Le guetteur de la 116 : pour Patrick Lucas |
La grande marée : pour Claude Amstutz |
Le rides du temps : pour Gérard Bonemaison L'échappée hivernale : Pour Marie-Claude |
Trouble-fête en ria : pour Serge-Mathurin Thébault |
Spirale de Gouyanzeur : pour Béatriz Macdowell |
Prison de femmes : pour Erin |
Niveaux de connaissance : pour Gine Proz |
Mandala des quatre sapins : pour Uuna |
Trou de mémoire : pour Mémoire de silence |
Trois places pour le ciel : pour (Magia da) Inès |
Traversée : pour Orvokki |
Epidemic systèm : pour Marie-Josée Christien |
Le guetteur de marée : pour Tilia |
L'autre combat de Lampedusa : pour Danièle Duteil |
Petit temple Charlie : pour Luce Lapin et ses copains |
Spirale CHARLIE : pour ne pas oublier |
Route 72
Groë-toul
J'ai observé le jeune merle gratter dans les feuilles mortes, à la recherche de vers de terre. Il est ici chez lui et moi, son invité. Lorsqu'il a terminé, il me regarde un instant et prend son envol. Je prends la suite et m'approche de la souche d'arbre et commence un mandala.
" qu'est-ce que vous faites sous mes arbres ? Une très vieille dame, 80 ans me dit-elle, m'interpelle en brandissant un bâton de marche.Je suis installé sous ses quatre pins maritimes, poussés le long du chemin. L'échange n'est pas convivial. Elle reprend : vous n'êtes pas d'ici, vous êtes un étranger, partez.
C’est vrai j’habite à 3 kilomètres de ses arbres. Elle consent néanmoins à ce que je termine mon travail.
Le monde appartient aux propriétaires
Route 72
Elle n'est pas venue m'accompagner, une fois de plus. Les saisons défilent. Rien ne s'arrange. J'aime toujours son regard bleu, lorsqu'elle me souhaite bonne route. Je lui ai planté des primevères dans le jardin. Elle les vois, depuis notre table. Viendront, bientôt, les rhodos, le camélia de Fany. Cette solitude me pèse. On n'aime jamais assez. Je m'échappe dans le land art mais, jamais loin. C'est à elle que vont mes pensées. Ils ne comprennent pas. Ils nous voudraient, comme eux, parcourant le monde, flamboyants. La maladie emmerde les gens. Nous elle nous a rapprochés.
L'hiver
Une pluie fine et froide tombe sur le triangle de Gouyanveur. Cernés par la forêt, les hommes du pays ont déboisé suffisamment pour y vivre et cultiver la terre alentour. Ici, l'eau est dominante. Elle impose sa présence. Elle est parfois étang, ruisseau, rivière, source, et la terre en est imbibée. Toute cette eau, ruisselle, bondit caracole, coule et descend jusqu'à la ria, en Baie de Saint Jean pour rejoindre la mer..
Je suis le mouvement naturel de cette eau et pose mes installations sur la rive droite du Gouyanveur, belle rivière à truite. La pluie cesse en milieu d'après-midi, et le ciel me gratifie d'une lumière inespérée.
Prison des femmes
1960, tous les matins, je passe à vélo devant ce que l'on appelle La Prison des Femmes de Rennes, pour me rendre à l'école des Beaux-Arts, où je suis étudiant. 2002, je pousse la porte d'un Centre de détention où, pendant 6 ans, j'accompagne des détenus de longue peine dans des projets artistiques. Février 2015, je crée une installation land art et la nomme : Prison de Femmes. Je n'ai rien oublié de ce long compagnonnage.
Ty Bihan
La mer monte. Je rassemble un maximun de pierres et je les dresse, les unes contre les autres, âmes de Lampedusa, nous rappelant ce que les hommes font à ceux qui ont tout perdu. Ils continuent à les voler s'ils n'ont pas disparu en mer.
Une femme m'ayant vu les prendre en photo, m'interpelle sur le chemin douanier, loin de cette installation, me demande si je sais qui a fait ces petits pingouins. Je lui répond que non, car je suis un peu gonflé par ces remarques, ne sachant pas ce que cela cache. Ici, on est quand même souvent dénoncés comme des destructeurs de paysage.
Je suis dans le grand pierrier, malgré mon genou blessé qui me fait encore mal. Je réalise un petit temple pour LuceLapin et ses amis de la rédaction de Charlie Hebdo, en signe d'amitié. Il faudra aussi que je ressorte cette Spirale Charlie de Janvier, celle qui m'aura valu tant d'ennuis. Ça serait dommage d'oublier si vite et de plier devant tous ceux qui ne veulent voir qu'une seule tête dans les rangs et condamnent la liberté de penser.
Demain sera un autre jour et je sens déjà l’appel de la route 72
Roger Dautais
Sans la nuit
Que serait le miracle
de l'aube
l'apparition du jour
derrière les paupières
Marie-Josée-Christien
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