Le printemps n'est pas une saison comme une autre.
Chaque sortie me pose le même problème. Par où vais-je me diriger aujourd'hui et c'est bien la météo qui me guide. Il y a quinze jours, malgré un vent bien établi, j'ai tenté de rejoindre les plages et il faut dire que mon travail en fût contrarié. J'ai beau aimer cet environnement, j'avoue que manger du sable n'est pas mon repas favoris. Ainsi, la semaine dernière, je me suis retrouvé, à la campagne, le long d'un fleuve, près d'une fontaine en pleine ville, dans les zones de chasse des gabions, et en forêt. J'ai rencontré quelques personnes et parlé avec eux de ma pratique du land-art mais la plupart du temps, je me suis retrouvé seul et souvent sans aucun bruit de voiture ou autre, simplement accompagné du chant des oiseaux et des premières grenouilles dont le cri, repris en nombre me parût vraiment stressant.
Le premières fleurs sauvages apparaissent suffisamment en nombre pour pouvoir envisager, à cette époque du Printemps, une cueillette qui servira dans une installation, sans que cela n'abime ces ensembles. Si la floraison est trop maigre, je m'abstiens et trouve autre chose.
Arrivé sur un lieu, je peux imaginer atteindre tel ou tel but, mais je me laisse porter par l'inspiration du moment et pratiquement , à chaque fois, je me lance dans une installation née de cette disponibilité d'esprit. J'arrête ma progression, observe, écoute et décide d'entreprendre une installation" in situ" Je ressens alors, pendant la pratique, une libération profonde, un lien essentiel à ma vie, partagé avec une nature généreuse qui me permet tant. Je pense ainsi, mieux la comprendre et saisir au mieux la notion d'éphémère qui se rattache au land-art et que certains ne comprennent pas ou bien, arrivent à nier. J'essaie de saisir cette différence de point de vue. Je l'explique par le fait que ces personnes pratiquent le land art le Dimanche, quand ils peuvent, alors que pour moi, c'est une démarche quotidienne. Mais ils pensent ce qu'ils veulent et moi aussi.
Le land art étant déclinable à l'infini, il me permet de passer des travaux de force, ici je pense aux cairns, aux petites installations qui ont occupé mon temps, il y a deux semaines passées. Pour moi, c'est très lié à mon état de santé qui est fluctuant depuis mon accident de voiture, même si cela va mieux. C'est un vrai plaisir de varier les sujets et parfois, comme je l'ai fait, il y a plusieurs années, après avoir trouvé un jeu de Scrabble le long d'une route, ouvrir une parenthèse et réaliser des créations plus libres et amusantes pour moi, même si cela a été de courte durée. Malgré tout, ces installations gardaient un vrai lien avec ma vie d'art-thérapeute, par exemple travaillant auprès des personnes âgées atteintes par la maladie d'Alzheimer.
Je suis sensible aux mots et considère le land-art comme une autre sorte d'écriture dans la nature, avec ses codes et il m'arrive encore de faire apparaître de vrais mots qui me suivent tels que : Liberté. Frontière. Lire. Écrire. Peace and Love. où de plus longues phrases empruntées au poète Youenn.Gwernig. C'est aussi un échange entre ma mémoire et celle plus ancienne de la Nature. Rien de plus mais cela me paraît si essentiel.
Cette semaine, je reprendrai la direction des plages.
Je vous remercie de votre fidélité au CHEMIN DES GRANDS JARDINS, qui continue de remporter un très beau succès auprès de vous.
Roger Dautais
Seules les cinq premières photos sont choisies dans les installations réalisées la semaine dernière
Si
se souvenir du futur
est nécessaire
ne pas négliger pour autant de
prévoir le passé
toute la question étant de venir
à bout du présent
afin que
puisse être viable
chaque seconde de la durée
de chaque jour.
Gérard Prémel