The last leaf : pour Alain Jégou |
Song in the stump : Pour Isabella Kramer |
Les cardinales : pour Lula Pélieu |
Le guetteur de marée : pour Paul Quéré |
La transmission : pour André Laude |
Les demoiselles du Tombolo : pour Ana Minguez Cortella |
Perles d'Automne : pour Marie-Claude |
La tentation du vide : pour Isabelle Jacoby |
Fortuna : Pour Uuna |
L'avant dire : pour Joëlle Mandard |
L'alerte : pour Hélène Phung |
Les oubliés de Lampedusa : Pour Guy Allix * |
Leur tour de vers les rend étrangers au monde qui les entoure.De quoi peuvent-ils alors écrire ?
Marie-Josée-Christien *
Piège
Oh ! cette douceur d'automne, comme elle cache des drames, comme elle endort les consciences. Ce n'est pas le jour de s'étendre dans l'humus et de rejoindre ceux qui nous ont précédés. Plus que jamais, les temps sont à la vigilance, à la veille.
Le passage des Bernaches
J'ai vu mes premières Bernaches, sur les falaise de Ty Bihan. Huit, en vol, si proches de la côte que je distinguais leurs yeux. Elles volaient d'ouest en Est, remontant le temps. J'aimais les imaginer en provenance de Russie, du lac Baïkal, peut-être. Elles m'auront vu, si près d'elles. Un immense bonheur cette rencontre. Je les attendais sans savoir si je serai là pour les revoir. Dans une année comme cette dernière, que d'occasions de raccrocher. Elles sont repassée, une demi-heure plus tard, dans l'autre sens, pour aller se poser à la pointe de Ty Bihan. J'en ai oublié mes cairns tant la vie de ces oies m'apportait du plaisir. Elles sont mises à nager, très paisiblement avant de reprendre leur envol vers Locmariaquer.
Mémoires de pierres
Dans les pierriers, l'humidité rend le sol humide et chaque pierre est un piège. J'assure chacun de mes pas, à la recherche des plus belles pierres pour continuer mon histoire. Elles deviennent mes mots. Lampedusa n'est pas près d'arrêter. Je me sers de ces pierres pour parler de l'exil, de ces trafics d'être humains, des noyades, de l'enfance brisée par cette vie imposée. Oui, je suis d'accord, c'est beau l’automne avec ses forêts multicolores mais ça ne doit pas faire paravent.
Viet-Nam
En prenant de l'altitude dans les falaises, je rencontre une sorte de bonzaï naturel qui m'évoque aussitôt les contes enchantés d'Hélène Phung. Je redescend vers le pierrier et je remonte cinq belle pierres que je coifferai de têtes avant d'offrir aux lieux cette halte de voyageurs. Ce bonheur de créer efface ma fatigue,car elle est intense après quelques heures passées à charrier des pierres dans ce lieu, très beau mais dangereux et hostile.
Norge
Vendredi d'octobre, entre deux jours de pluies continues. J'ouvre ma fenêtre et l'enjambe, direction plein Nord.Ma réserve de baies rouges est conséquente mais il me manque des hampes de fougères. Qu'elles soient vertes ou d'un brun-orangé, je les trouve, belle. Je connais un chemin qui fera l'affaire.Après ce qui est tombé cette nuit, les terres sont détrempées. Je peux arracher mes fougères à main nue, sans me lacérer les doigts. Sous un chêne, je fais une réserve de cupules. Après un court voyage d'une demi-heure,j'arrive au lieu-dit Le champ des martyrs de Brec'h..
Visite au bois sur le flanc droit du mausolée, puis tour de la grande prairie. Très peu de monde aujourd'hui.Je m'arrête sur le mur d'enceinte. J'aimerais réaliser un mandala pour Uuna la Finnoise. Les tiges de fougères en constituent la base. Je fait l'inventaire de mon trésor: cupules, graines d'églantier, de rosa rugosa, de choisia ternata, de ruscus. Tout cela est bien coloré. Le centre du mandala est le début d'un rêve qui me conduira dans le grand nord. Je progresse dans l'installation en m'éloignant du centre. Le travail, est long, minutieux, hypnotique. Le vent est présent. Il n'a pas d'emprise sur mon travail. Le voyage est long mais j'y arrive. Uuna nous attend, elle est heureuse que le voyage se soit pasé sans encombres. L'existence de ce mandala, est comme un bonheur éphémère. Je pense à la phrase du poète Norge : " Tout ce qui existe un instant existe pour toujours ".
Nous entrons ici dans l'histoire de l'humanité. C'est drôle et étonnant à la fois.
Roger Dautais
Les jours firent de toi ma teinture
jours firent
de toi
ma teinture où
j’épuisais le monde
lunes mouillées avaient
la rondeur
des sommeils
je comptais les passages
pour que reviennent
la vigne le bleu
des univers
dessinais
votre cœur.
Des fenêtres qui
bourdonnent
refont la durée.
C’est toujours
vous une jupe caresse
votre
mélancolie
je vous jette
sommeils laissés
au vent vos formules
me creusaient et ne sais
qui
à nouveau
de toi
ma teinture où
j’épuisais le monde
lunes mouillées avaient
la rondeur
des sommeils
je comptais les passages
pour que reviennent
la vigne le bleu
des univers
dessinais
votre cœur.
Des fenêtres qui
bourdonnent
refont la durée.
C’est toujours
vous une jupe caresse
votre
mélancolie
je vous jette
sommeils laissés
au vent vos formules
me creusaient et ne sais
qui
à nouveau
m’appelle.
Esther Tellermann *, Afin qu'advienne
Esther Tellermann *, Afin qu'advienne
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Esther_Tellermann
* http://guyallixpoesie.canalblog.com/
* http://mariejoseechristien.monsite-orange.fr/
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