Sérénité : Pour Ana Minguez Corella |
Espace-temps : pour Esmeralda |
Improbables rencontres îliennes : Pour France |
Énergies retrouvées : Pour Kris Marty |
L'ombre d'un doute : Pour Joelma |
Les soleils, la mort et la mémoire des pierres : Pour Mémoire de silence |
La coulée rouge : pour Salomé |
Guetteur de marée : Pour Rick Forrestal |
Grandir dans l'ombre : Pour Claude Pélieu |
Les trois frères : pour Yves Jégou |
Mémoire fidèle des Sept Îles : pour Jacques Thomassaint |
Les anneaux de Boromée : Pour Marie-Claude |
Le triangle : pour Erin Mémoire 13 : Pour Olivia Quintin |
Demain, avec un peu de chance, sera un autre jour...
Période de doute , je cherche un signe, même minuscule, qui viendrait des profondeurs de la terre, un tressaillement qui me ferait emboiter le pas et repartir. Rien. C'est à moi de le faire. Marcher et avancer. Je n'ai choisi, ni l'endroit ni ce chemin creux, qui s'enfonce sous les chênes pour rependre la route. Au départ, la première akène écarlate, retient mon attention. Je me penche, la ramasse, puis je pars dans une cueillette d'une heure, très fructueuse. Les voici assemblées comme un trésor dans un petit sac. J'ai envie de les faire voyager avec moi. Je pars, plein Sud et me retrouve au milieu de la forêt de Crac'h, au bord d' étangs jumeaux. Après avoir observé le jeu grouillant de jeunes têtards, dans l'eau paisible, je pose ma première akène, sur l'herbe et à l'ombre. Elle ne veut rien dire comme çà, mais elle attire la seconde puis la troisième et ainsi de suite, donnant naissance à ma première installation, accompagnée du chant d'un merle.
Mes idées éparses vagabondent. Je voyage et rejoins Marie-Claude, contemplant les anneaux de Boromée, au milieu du Lac Majeur. Doux souvenirs que j'aime évoquer. Il fait presque chaud lorsque je quitte les rives des étangs, après avoir réalisé quatre installations.
Un jour après.
J'ai quitté la maison et roule plein Nord pour rejoindre un site mégalithique : les tombelles de Pluvinier. Le site est désert à cette époque de l'année. Deux petites tombes, les fondations d'une habitation et me voici transporté quelques millénaires avant notre ère, sur ce qui fût, un lieu de vie. Comment ne pas être touché par de tels vestiges, de telles traces humaines. Je cueille des soleils dans le champ voisin et les dispose autour de la tombelle pour la cercler totalement, puis j'élève un petit cairn. Croisement de deux mémoires. Je peux continuer ma route.
Un autre jour
Je prends la même direction mais, je roule, plus avant, vers le Nord, dépasse la forêt de Camors et atteins la forêt de Baud. Je prends un chemin de terre et stoppe ma voiture dans une ferme. Je suis une pencarte indiquant des mégalithes dans la forêt voisine. Le premier est un très dolmen : "Trepass-korriganeden roc'h-prioldi Kumun Baod est-il écrit en Breton sur la pancarte indicative. Le lieu est désert et planté de pins maritimes, à 500 mètres de la dernière ferme.Ici, on abattu des arbres pour éclaircir la forêt. L'endroit ombragé, reste lumineux et totalement magnétique. La dalle de granit du dolmen tombée au sol, est moussue et chaude. J'y installe une spirale dans ce courant, avec des fleurs cueillies pendant mon voyage. Hommage aux hommes, aux lieux. Un peu plus loin,je trace des runes sur des coupes de bois,avec du charbon de bois trouvé dans un ancien foyer de bûcherons, puis je me retire.
Un autre jour
Je passe au dolmen de Toulvern qui sommeille non loin de la ria, pour un simple salut. Les fougères juvéniles ont poussé de 40 centimètres dans la semaine.La relève est assurée.
Les roches du dolmen sont douces au toucher et chaudes de soleil. Encore un signe déposé ici, puis, suite de la route.
L'énergie me revient en voyageant. Je vais rejoindre l'Île de Stuhan entre Carnac et le Trinité sur Mer. Dans cet endroit paisible, je recherche le beau, le simple, l'expression dépouillé de tout artifice.
Trop de rêves, trop d'idéaux en tête. Voicii un an que j'habite dans cette superbe région et je me heurte au vrai. Au vrai pays, à la vraie langue de mes ancêtres, au vrai Breton le plus authentique. Qu'est-ce que cela veut dire dans cette fin de parcours? Où suis-je dans cette dérive et mon pays rêvé que je croyais être le mien, sous mes pieds, il est ailleurs, au fond de de moi, dans mon cœur, avant tout.
Je deviens sourd aux incantations, je quitte le sanctuaire, les cercles, plus inspiré que jamais. Et si ma naissance à cent lieues d'ici n’était qu'une illusion aux yeux des intégristes ? Nés hors de leur rue, de leur quartier, tu es déjà,étranger! Inutile de chercher l'excuse dans la conversation, il n'y a plus de place,ici, ni pour les vivants, ni pour les morts. Il me faut tailler la route, avancer, être tous les jours en partance, avec une chanson de Youenn Gwernig en tête, vers ce pays qui bouillonne en moi.
Cette saine colère a mené mes pas jusqu'aux grèves empierrées, à l'Est de l'île. Le mer est tiède et le soleil généreux ce jour là, pour un mois d'avril. J'ai commencé par monter des cairns, au sommet de l'île, un ensemble :"Les trois frères" deux malades et un en pleine forme, donnant toujours un sens, un contenu à ce que je fais. Je continue par des cairns plus petits avant de rejoindre le bord e l'eau.
Au dernier cairn, ma colère oubliée, j'atteins enfin cet état de sérénité que je suis venu chercher . Je pose ma vie, ici, contemplant l'océan atlantique, calme, à peine tracassé par deux ou trois petits voiliers. Un goéland cherche sa pitance en silence dans les goémons noirs. Ce pays est bien le mien, y vivre me convient parfaitement. Cette réponse donnée à mes inquiétudes, vient de la mer, du silence habité de l'île Stuhan, où mes rêves sont accueillis sans jugement.
Ces quelques pierres assemblées veulent simplement dire à la Bretagne, toute ma reconnaissance d'être là, en paix.
Roger Dautais
Tout est couleur de silence
et s’éternise
en la transparence de l’instant
L’essentiel se tait
Il n’accorde que l’énigme
d’un ultime éclair
pour le découvrir.
- See more at: http://www.recoursaupoeme.fr/marie-jos%C3%A9e-christien/entre-temps-extrait#sthash.30XBpqvD.dpuf
et s’éternise
en la transparence de l’instant
L’essentiel se tait
Il n’accorde que l’énigme
d’un ultime éclair
pour le découvrir.
- See more at: http://www.recoursaupoeme.fr/marie-jos%C3%A9e-christien/entre-temps-extrait#sthash.30XBpqvD.dpuf
Tout est couleur de silence
et s’éternise
en la transparence de l’instant
L’essentiel se tait
Il n’accorde que l’énigme
d’un ultime éclair
pour le découvrir.
- See more at: http://www.recoursaupoeme.fr/marie-jos%C3%A9e-christien/entre-temps-extrait#sthash.30XBpqvD.dpuf
et s’éternise
en la transparence de l’instant
L’essentiel se tait
Il n’accorde que l’énigme
d’un ultime éclair
pour le découvrir.
- See more at: http://www.recoursaupoeme.fr/marie-jos%C3%A9e-christien/entre-temps-extrait#sthash.30XBpqvD.dpuf
aucune issue,
contente-toi de respirer. Être présent,
rendre présent le seuil
ou le bord des falaises.
Un jour entier
sur la terrasse,
transmettre,
agrandir le matin.
Il n’y a de secret
que l’origine,
l’offrande, la frondaison.
Pierre Dhainaut *
Mise en arbre d’échos (1991)
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Dhainaut