Pour elle, noire et feu, si fidèle...
Les terres à blé sont rases, à peine recouvertes d'un duvet de jeunes pousses qui frémissent au vent frais d'Avril. J'aime aller dans ces campagnes, à la recherche de chemins encore inconnus. J'aime à imaginer Morgane me précédent, reniflant je ne sais quel gibier qu'elle ne chasserait jamais. Elle est partie en Avril, juste avant de connaître une saison de coquelicots, juste avant de disparaître dans les blés dans lesquels je suivais sa trace par les " remous de surface". Je me souvient avoir réalisé pour elle, en souvenir de ces passages furtifs, une trace de coquelicots qui serpentait sur une friche, et se terminait par un semis naturel de coquelicots jusqu'à l'horizon. Plusieurs années après, je pourrai vous emmener à l'endroit exact de cette installation, ô combien éphémère dont le vent se chargea très vite de la disperser. Lorsque les coquelicots reviendront en juin, il me sera difficile d'oublier cet instant et cette photo qui fût publiée de nombreuses fois dans différentes revues mais que j'ai plaisir à présenter de temps en temps.
Roger Dautais
C'est à partir du manque
que tout s'articule
l'âme lâche son carrousel de rêves
la mort gouverne en sous-main
catgut langue orthopédique
l'imagination devient secondaire
juste sur une solive un bajoyer
simple poids sous les étoiles basses
underwood muette sous sa housse
le néant garde ses apôtres
une péniche blanche
glisse invisible
dans le dos de l'éclusier
avec la nonchalance hébétée
d'une colonie de lemmings
c'est drôle cette façon qu'a la vie
de ne pas finir ses phrases.
Patrice Delbourg
L'ampleur du désastre ( 1995)
Roger Dautais
C'est à partir du manque
que tout s'articule
l'âme lâche son carrousel de rêves
la mort gouverne en sous-main
catgut langue orthopédique
l'imagination devient secondaire
juste sur une solive un bajoyer
simple poids sous les étoiles basses
underwood muette sous sa housse
le néant garde ses apôtres
une péniche blanche
glisse invisible
dans le dos de l'éclusier
avec la nonchalance hébétée
d'une colonie de lemmings
c'est drôle cette façon qu'a la vie
de ne pas finir ses phrases.
Patrice Delbourg
L'ampleur du désastre ( 1995)