La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

jeudi 25 novembre 2010












à Youenn Gwernig,
à ses descendants...




Je suis descendu par le chemin creux qui mène à la plage aux chiens. Ainsi dénommée parce que l'été, leurs propriétaires ont le droit de les y laisser gambader, le reste de la côte croulant sous les divers règlements qui annoncent, interdisent, détournent, renvoient, bref, règlementent tout ce qui bouge et même ne bouge pas. Cette plage me va bien. La mer est basse et l'estran a encore changé de configuration. Tout le sable ou presque a été emporté de la partie haute, découvrant d'énormes pierres empilées dans un chaos indescriptible. Elle sont trop lourdes pour moi. Je décide de remonter vers le nord ouest pour en trouver de plus accessibles. Il fait froid.Le vent de mer ramène de l'humidité. Je trouve mon inspiration dans ces pierres ovales que je vais avoir beaucoup de mal à dresser puis à caler en équilibre, l'une après l'autre, tant elles sont lourdes. Je pars à la recherche des pierres nécessaires à mon travail. Il m'en faudra douze pour la première colonne, et treize pour la seconde qui s'écroulera deux fois avant de trouver son équilibre. La forme de leur base est originale et le fait d'avoir réussi à en trouver deux qui se ressemblent un peu, donne du rythme à l'ensemble. Tout l'après-midi sera consacrée à ce travail et je me déplace un peu vers le nord-est pour continuer cette fois à créer un ensemble de 4 cairns( il n'y a que le premier présenté ici en photo 3) cette fois posés à même la roche plate de l'estran. La lumière commence à diminuer lorsque j'entreprends un marche vers les grandes falaises ou je pourrai tracer une ou deux spirales de petite taille, à l'entrée des grottes marines. Je pense à ces tonnes de pierres soulevées, empilées, en cairn en colonne, disposées en cercle, depuis les déserts du sud Marocain, jusqu'à ceux de Tunisie, sans oublier ceux réalisés dans la clandestinité au pied de la grande pyramide de Khéops, en Égypte l'été dernier. Mais ceux qui me tiennent le plus à cœur, sont les cairns élevés en Bretagne, pays où je suis suis né et dont je suis parti sans pouvoir m'en guérir.(Photos 4 et 5) Là se trouvent mes vraies racines dont je mesure, en vieillissant, toute l'importance qu'elles ont gardé pour moi. Je sais maintenant, que je ne serai jamais d'ici, simplement de passage, comme sur la terre. Mais il faut sans doute avoir aimé puis quitté son pays pour comprendre telle chose. Le land art me relie à l'humanité, à l'histoire du monde et me permet d'être moins seul. Il me permet aussi de dire ce que personne ne voudrait entendre autrement. C'est un dialogue entre la terre et moi, entre la mer et moi dont il s'échappe quelques bribes pour les oreilles attentives. Pour le reste des gens, c'est un amusement, une occupation, à la manière des saltimbanques , des peintres ,des chanteurs, des poètes qui à leurs yeux ne servent pas à grand chose. Ceci n'est pas très grave, je poursuis un chemin d'expérimentation de ma propre vie et j'en suis le premier spectateur. Je me souviens de la phrase de Youenn Gwernig qui disait : "car il faut que chacun compose le poème de sa vie" et cela me suffit comme programme. C'est dans l'humilité d'un art comme le land art et dans sa pratique quasi journalière que j'inscris ces mots. Penché vers la terre, le dos courbé, je me dis qu'un jour elle arrivera bien par finir de m'accueillir. Je ne suis pas pressé, seulement, prêt.


Roger Dautais






La source du temps

Silence, le plus digne hommage !
Quel tumulte d'amour emplit jamais le très profond silence ?

Victor Segalen



Dans les Jazz du vent
arborer un nouveau langage
en écho du silence

De la vacuité
plein les godasses
suivre le chant
qu'offre l'ombre à fleur de peau.

Remuer au plus profond de soi
la légende
sous l'écorce
Déventer
la fauvette de l'air..

A la source du temps
se décoller du visible.

Visiter les songes
jusqu'à plus soif
de l'essence.

Saisir par l'œil
les combustibles translucides
que seules les rumeurs
nourrissent.

Le sanctuaire au goût d'huitrier
de la parole
saisira l'alphabet
de la genèse
comme l'incantation
d'une pureté à venir.



Louis Bertholom
( poète né en Bretagne en 1955, à Fouesnant dans le Finistère)





à Marie-Claude
...

Je veux mourir
engrossé de vous
femmes infidèles

Je suis de la
même race

chien enragé

non accouché par vous
de mes pauvres mots.

Allons,
la partie n'est pas finie.
Rions ensemble


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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.