L'autre chemin |
La porte de Méaban : pour Salomé Guadalupe Ingelmo |
Guetteur de marée : pour Danièle Duteil |
Liaison rouge : à Marie-Claude |
L'étoile de Rostopchine : à Thibault Germain |
Cairn des Pierres Plates |
Amour amer : Pour Laure |
Vers l'Est : pour Erika |
Quelques secondes d'éternité... Pour Richard Moisan |
La mémoire amnésique : à Olivia Quintin |
Le silence ses pierres: pour Bizak L'appel : Pour Teca |
Je voudrais hanter l'avenir, oublier le présent et du passé, simplement être l'ami. Autrement dit, je cherche l'imposible accord.Me voilà enfin débarassé de l'essentiel.Marcher nu, aller au monde sans pour autant attraper le froid des autres, parvenus.
Quelle belle destinée...
R.D.Avril 2011
Nouvelles de l'Autre Monde...
Le soleil levant réchauffe doucement le golfe du Morbihan. Un kilomètre à l'Ouest de la pointe de Kerpenhir, je contemple l'Océan. Derrière moi, l'entrée du dolmen des Pierres Plates. Sépulture mégalithique composée de trente huit menhirs de soutien et de douze dalles de recouvrement. Un menhir solitaire en garde l'entrée. Je vais passer quelques temps ici. Une grive puis un jeune merle m'accompagnent dans mes travaux. Répétion d'instantsque j'aime. J'entre dans cette allée coudée longue d'une douzaine de mètres et je m'isole, peu à peu du monde extérieur, perdant mes repères. Je me laisse inspirer par cette atmosphère. Les pierres sont fraîches, presque humides et je les décrypte à l'aveugle, du bout des doigs, m'impreigne de leur mémoire sacrée, et pénètre jusqu'au fond de la grande chambre. Je m'arrête un instant, suspendu dans un silence absolu. Totalement absorbé par ce monde invisible, je me sens plutôt bien. Et si la vie s'arrêtait là ?
Deux ouvertures au niveau de la voûte éclairent un peu ma progresion et une pierre levée sur laquelle je peux voir la gravure d'un personnage sans tête, sans doute une idole qui garderait les lieux. Je suis avec mes doigts le tracer du dessin, rejoignant par ce geste la mémoire de l'homme qui aura gravé ce signe, 5000 ans après lui. Belle émotion.
Je décide d'élever un cairn, dans un premier temps, à l'extérieur de ce dolmen puis de le transporter à l'intérieur. Je trouve quatre pierres assez grosses, dans l'allée et je les porte, dehors, courbé en deux, car la voûte est très basse. J'en ai le souffle coupé. Je trouve les autres pierres nécéssaires pour monter le cairn, autour du site. Je cueille ensuite, les herbes d'alentour et de petites branches d'arbuste, au au Sud, à l'Est, à l'Ouest et à l'Est de l'édifice, en tournant dans ce sens exactement. J'en fait un petit bouquet représentatif de l'environnement qui sera l'hommage végétal à ce grand dolmen des Pierres Plates, ainsi qu'aux mémoires enfouies dans ce site. Je le coupe à sa base pour qu'il puisse ausi, se poser debout. Le premier cairn est monté au-dessus de l'entrée avec le boquet, puis démonté et les pieres sont portées, une par une, à l'intérieur du monument. Je progresse difficilement, courbé au maximum et portant chaque grosse pierre sur la poitrine pour avoir une meilleure prise. Ceci me prendra un peu plus d'une heure.
Je ressens, malgré l'effort, un bien être profond à cotoyer ces pierres charges de l'histoire de l'humanité, dont je suis, modestement, la continuité. Magnétisme capté sur cette terre sacrée ou bien encore plus ? Je ne sais pas. Je vais faire le tour de ce lieu par la plage et trouver d'autres pierres que j'élèverai avec la même ferveur, le même élan. Mes équilibres sont faciles à trouver, surprenant même. Des petits bonheurs sucessifs. Je fais le tour de cette petite presqu'île et reviens face à l'océan. Dans une anse de la falaise, je découvre une " réserve" de pierres blanches. Cela me donne l'idée de reprendre ces "greffes de pierres" ces pierres en amour qui représentent des histoires à inventer pour celles et ceux qui les trouveront ou les regarderont. Une fois les couples chosis, je les lie ensemble dans ce paysage grandiose. L'imaginaire fera le reste
Puis je prends la direction du bourg de Locmariaquer. Je vais à la découverte du Mané en Hroech. Pour une première visite et par manque de temps, je ne fais que descendre dans ce tumulus très impresionnant par sa taille(100 x60 m.) et deviens très rapidement aveugle dans ce lieu, avec une impression de descendre au centre de la terre! Je ne laisserai rien de mon pasage, ici, me contenant de réaliser une cueillette rituelle en surface, tandis que les oiseaux donnent un véritable concert dans les arbres alentour.
Roger Dautais
(Locmariaquer)
Les flots couleur de ciel et de regard
se bercent de vague en vague
dans l'abri
commence invisible
l'autre chemin.
Marie-Josée Christien *
Un poème extrait de mon recueil "Un monde de pierres"
Elle avait étouffé
Sa vie
Sous trop de neige
La musique des mondes
Lui parvenait
comme d'une lointaine issue
Comme si l'hiver
Avait eu raison
De tous les soleils
Comme si le violon
Se brisait
Au fond du grenier
Corde à pendu
Qui gémit
Sous l'effroi
Face à l'immensité
Du gouffre.
Hélène Cadou