La clé des runes : pour Marie-Claude |
La clé des runes ( détail ) Baden |
Les sacrifiés ( de la série Exil ) : pour Guy Allix |
La pierre à feu : pour Marie-Josée Christien |
Signal : pour Mylène Gauthier |
Transparence de Toulbroc : pour Marty |
Le chant d sacré de Penmern : pour Amandine Durez |
L'éternel retour des akènes à Kervazo : pour Cécile Guillard |
Epidemic story : pour Erin |
Stone ans spirit : pour Tilia |
Les trois mondes : pour Sylvie Méheut |
La vie, la mort en forêt : pour Camino roque |
Le voyage immobile : Pour Danièle Duteil |
Le grand silence : pour Rick Forrestal |
La porte de Baden : pour Elena Nuez |
Aux faiseurs de pluie,
aux souffleurs de vent
aux sourciers,
aux conteurs de Bretagne...
- Vous faites quoi dans la vie ?
- La nuit je voyage et le jour, je me déplace;
- et à part ça ?
- Vous voyez, je fais des spirales.
Rencontre un peu tendue ce matin au pied de ma dernière spirale avec cet homme qui me quitte là, brutalement ( après avoir pris quelques photos), sans un mot de plus, déçu des mes réponses.
Comme dirait Brassens," les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux".
Je n'avais pas l'envie de lui dire que je pratiquais le land art depuis longtemps ni même que celle-ci reprenait un tracer ancien. En 2005, j'avais crée une figure à peu près semblable, mais plus grande pour attirer l’attention du public sur le plages Normandes où je militais pour la libération de Florence Aubenas, et de son chauffeur Irakien, Hussein, enlevés en Irak en janvier de cette année là.
Il faut dire que, pratiquer le land art, c'est s'entendre dire presque en permanence, que cela ne sert pas à grand chose. Dans un sens, c'est vrai, si ce n'est que beaucoup d'autres personnes s'intéressent à ce qu'ils voient, trouvent la démarche intéressante et partagent un instant de leur vie avec moi et ça fait une moyenne.
Cette nuit, j'ai voyagé et les lieux-dits Toubroc, toulvern, toulindac se trouvent sur ma route étoilée. Je cherche l'instant où, au travers des pins maritimes, je vais découvrir la mer. J’arrive au tombolo des sept îles, je tourne à droite sur cette petite plage en arc de cercle d'où la mer s'est retirée. Je choisis ce lieu, je trace ma spirale. Je l'entoure d'un cercle ouvert vers le sud par un long couloir. Dans ce nouvel espace je trace quelques symboles runiques : protection, perpétuel retour, mystère, esprit, vérité, feu, harmonie...etc. Ils se chargent d'énergie autour de la spirale et sont libérés sur la plage, par ce couloir, pour être "digérés, ensuite par la mer. Un simple jeu ? Plus qu'un jeu, un lien avec un certain passé. Le rapport entre la mer et la terre passera par là, aujourd'hui.
J'ai parfois le sentiment d'habiter en lisière d'une lumière vitale dont la flamme vacille et qu'il faudrait peu pour qu'elle s'éteigne. Rien ne peut donc jamais suffire à calmer un questionnement intérieur. En ce qui me concerne, j'ai trouvé une solution , je suis un rêveur éveillé, à tort ou à raison, cela devient un art de vie.
Au cœur du vivant, j'invente autour de ce qui n’est plus, de la trace, de ce qui échappe. Ah ! le chant des morts lorsqu'il se joint à celui d'un soleil pâlot abandonnant la partie! Il reste encore là une possibilité de création ultime.
Ce jour la, sur une plage de Locmariaquer, la pluie a chassé les promeneurs et je suis seul sur un champ de pierres. Comme la mer recouvre en partie les plus intéressantes, je décide de transporter une dizaines d'autres pierres très blanches, du sable vers l'estran. La pluie a cessé mais le vent s'est levé. La manœuvre me prend une bonne heure et beaucoup d'énergie. L'océan est gris. La lumière passe difficilement au très vers des nuages et on se croirait à la lisière des deux mondes. l'île de Méaban est dans les brumes
Je compose mon tableau. Des silhouettes allongées, des têtes rentrées dans les épaules. Il y a des hommes, des femmes, quelques enfants. Au départ, ils sont éparpillés, puis je les déplace, les monte sur un rocher. Chaque équilibre est à calculer, parfois, contrarié par le temps. Ils sont maintenant, tous ensemble, regroupés. Regroupés face à leur destin d'immigrés,de sans terres, de sans papiers. Je rassemble toute leur dignité d’humains dans ce dernier tableau qu'une légère brume vient entourer. Je suis au comble de l'émotion. Pourquoi un tel destin?
D'autres sorties sont plus légères, ensoleillées. Les noms de lieu chantent dans ma tête, Talouët, Kervalh, Kervazo, Kergouarec. Mais toujours cette nécessite de rejoindre l'inconnu, le limès, la zone amnésique, ce besoin de dépouillement des savoirs pour retrouver un fraîcheur d'être, celle de partager l'air du pays avec les faiseurs de pluie, les souffleurs de vent, les sourciers, les conteurs, ceux qui vous racontent le parfum des fleurs quand elles ne sont plus là.
Ce n'est sans doute rien que tout ce temps perdu aux yeux de certains, pendant mes journées, en pourtant, c'est bien là que se fait l'alchimie entre une pensée et un acte, une transformation du monde. C'est aussi un témoignage de vie plus près de sa conclusion que de son début, où les frontières entre le rêve et la réalité sont devenues des espaces de liberté que je ne retrouve plus ailleurs.
encore une fois
rassembler mes souvenirs
akènes au vent
***
les silènes ploient
sous la brise matinale
soudain me reviennent
nos courses folles sur la dune
nous n'avions pas quinze ans
***
ayant quitté les miens
le vent
à mes côtés
***
ayant quitté les miens
le vent
à mes côtés
***
refermer la porte
pour que la nuit n'entre pas
paroles feutrées
***
maison à vendre
la branche de seringa
ploie sous les fleurs
un peu de leur parfum
au creux de ma mémoire
Danièle Duteil
J'ai rencontré Danièle Duteil à l'occasion d'un interview auquel j'ai répondu pour sa revue littéraire L'Etroit chemin. Nous avons sympathisé et j'ai voulu, à mon tour, faire connaître son œuvre de poète aux lecteurs du Chemin des Grands Jardins en présentant ici, quelques haïkus et tankas dont elle est l'auteur.
http://letroitchemin.wifeo.com/page-03.php
https://www.facebook.com/daniele.duteil