La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mercredi 9 septembre 2015

Solitude : Pour Chrys
En revenant de Kerangoff : pour Claude Amstutz *
Cairn des randonneurs : pour France
L'alerte : pour  Thérèse
Grand passage  :  pour  Ana Minguez Corella
Enfants de chênes  :  pour Anne Le Maître
Mécanique des plages  :  pour Maïté/Alienor
La cabane du pêcheur  :  pour Tossan
Réunion de chantier  à Porz Pesket  : pour  Joan Fuentes
Break danse :  pour Christian Cottard
Le chant des cupules :  pour Pastelle
Kernevest Blues :  pour Noushka
L'enfant de quelqu'un  :  pour Aylan Kurdi
Guetteur de marée  :  pour Umiko Okasan
Songe d'un jour d'été à Lampedusa : pour Guy Allix


L' étranger


Ne me demandez  plus d'où  je viens, je suis étranger. Ce n'est pas  le mail reçu hier  qui me fera changer d'avis. Il contenait  une phrase de Cocteau que je vous  livre  : être  libre, c'est s'exercer à  n'être rien ". 
Des  ondes de silence montent de la mer et dénotent dans ce  bruit du monde qui chante, vous êtes de trop, partez, laissez nous notre pain. Mais je ne fais que ça, partir. Trop ceci, trop cela, trop  jeune, trop vieux, trop malade, le  monde crève de ne pas vouloir partager.

L'autre rive est atteinte sous les frondaisons. J'ai perdu pied au creux des grosses  pierres,  l'instant d'une apnée. Mes deux mains saisissent le futur. Je le happe, je m'agrippe, me hisse sur la berge, habits trempés.
Ici, la  mort est toujours solitaire. Peut-être  un  ou deux pêcheurs de truite qui passeraitpar  là, pour donner  l'alerte, signaler  un corps. Rien de  plus.
Je n'ai pas rêvé pareille  fin, simple constat. Cela  peut arriver.
L'abondance des branches d'arbres filtre les rayons de soleil,  jusqu'à installer  une  ombre profonde qui rend l'eau, noire. A  l'instant  même, je rêve aux falaises de Ty Bihan,  inondées de soleil. Ce sera pour demain. Je suis  à  l’œuvre, ici, je dois aller  jusqu'au bout.

Entre deux haies,découverte d'une  moissonneuse batteuse, rongée par la rouille. J'en prélève quelques  pièces. Je veux leur faire connaître les sables de  l'océan. La rencontre terre-mer est  intéressante qui crée  une autre mécanique de  plage, soulignée  par quelques baies. Je recommencerai ce mariage sur la route de Porz pezket avec des chutes de  bastaings. Ça sent le chantier, les cris des compagnons d'une maison  l'autre. J'y  installe  une circulation,  un ordre  inconnu que les sables garderont en  mémoire.
J'ai regardé les étoiles, y cherchant  une amie. Hier, c'était Alpha de Céphée, une étrangère. Elle passait son chemin.
Le  monde est fait de tant de bruits, d'alertes, de nouvelles si nombreuses qu'on ne sait plus. Les médias nous parlent de  l'enfant de quelqu'un, âgé de 3 ans. Il était Syrien, petit réfugié suivant ses parents. Son corps noyé vient d'être rejeté sur  une plage après le naufrage de leur bateau. L'opinion se déchaine Ils sont en trop, eux aussi.
Je descends vers la rivière, avant le lever du jour. J'y élève,  un seul cairn, pour rendre  hommage à Aylan, dans l' anonymat d'une ria qui s'éveille.

J'aime me lever de très bonne heure lorsque les jours raccourcissent et  m'offrent  un supplément de nuit à vivre éveillé sous les dernières étoiles.

Je  lui ai répété, écrire  n'arrange rien, bien au contraire, mais comment faire autrement dans ce tapage quotidien. Elle  m'a répondu par  une  phrase de Sophocle  : " Libre est la race des  poètes" Il serait  un peu tard, maintenant de changer de camp.
Étrange  pays qui résiste  à l'étranger que je suis. Je comble des vides mais jamais je n'arriverai à tutoyer e ciel. La solitude me permet de tout trier, mieux comprendre. Face  à  mes  pierres, pas de  mensonge, de faux semblant, la réponse est immédiate et je le paye d'ailleurs d'une blessure au dos.
Tous les matins, j'embarque avec  le capharnaüm de mes  idées,  pour  une navigation  hauturière. J'aime naviguer dans l'étrave de l'Ikaria Lo, et de son capitaine Alain Jégou*, parti tutoyer les étoiles  le 6 mai 2013.

Roger Dautais

*Retrouvez  l’œuvre du poète Alain Jegou
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_J%C3%A9gou

*Retrouvez le  poète Claude Amstutz 
http://lasciereveuse.hautetfort.com/




Place  à l'imagination mon  Momo 
Ou la folie si tu veux
La vie s'égoutte entre deux platanes   il
Y a de la morphine dans  l'écorce
Gélatineuse des  raisons   Voilà toi
Où tu  m'amènes
Naviguer dans les pas de  l'espace
En  plein coeur de l'oeuvre d'Artaud

Serge Mathurin Thébault*

In FIGURES
textes de Serge Mathurin Thébault
Gravures de Marie-Hélène Lorcy
Editions Thamé   2015

* Pour  retrouver Serge-Mathurin Thébault 
 http://www.art-chignaned.com/spip/article.php3?id_article=113

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.