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La question : Pour Guy Allix |
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La disparition du second : pour Christian Cottard |
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Le cadeau rouge sang : Pour Marie-Josée Christien |
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Rupture : pour Patrick Lucas |
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Faire la belle : pour Ana Minguez Corella |
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Vider l'espace : pour Marie |
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Apparence imminente : pour Maria D. Cano |
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L'alerte : pour Mokhtar el Amraoui |
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Mouvement immobile : pour Erin |
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Le semeur de doute : pour Art Traveller |
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Lieu d'utopie septique : pour Sasa Saastamoinen. |
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Ambitieuse chute annoncée : pour Danièle Duteil
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Lieu d'utopie : pour Maïté /Alienor
Transformation d'idées : pour Alain Jégou |
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La déchirure : pour France |
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L'effaceur d'instant : pour Emma |
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Cairn à marée montante, en ria : pour Rick Forrestal |
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Les fantômes de Lampedusa : pour Pastelle |
à Marie-Claude ...
Route 73
L'atmosphère plombée
de ces derniers jours donne une couleur uniforme à toute la côté
qui baigne dans le gris, du matin au soir. Il faut beaucoup de jours
de gris où tu as le sentiment d'user ta vie dessus, pour sentir
naître l'envie d'une belle lumière capable de tout réparer. Et
c'est là, face à l'océan, après une longue marche que tu
peux te trouver devant un brusque changement de temps.
Tout est beau, la mer les
rochers, le sable. Tout est en place, harmonieux. Il n'y a rien à
faire, rien à dire. Tu sais que cette lumière, ne va pas durer
longtemps, que la mer va bouger, les nuages, s'accumuler et qu'en
plus, personne ne te croira dans les terres brumeuses.
Le temps est suspendu.
Même l'idée de
prendre une photo est superflue. L'instant vaut mieux que ça. Il
doit s'inscrire dans ta mémoire. Tu te dois de l'emporter ailleurs
et puis, il disparaîtra comme une chanson entendue à la radio.
Il te reste le sentiment que le monde est beau, sous le gris
apparent. Tu dois te débrouiller avec ça pour reprendre la route,
en sachant que tu ne feras jamais aussi beau. Ne pas se tromper, le
land art n'égalera jamais ce que sais faire la nature..
Travailler sur un
cairn, en voie de disparition, c'est un peu faire mon auto-portrait
En équilibre dans les
falaises de Ty Bihan, je m'absente du monde gris.. Le rêve permet
cette absence, qui, elle-même, permet une vision de la nature,
différente. Cette vision disparaît dès que le rêve s'interrompt.
C'est bien durant cette
période qu'il s'agit de trouver l'étincelle de la création.
Entre temps, avoir
affaire avec le temps normal, parce qu'il existe, qu'il est présent
sans me demander aucun effort, me permet d'accepter que la vie
existe, libre.
Je suis toujours en
partance, sans idée préconçue. C'est cela l'esprit de découverte
Ikaria Lo
La ria s’emplit d'eau de
mer jusque dans les plus petites veines du Sal. Elle vient de plus
loin que le vent, du ventre de l'Atlantique. Elle a passé les
forts courants de la Jument, écorné les parcs à huître, car rien
ne l'arrête. La marée impose sa loi, son avancée, jusqu'à
parfois charrier le corps d'un noyé inattendu et le déposer sur
une rive.
Quelques bancs de mulets
troublent la surface de l'eau. Je progresse à l'ombre , sur la
rive droite. J'ai quitté les derniers marcheurs qui ont abandonné
en route. Je veux atteindre, le point le plus au sud, celui qui
frotte l'eau et interdit le passage, pour y élever un cairn. Les
pierres libres sont rares, ici, qui me compliquent la tâche. J'
y mets le temps. Les premières pierres s'élèvent. La lumière est
sublime, mais en contre-jour. Personne d'autre que moi, ne vivra
plus
l' instant de partage
absolu avec cette arrivée de le marée.
Mon esprit s'envole. Je
remonte la ria, passe l'Île de la Jument, quitte le golfe, contourne
la pointe de Kerpenhir. C'est le large. L'Ikaria LO686070 * d'Alain Jégou ,
passe devant l'Île de Méaban. Pourrait-il m'embarquer ? Je lui
fais signe. Il se déroute. Je monte à bord, Nous faisons route
vers Lorient. Il me dit que la pêche devrait être bonne.
Le troupeau a quitté
les pâtures. De fortes pluies ont chassé les bêtes vers de
hautes terres, plus sèches.. Le temps a rempli les ornières
colonisées par les herbes en rhizomes. Chaque mare se transforme
en océan, comme durant l'enfance. Me voici embarqué dans mes
rêves. La vie au loin de tout, la vie au lieu du rien qui nous est
proposé, et que tente de nous entraîner vers le néant des
tentations inutiles. Je compose quelques installations flottantes.
Carrés, triangles, hexagones, réalisés à partir de joncs,
donnent un cadre à mon travail.
Les fantômes de Lampedusa
Il faudrait arrêter de les compter, noyés en trop grand nombre, morts sur la route de l'exil, de mille façon, parce que cela gène, me dit-on. Mais ce qui gène d'abord c'est que l'on puisse encore venir au monde, dans un pays où l'on ne pourra jamais vivre sans mourir de faim, avec comme seul avenir, de prendre un jour, la route de l'exil.
Roger Dautais
* www.editions-apogee.com/passe-ouest-suivi-de-ikaria-lo-686070.html
Deux récits de mer qui « constituent le plus formidable livre sur la mer écrit par un poète d'aujourd'hui. Alain Jégou.
Les routes se dérobent
nous laissent à nous-mêmes
voyageurs inutiles
la destination perdue
dans la poussière du futur
Combien de départs
pour trouver la route étroite
où l'on ne parvient pas
Marie-Josée Christien*
Temps morts
Editions sauvages
Collection Askell
* mariejoseechristien.monsite-orange.fr/
*****
La première blessure
Et ton nom même sur la peau
Comme une vraie fragilité
Et la force d'aimer
Ici en nul lieu
Atteindre simplement
Cette terre franche qui travaille
Dans l'étreinte des mots
Sous le givre des mains
... Cette terre prête à l'arbre
Guy Allix *
Solitudes
Rougerie
* guyallixpoesie.canalblog.com/