Le signal : pour Umiko Okassan |
La porte de Méaban : pour Guy Allix |
L'appel de la mer : pour Fumiyo Suko |
Le silence des pierres : pour Brigitte Maillard |
Cairn aux truites : pour Fanzeska Rock balancing : pour Rick Forrestal |
Cairn de l'amont : pour Anne-Marie Bodard |
Le cri de Lampedusa : pour Véronique Brill |
Boîte à mémoires : pour Kriss Marty |
Mandala d'été : pour Marie-Claude |
Le cairn rose : pour Henri Zerdoun Suspendre le temps : pour Béatriz Macdowell Neuf raisons d'atteindre le ciel : pour LuceLapin L'inattendue : pour Helma |
Les enfants de Lampedusa : pour Lune Mar |
Route 72
à Marie-Claude
Boîte à mémoires.
En ce premier jour d'été, une rumeur sans importance occupe toutes mes idées, puis, la rumeur se fait mémoire. Je vais pouvoir la mettre en boite du côté de Brec'h.
Je suis en rupture visuelle avec la mer et je vis le mal intolérable que provoque une rupture. Ma prochaine direction sera plein sud, pour la retrouver. En attendant, je pense à ces cerises sauvages aussi immangeables qu'attirantes avec lesquelles je vais réaliser mes prochaines installations
Du côté de Carnac
Le temps est couvert, la mer, grise. Sa présence est rassurante. Chaque pierre lourde posée sur le rocher, provoque un écho dont le bruit file sur l'eau. Peu de marcheurs pour le moment. C'est vrai, il est encore tôt. J'aime travailler en silence.
Je n'ai pas entendu arriver cette dame qui me surprend en train de terminer un cairn
- Je peux copier votre machin ?
- Mon machin, c'est un cairn et pour le copier, comme vous dites, il faudrait prendre d'autres pierres, essayer. Tenez, ici, vous allez le photographier sous un meilleur angle.
- Oui, bon, on a pas trop le temps non plus.
Elle s'éloigne avec sa tablette préférée.
Je vois bien que mon land art questionne les gens. Je n'y suis pour rien,je les mets devant une réalité qu'ils n'imaginent pas trouver en se déplaçant dans le paysage. Si personne ne voit mes installations,ce qui arrive, cela ne change rien à ma pratique. Au contraire, le regard sera toujours un déclencheur personnel, d'approbation ou de rejet donnant parfois naissance à un échange entre nous.
Ces vingt derniers jours ont été en très grande partie consacrés à la marche, à la découverte de sites riches en pierres, à la construction de nombreux cairns dont je vous présente une petite partie, ici.
Je vous ai raconté comment je montais un cairn, mais il s'agit, en même temps de bien d'autres choses contenues dans cet acte.C'est ma vie qui va, qui s'use, qui s'approche du terme. L’urgence ressentie n'est ni calculée, ni provoqué, elle est en moi, dans mon vécu de chaque seconde.
Si je m'éloigne de la source où je suis né, je me rapproche de la terre qui me porte, bouclant une bloucle qui dure depuis longtemps.
L'urgence est de vivre dans la clameur d'un monde en guerre et de suivre mon chemin. Si j'évoque Lampedusa, en continuant cette série sur l'exil, c'est que ce scandale des migrants devenus marchandises déshumanisées, n'émeut plus grand monde. Le commerce des armes est florissant, le sort de l'humanitaire, en perte de vitesse.
L'entre-deux mondes
Serais-je en prise avec mes brumes intérieures qui me séparent des autres? Le solstice d'été est passé, universel, sur les alignements de menhirs de Kerkado. Au plus profond du dolmen du Mané Lud, j'ai repris une poignée d'air, issue de la terre, pour mon cœur malade. J'ai assemblé des pierres, les deux pieds dans l'eau du Loc'h pour donner corps à ces êtres magiques, guetteurs aux lisières humides de l'entre-deux mondes. Rien n’arrêtait la barbarie du dessus, je n'avais que l'eau pour sécher mes larmes et reprendre le chant sacré de la rivière.
Roger Dautais
Je suis un gardeur de troupeaux
Le troupeau ce sont mes pensées
et mes pensées sont toutes mes sensations
je pense avec les yeux, et avec les oreilles
et avec les mains et avec les pieds
et avec le nez et avec la bouche.
Penser une fleur c'est la voir la respirer
et manger un fruit c'est en savoir le sens
C'est pourquoi lorsque par un jour de chaleur
je me sens triste d'en jouir à ce point
et couche de tout mon long dans l'herbe
et ferme mes yeux brûlants
je sens tout mon corps couché dans la réalité
je sais la vérité et je suis heureux.
Fernando Pessoa
Le gardeur de troupeaux
Poésie/ Gallimard
Cécile
Ma mère la simple l'ordinaire
agence le quotidien de la parcimonie
des actes humains
Il pleurt de l'averse
sur les toits d'Amsterdam
Il buisse un poème
de mes doigts quise damnent
ma mère pose son cou de dame
à la surface de l'écrit.
Serge Mathurin Thébault
AA
Editions@rt.chignaned
- Oui, bon, on a pas trop le temps non plus.
Elle s'éloigne avec sa tablette préférée.
Je vois bien que mon land art questionne les gens. Je n'y suis pour rien,je les mets devant une réalité qu'ils n'imaginent pas trouver en se déplaçant dans le paysage. Si personne ne voit mes installations,ce qui arrive, cela ne change rien à ma pratique. Au contraire, le regard sera toujours un déclencheur personnel, d'approbation ou de rejet donnant parfois naissance à un échange entre nous.
Ces vingt derniers jours ont été en très grande partie consacrés à la marche, à la découverte de sites riches en pierres, à la construction de nombreux cairns dont je vous présente une petite partie, ici.
Je vous ai raconté comment je montais un cairn, mais il s'agit, en même temps de bien d'autres choses contenues dans cet acte.C'est ma vie qui va, qui s'use, qui s'approche du terme. L’urgence ressentie n'est ni calculée, ni provoqué, elle est en moi, dans mon vécu de chaque seconde.
Si je m'éloigne de la source où je suis né, je me rapproche de la terre qui me porte, bouclant une bloucle qui dure depuis longtemps.
L'urgence est de vivre dans la clameur d'un monde en guerre et de suivre mon chemin. Si j'évoque Lampedusa, en continuant cette série sur l'exil, c'est que ce scandale des migrants devenus marchandises déshumanisées, n'émeut plus grand monde. Le commerce des armes est florissant, le sort de l'humanitaire, en perte de vitesse.
L'entre-deux mondes
Serais-je en prise avec mes brumes intérieures qui me séparent des autres? Le solstice d'été est passé, universel, sur les alignements de menhirs de Kerkado. Au plus profond du dolmen du Mané Lud, j'ai repris une poignée d'air, issue de la terre, pour mon cœur malade. J'ai assemblé des pierres, les deux pieds dans l'eau du Loc'h pour donner corps à ces êtres magiques, guetteurs aux lisières humides de l'entre-deux mondes. Rien n’arrêtait la barbarie du dessus, je n'avais que l'eau pour sécher mes larmes et reprendre le chant sacré de la rivière.
Roger Dautais
Je suis un gardeur de troupeaux
Le troupeau ce sont mes pensées
et mes pensées sont toutes mes sensations
je pense avec les yeux, et avec les oreilles
et avec les mains et avec les pieds
et avec le nez et avec la bouche.
Penser une fleur c'est la voir la respirer
et manger un fruit c'est en savoir le sens
C'est pourquoi lorsque par un jour de chaleur
je me sens triste d'en jouir à ce point
et couche de tout mon long dans l'herbe
et ferme mes yeux brûlants
je sens tout mon corps couché dans la réalité
je sais la vérité et je suis heureux.
Fernando Pessoa
Le gardeur de troupeaux
Poésie/ Gallimard
Cécile
Ma mère la simple l'ordinaire
agence le quotidien de la parcimonie
des actes humains
Il pleurt de l'averse
sur les toits d'Amsterdam
Il buisse un poème
de mes doigts quise damnent
ma mère pose son cou de dame
à la surface de l'écrit.
Serge Mathurin Thébault
AA
Editions@rt.chignaned