Cairn Atlantique : pour Maria Dolorès Cano |
à l'ange de la ria...
" La route me tend les bras. Il me serait bien impossible de dire vers où j'irai demain, tant ma vie de land artiste s'inscrit dans l'aléatoire, l'éphémère, l'inconnu. C'est comme ça depuis 1997, année où je me sentis " happé " par le land art. J'avais lu à peu près tout ce que j'avais trouvé sur le sujet lorsque je tombais sur l’œuvre de Ana Mendieta, prêtresse du land art, Américano-Cubaine, tragiquement disparue trop jeune. C'était fort, troublant, dramatique mais remplis d'amour.J'ai senti à cette époque, une fin de cycle de mon travail en atelier, et une forte envie de passer à l'expression , in situ . Mon premier travail fut la réalisation d'un gisant, dont Ana Mendieta était capable de créer, avec des connexions irrationnelles qui me parlaient beaucoup.
Je pourrais encore vous amener à l'endroit exact de cette création, dans les dunes de Merville-Franceville, entre les oyats, là où la mer se retire, aspirée par le fleuve voisin aux courbes serpentines et revient, pénétrante comme une langue , inonder de ses eaux salées, un territoire que nous aurions cru acquit, pour toujours.
Cette magie là, qui s’exécutait sans témoin, donnait toute la valeur aux créations éphémères de sable dont elle se repaissait. Elle allait me transformer si profondément, que je scellait un pacte avec la mer de nacre.
Les pierres m'avaient parlé, quelques années avant, mais, devant une caméra. Je les avait assemblées, liées entre elles, aux plumes d'oiseaux, aux arbres, au feu. J'avais écrit dessus ,les offrant à la mer, mais c'était plus anecdotique. A partir de 97, apparurent mes premiers cairns. Toujours offerts à la mer, à la nature, aux personnes que j'aimais, que j'estimais.
Les plus grands cairns dépassèrent 12 tonnes. Il fallait une échelle et plusieurs jours de travail pour les réaliser.
Vieillissant, mes forces déclinant, ils devinrent plus petits.
Mais il s'agit encore bien, aujourd'hui en travaillant, de retrouver cette vibration primale, qui me relie à l'humanité, son histoire la plus ancienne, d'où je viens. Pierre ou sable, eau, végétaux, tous passent entre mes mains, tous me transforment, et je restitue ce que je ressens par mes cinq sens. Le chaman Inuit, Peter Irnick, me dit, lors de notre rencontre : tu es un passeur. C'est un peu comme ça que je me ressens, aujourd'hui, un passeur d'émotions, en toute humilité.
Roger Dautais
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS
http://rogerdautais.blospot.com
Photo : création land art de Roger Dautais
" Cairn Atlantique " pour Maria Dolorès Cano
Bretagne sud - 2014
Qui bâtit sa petite part de réalité
ses petits - infimes - preuves d’existence.
Des paroles injurieuse et des paroles courtoises
des murmures et des sifflements
l'aigle et le serpent
l'arc poétique
pendu
au clou.
Jean-Jacques Dorio
et puis ce merveilleux blog de " Mémoire du silence "
où Maria Dolorès Cano illustre ces poèmes avec talent
http://memoiredusilenceblogspotcom.blogspot.com/