika |
Les routes improbables : Pour Danielle |
Franchissement : To Teca |
et merci d'exister...
Nous venons de parler longuement au téléphone de peinture, d'expos possibles, de photo, bien sûr et voici que Michel me quitte sur ces paroles: " et merci d'exister".
Cette phrase me laisse sans voix. Je raccroche. C'est tellement rare, tellement à l'opposé de ceux qui, sur ma route attaquent mon travail, foulent au pied mes étoiles de David, me demandent d'en débarrasser mon blog ou mes expos, de les dépolluer, de faire disparaître mes gisants de feu, ou dernièrement , de ne plus écrire et ne plus mettre de légende sous mes photos. J'aurai même vécu une des peurs de ma vie, le jour où, sculptant des falaises en Normandie, un couple de furieux m'attaqua avec ses deux molosses, sous prétexte de me faire cesser ce travail et de chasser l’intrus que j'étais à leurs yeux, de cette plage. Ce que je fis. Comment oublier les insultes antisémites reçues le jour où, sur la grande plage d'Omaha Beach, en compagnies de la communauté Juive de Basse Normandie, alors que j'évoquais les victimes de la Shoah,avec mon groupe de Land Art.
Cette phrase me laisse sans voix. Je raccroche. C'est tellement rare, tellement à l'opposé de ceux qui, sur ma route attaquent mon travail, foulent au pied mes étoiles de David, me demandent d'en débarrasser mon blog ou mes expos, de les dépolluer, de faire disparaître mes gisants de feu, ou dernièrement , de ne plus écrire et ne plus mettre de légende sous mes photos. J'aurai même vécu une des peurs de ma vie, le jour où, sculptant des falaises en Normandie, un couple de furieux m'attaqua avec ses deux molosses, sous prétexte de me faire cesser ce travail et de chasser l’intrus que j'étais à leurs yeux, de cette plage. Ce que je fis. Comment oublier les insultes antisémites reçues le jour où, sur la grande plage d'Omaha Beach, en compagnies de la communauté Juive de Basse Normandie, alors que j'évoquais les victimes de la Shoah,avec mon groupe de Land Art.
Pendant ces nombreuses années de pratique du land art, j'avais croisé, bien évidemment beaucoup de monde et parfois été témoin de ces relents de haine qui allèrent jusqu'à m’arrêter dans ma pratique, le temps de " digérer l'insulte".
Heureusement, je ne compte plus les belles rencontres, la chaleur humaine, les échanges sincères, que ce soit en France où à l'étranger qui me permettent encore aujourd'hui de poursuivre mon chemin même si cela est difficile.
Mais entendre : "Merci d'exister". Personne ne m'avait encore dit ça !
Lorsque la vie cogne trop dur et bouleverse l'existence, lorsque l'on croise la mort, ce sentiment d'exister est si mince que parfois, il disparaît.
Lorsque la vie cogne trop dur et bouleverse l'existence, lorsque l'on croise la mort, ce sentiment d'exister est si mince que parfois, il disparaît.
Je m'accroche à cette petite phrase alors que je descend vers la ria d'Auray, me disant, je trouverai bien quelques fleurs en chemin comme base d'installation. Mais le temps ne s'y prête pas. Une belle brise venant de la mer s'est installée ici ce matin et elle aurait rapidement tout balayé dans un souffle.
Une pluie fine, fraîche, Bretonne à souhait, s'empare du paysage. Elle en change la lumière. Je tends mon visage pour mieux la sentir et je file vers le sud, en suivant le chemin des ostréiculteurs. La rivière st grise, frisée par les risées successives et le paysage s'inspire de cette ambiance, sous un ciel plombé.
Je suis bien
Quelques voiliers remontent la rivière au moteur en direction de Saint Goustan. Les voix des marins portent loin sur l'eau et je les entend discuter entre eux.
Je soulève mes premières pierres vers 10 heures, après une bonne marche d'échauffement. Je termine vers 12 heures.
Elever des cairns demande du temps et de l'attention.Il faut aimer les pierres ou les laisser vivre leur vie. Mais lorsque le courant passe, chaque prise, chaque déplacement, chaque mise en place, chaque élévation est une aventure où l'équilibre se partage. Que j'aime ces instants où le bonheur est fait de peu et le monde se résume à l'action d'une vie sur un paysage. C'est sans doute une illusion mais j'aime avoir gardé des illusions à la porte de la vieillesse.
J'ai continué mon chemin, observant la partie de pêche d'une aigrette dont je partage le territoire. Échanges de regards, elle termine son ouvrage, sans peur puis s'envole.
Plius loin, je raconte une autre histoire avec d'autre pierres, d'autres souvenirs. Les neuf filles d'Aminata, la Nigérienne. Aminata, femme touareg dont j'avais connu le fils en mission dans une préfecture de Normandie.
Je l'imagine arrivée là, sur cette roche de la Ria d'Auray pour chanter l'histoire de sa famille nombreuse et danser l' Africaine.
Deux Joggeuses passent et s'arrêtent près de moi
- C'est vous qui avez fait ça ?
- Oui
- C'est beau.
- Merci
Merci d'exister, en quelque sorte. Il faut que je continue cette aventure. Cet après-midi, ce sera La Trinité -sur mer, ou Carnac, ou bien ailleurs !
Roger Dautais
Ma vie,
Je peux vous dire en deux mots:
Une cour.
Et un morceau de ciel
où passent parfois
un nuage
et un oiseau qui fuient leurs ailes.
Je peux vous dire en deux mots:
Une cour.
Et un morceau de ciel
où passent parfois
un nuage
et un oiseau qui fuient leurs ailes.
Autobiographie
Mon péché est terrible :
j’ai voulu remplir d’étoiles
le cœur de l’homme.
Et pour cela, derrière les barreaux,
en vingt-deux hivers
j’ai perdu mes printemps.
Prisonnier depuis l’enfance
et condamné à la mort,
la lumière de mes yeux
dessèche sur les pierres.
Mais pas l’ombre d’un archange
vengeur dans mes veines :
L’Espagne n’est que le cri
de ma douleur qui rêve.
Marcos Ana
J'ai vécu la vie que j'aurais aimé vivre, celle dure mais noble d'un
révolutionnaire. Et malgré les naufrages et les déceptions que la lutte
et la vie nous réservent parfois, si je devais renaître mille fois, je
recommencerais à penser et à être ce que je suis. »
Marcos Ana