La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

vendredi 29 octobre 2010










Le ciel était si bas
Que je me suis demandé un instant
Ce qu'il restait aux oiseaux pour voler...





Suis-je encore dans les gestes compréhensibles, dans des actions se rattachant à la société de consommation ?Cette société qui nous demande de vivre pour travaille, puis de consommer tout ce qui peut se vendre. Le long de quelle frontière inconnue suis-je à me promener dans cette pratique du land art, certes, artistique, aux yeux de certains, mais considérés par beaucoup comme plus proche de la folie que d'un conventionnel et classique mode de vie acceptable.
Suis-je" étiquetable" et classable dans la case "artistes" ? Est-ce à moi de répondre. Est-ce à moi de répondre à toutes ces questions, au risque de perdre toute liberté, toute spontanéité, toute force de création? Non, car il me faut vivre ma vie d'errance qui s'accroche au paysage comme les rayons du soleil aux eaux vives d'une rivière. Non, encore une fois, car il me faut
" vagabonder ma vie", la brûler en de longues marches dans cette nature qyui m'attiredepuis ma petite enfance. Il me faut libérer les énergies contenues dans les pierres et les sables chauds des déserts parcourus, les branches de saule ou de cornouiller et les roseaux verdoyants. Il me faut avancer, pour comprendre la voix de la Terre, les craquelures de soif, les gelures d'hiver, les cicatrices béantes à panser. Il me faut assembler les végétaux, les relier, les tresser, les courber, trouver d'autres formes.
La solitude n'est là que pour capter d'autres solitudes, des ombres furtives, des silhouettes dont la mémoire ne peut se défaire. Sous les sorbiers ployant de fruits rouges, la palce n'est plus qu'une grande plaine où j'entends ta voix, le Dimanche matin. Il n'y a plus personne au bout du fil et le numéro est aux abonnés absents pour l'éternité. Je retournerai dans ces chemins creux remplis de feuilles, pour retrouver tes gestes de jardinier, Papa, nos gestes d'avant, lorsque tu étais bien vivant près de moi et que nous rentrions fourbus par ce travail, mais heureux d'avoir œuvré dans le silence de cette nature.
Le soir tombe et la pluie commence à mouiller la terre. Mes pieds s'alourdissent dans les sillons. Je m'enfonce et la terre m'appelle. Je relève la tête et regarde l'horizon. Derrière la crête, entre les peupliers agités par le vent d'ouest, j'aperçois la ville qui s'allume. Je pense à celle qui m'attend. J'imagine ses yeux bleus, son sourire. Je chasse ma peine. La vie est par là et je serai bientôt dans ses bras.


Roger Dautais




Le ciel étai si bas que je me suis demandé un instant ce qu'il me restait aux oiseaux pour voler et pourquoi je m'étais laissé envahir par une mélancolie insoupçonnée. Une irrésistible envie de n'être nulle part me poussa vers ces feuilles blanches, comme pour fuir, encore une fois, une solitude trop pesante. De ces instants, sont nés ces textes griffonnés à la hâte sur des feuilles mortes pour que le vent les emporte jusqu'à vous.


Je voudrai chanter
L'espérance des coquelicots
Leur sang rouge
Dans les blés
Mûrs
Nos corps enlacés, insouciants
Roulant vers eux
Comme des pierres chaudes
Dévalant les pentes...
Leur mort, enfin
Écrasés
Par les ébats
De nos vingt ans
Échevelés, insensibles au chant
Des alouettes dérangées au creux des sillons.

Roger Dautais



Les autres textes, vous les lirez une autre fois car je préfère laisser ma place et publier ici, trois poèmes de Marie-Josée Christien, dont la renommée n'est plus a à faire dans le monde de la poésie.
Je la remercie vivement de cet envoi qui je l'espère vous donnera l'envie de mieux la découvrir par la suite, par exemple sur le site de mon ami et poète Guy Allix(Anthologie subjective).





L'espace
s'organise
en une étrange abstraction

un remuement
de matière et de glaise
dans l'air blanc
du matin.


*


J'écris
comme on creuse dans le sol

une mémoire
qui s'agrège
à d'autres mémoires.


*


La surface de l'eau
éraflée par un vol d'oiseau
tressaille
de lourds secrets


Est-ce l'infini de la mort
qui remue et apaise
les lisières de l'aube ?


Marie-Josée Christien *

* Née en 1957 à Guiscriff, dans la Cornouaille morbihannaise, institutrice dans une école maternelle, ses textes poétiques, ses collages et ses chroniques sont publiés régulièrement dans une quinzaine de petites revues. A cofondé en 1991 une publication annuelle, Spered Gouez/L'esprit sauvage. Son recueil Lascaux et autres sanctuaires (Jacques André, 2007), dédié à la mémoire d'André Leroi-Gourhan notamment, interroge « la pierre caverneuse où soufflent les esprits énigmatiques de nos ancêtres millénaires » écrit dans sa préface José Millas-Martin.

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.