Trèfle, carreau, cœur, pique...
Un petit vent du nord bien établi, m'oblige à remonter tout en haut de l'estran pour trouver refuge près des falaises. Je commence à monter des équilibres de pierres et le vent les fait frémir, parfois, tomber. C'est un vrai jeu entre lui et moi, un jeu de patience, aussi pour ramasser les pierres après les avoir choisies, une à une. Et les voici qui montent, une à une et terminent comme un carré d'as, trèfle, carreau, cœur, pique. Rien ne va plus, faites vos jeux, c'est le vent qui distribue. Nous sommes au printemps, il faut le savoir car il fait tellement froid que je suis habillé comme en hiver. Un vrai temps à remuer des pierres ou mon enfance n'est jamais loin et les souvenirs très présents des années passées au bord de la mer, entre le plaisir et la mélancolie.
Roger Dautais
Sardaigne
C'est le silence éternel
d'une terre défaite.
Ici on enchaîne au passé
et à ses propres limites.
Ici rien n'arrive.
Personne ne te regarde dans les yeux
et l'air ne change pas de couleurs...
Un ciel humide empesté de moustiques.
Ce sont des hommes
vieux dans l'âme
qui se laissent mourir
sans murmurer
sans un soupir.
Susanne Lucheri(Italie)