| La vague : pour Olivier Mélisse | 
| Bienvenue sur l'autre rive : Pour Jacques Manceau | 
| Occurrences Celtes : Pour Laodina Le Gal | 
| Passion rouge : pour Marie-Claude | 
| Boîte à mémoires des perdus : pour Joëlle Mandard | 
| Sangs mêlés de Kernours : Pour Danièle Duteil | 
| Terre d'exil : aux enfants du monde | 
| Les trois sœurs : pour les sœurs Gwernig | 
| Le secret des pierres : pour Youenn Gwernig | 
| Scarface : pour Erin | 
| Pierre d'offrande : à Paul Quéré. | 
| La question: Pour Louis Bertholom. | 
| La réponse du Loc'h: à Marie-Josée Christien | 
| Les demoiselles d'Omphalos : pour l'inconnu péri en mer. | 
| Offrande au soleil levant : Pour Rick Forrestal | 
A Jacques Manceau.
A  l'heure  même  où j'écris ces lignes, ils mettent  un  homme en terre,  loin d'ici. Le passage d'une rive  à l'autre,  il l'a payé, cash, cher. Il était  mon cousin Jacques.
Pour toi, Jacques, cette dernière spirale du Vieux-Passage, en terre Bretonne. Tu le sais, maintenant, toutes les terres ne font qu'une et chacun selon ses croyance y trouve la paix, dit-on . Qu'il en soit ainsi pour toi.
Pour toi, Jacques, cette dernière spirale du Vieux-Passage, en terre Bretonne. Tu le sais, maintenant, toutes les terres ne font qu'une et chacun selon ses croyance y trouve la paix, dit-on . Qu'il en soit ainsi pour toi.
On ne peut quand  même pas imaginer la vie sans la mort. A chaque disparition, je monte en  première  ligne. Je ne l'oublie jamais. Ce qui a changé depuis que nous sommes en Bretagne ? Nous y avons vécu 17  mois. Dix sept de  moins à vivre sur  mon  propre compte.
  Ty Bihan
Le  monde  est beau, sans doute. Il est cruel, aussi. Combien d'exilés envoyés par le fond ces  jours-ci en Méditerranée et  à qui  profite le crime ?
  Je suis sur les roches de Ty Bihan, en ce  lieu difficile d'accès, aux  pierres  lisses, glissantes,  lourdes. Je m'y rends parce que  l'endroit est beau, calme. J'ai des choses  à dire à proclamer devant  l'océan. Pierre après  pierres, je compose le  poème du jour, puis  un autre, et un autre, jusqu'à épuisement. Ils valent bien cela ces enfants du  monde, sacrifiés sur le chemin de  l'exil. Qu'on arrête de  me parler de mes petits  bonhommes rigolo. Je préfère que vous passiez sans rien dire. Cela me convient  mieux.
Île de Berder
Ce qu'ils appellent vagabondage et qu'ils  punissent, n'est qu'un reste de  liberté première d'aller et venir dans la nature, avant qu'elle ne tombe aux mains des  propriétaires. A  moins qu'ils ne soient contraints et enfermés dans des cages,les oiseaux ne se soumettent qu'aux  lois de la nature, ignorant, limites de  propriétés et frontières. J'aimerais revenir sur terre sous la forme d'un  oiseau.
Les demoiselles de Berder ont pris leur envol  pour  l'Omphalos, entre les carcasses du cimetière marin de l’Île de Berder. J'ai expliqué au  photographe  présent qu'il s'agissait  pour  moi, de rendre hommage au marin  pêcheur, tombé la veille d'un caseyeur et disparu en mer, au large de Belle Île. Il a compris  mon geste, ajoutant, n'en parlez pas  à mon groupe d'amis,  ils ne comprennent pas ces choses  là.
Côte sud de la Bretagne.
Elle m'attend  à la maison, souffrante. Je pense aux longs  mois passés dans cet état. Je l'aime. Je rapproche deux  pierres sur  l'estran, je les lie d'un coton rouge et termine le tableau en posant  une tête sur chaque corps. L'Atlantique  monte. Bientôt ils seront recouverts et ne restera plus que  l'immensité marine et son  horizon.
Au bout du paysage, existe-t-il plus beau que ton regard.
Au bout du paysage, existe-t-il plus beau que ton regard.
 Elle accompagne chacun de  mes pas. Je grimpe sur la falaise. Je reprends le chemin de ronde. Je vais la rejoindre.
S'alléger si  l'on veut vivre. Le trop, parfois, c'est le contraire de la vie.
Mémoires
Pour ne pas perdre  pied, ce Dimanche, j'ai décidé de faire le tour de  mon village, dans le sens  inverse des aiguilles d'une  montre. Brec'h. Ville étape. Pont Romain, sur une pierre de remarque, déjà rencontrée, je réalise autour de pièces métalliques trouvées près d'une machine agricole abandonnée, trois  installations. Je questionne le  lieu et totémise la  pierre de remarque. La réponse ne tarde  pas. Le magnétisme des cours d'eau et de cette voie Romaine,  m'inspire. Trois noms, Bertholom, Christien, Quéré me sont servis par ma mémoire.Ils sont présents, ici.
Je reprends la route. Seconde étape: même ville, Champ des Martyrs. Après une  longue cueillette, je réalise  un boîte  à  mémoires. Chaque  végétal, chaque  matériau a sa  mémoire, éphémère. Le tout assemblé doit raconter, chanter une histoire. Ensuite, je peux partir.
Terrasse de Saint Goustant
Un  petit groupe d'étudiants parle de Hannah Arendt et moi, je lis "La terre  à personne" d'André Daviaud. Pas de rapport direct entre les deux auteurs, sinon, la littérature. Ici, ma solitude se contente d'une tasse de café noir, sans sucre et de quelques pages de  lecture à la terrasse de l'Armorique.
L'été est fini.
Roger Dautais
Pluneret, le17 Septembre 2017
.../
Tout se justifie
en cette vieille contrée
qui se donne à l'océan
comme une nymphomane
affamée de sel et d'iode.
" Mes chaussures crissent
un papier froissé
sur les gravillons blancs
qui mènent à ta dernière demeure. "
Kermabec terraqué.
effrayé, presque, habité pourtant,
village-passage vers les nuages
et les gerbes de l'océan
qui s'impatiente.../
Louis Bertholom
Bréviaire de sel
Editions Sauvages 2013
Paul Quéré *
* http://www.cyclopaedia.fr/wiki/Paul-Quere
L'été est fini.
Roger Dautais
Pluneret, le17 Septembre 2017
.../
Tout se justifie
en cette vieille contrée
qui se donne à l'océan
comme une nymphomane
affamée de sel et d'iode.
" Mes chaussures crissent
un papier froissé
sur les gravillons blancs
qui mènent à ta dernière demeure. "
Kermabec terraqué.
effrayé, presque, habité pourtant,
village-passage vers les nuages
et les gerbes de l'océan
qui s'impatiente.../
Louis Bertholom
Bréviaire de sel
Editions Sauvages 2013
Bretagne.
Ici on ne pense pas, on chante, on danse la pensée. On ne pèse pas les mots,
les arguments, on les laisse s’accorder à une mélodie, une musique interne suscitée
par le lieu, l’élément, pluie et vent. Le corps la joue, comme les branches de
l’arbre, la voile du bateau, le conduit de la cheminée, le rocher battu de la
vague. L’âme caisse de résonance ? 
Nous
nous en remettons à ce chant intérieur, d’ailleurs moins personnel que création
commune. Secret de notre silence sauvage. 
Il
neige. Poésie en hibernation dans le sein chaleureux de la terre qui l’écoute,
la sent, lui parle : comme la mère à l’enfant qu’elle porte.
Le
silence est une œuvre au noir. 
Autre
temps, autres lieux, le Bouddha, Lao Tseu et le Bodhidharma, invitaient, eux
aussi, à danser la pensée…
Secrète
nature, muette nature, le chant intérieur n’est pas personnel. Il est bien
commun, viole de Bretagne, violon bigouden !
Etre en harmonie avec l’espace vécu comme une célébration : nous nous sentons,
ici, plus près d’un Orient même extrême, que d’un Occident bavard, raisonneur,
ratiocineur, dont nous ne pouvons saisir les paroles tant leur flot nous
submerge, nous étouffe, nous noie…
Paul Quéré *
* http://www.cyclopaedia.fr/wiki/Paul-Quere
 
