La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

dimanche 22 mars 2015


Grande spirale de Locmariaquer  :  pour François Esperet.
Salutation au soleil à Kervillen :  pour Norma
( Série  exil )   La décision  :  pour Marty
La caboche de Carnac : pour  Manouche
Grand cairn de St. Pierre : pour Joelma
Volumes :  pour  Sinnöve (Séraphina)
L'aiguille et le chaton :  pour Dianne
Travaux d'aiguille  à Kervillen :  pour Marie
Envie d'évasion  :  Pour Miss-Yves
Mixité  :  pour pour Isabella Kramer
Fenêtre sur l'autre  monde  : pour Maïté/Aliénor
Les contraires : pour Karin Rozenkranz
Les aiguilles de kervourden : pour France
Cairn aux chênes verts :  Pour toi Fany, ma fille.
Cairn aux truites : pour Rick Forrestal
Carré rouge : pour Savarati
Grande spirale de Locmariaquer  au soleil couchant.

 à Marie-Claude  

 Demain sera  un autre jour,  probablement...

La  plage est  immense et vide. Le soleil tente de la réchauffer mais  l'air reste très frais. Comme  nous approchons des grandes marées, ce 18 mars,  la mer s'est retirée assez  loin. Elle remonte sans difficulté et reprend son  territoire sur l'estran. Il  me reste deux  heures devant  moi  pour créer  une spirale. Après, il sera trop tard. Je parcours la grande  plage de Locmariaquer, d'ouest en est,  à la recherche du lieu idéal. Personne ne me  l'indiquera et je compte sur  mon expérience pour trouver le meilleur endroit. La couleur du sable, son  humidité apparente,sa composition, son emplacement dans la pente de la plage, vont guider mon choix.

La spirale fera 24 fois le tour de son centre et mesurera entre 46 et 50 mètres de circonférence ce qui reste tout  petit sur cette  immense plage, mais  imaginez la dans votre maison.

J'ai choisi  le centre. Je plante  mon talon gauche dans le sable. C'est lui qui servira de soc et creusera  l'unique sillon. Je prends appui sur ma  jambe droite,  moteur du mouvement qui me fait progresser à reculons.J'ai besoin de toutes mes forces, le corps arcbouté , la tête penchée sur le sol,  les mains accrochées  à mon sac  à dos. Mes  yeux sont rivés sur le pied gauche  pour maîtriser la profondeur et  l'écartement du sillon. Si  je  m'éloigne de trop de la trajectoire idéale, un léger  pivotement  vers  l'intérieur de la  pointe du pied gauche, rattrapera  l'erreur. Le voyage va durer aujourd'hui,  une heure  quinze. Bien que le  mouvement soit circulaire, je le vis comme  une  longue  ligne droite. J'ai l'impression furtive de redevenir  l'enfant insouciant et  pousse- cailloux, trousseur de rêves, que  j'étais. Mais je ne me laisse pas trop envahir par ces idées de toutes sortes, car très rapidement, je perds  le contrôle du tracer. Il est  malgré tout, très difficile  à réaliser . La concentration est le maître-mot de  l'instant.

C'est ma première spirale depuis  mon entorse du genou et celui-ci commence  à me faire mal. Je compense par  un  plus gros travail de la jambe droite et les douleurs  musculaires apparaissent aussitôt. Il faut vraiment de  l’entrainement  pour y échapper, et, depuis  6 semaines, je ne l'ai plus.

Cette plage de Locmariaquer est particulière, avec  une pente  qui  part des dunes couverts d'oyats  vers la mer. Cette configuration, qui évolue aussi  dans l'année, complique le tracer qui est le  mien. Il se situe à cheval sur un sable humide, essuyé, et un sable , placé plus bas,vers  l'estran, suintant l''eau de  mer. Lorsque je passe en  partie basse de la spirale,le sable devient  plus serré, plus dense, gorgé d'eau et mon talon gauche se trouve aspiré au fond du sillon. L'effort est  intense et sans volonté d'achever cette spirale, j'abandonnerai. Je ne travaille pas  pour la galerie, je suis seul sur la plage.

Combien de temps pourrais-je tracer ces spirales qui me tiennent en vie et qui en font partie depuis à peu  près 17 ans ? Je ne sais pas. Je termine celle-ci dans  un état de  jubilation  lorsque je vois le soleil s'en emparer  et la faire vivre. Rendre visible  l'invisible ne m'appartient pas, je ne suis qu'un passeur, sensible au beau, comme au dernier vol des bernaches qui me saluent encore aujourd'hui, avant de reprendre leur grande  migration vers le lac Baïkal et autres territoires Sibériens.

Roger Dautais


 
Il tirait en  lui

Il tirait en lui depuis des siècles
les rues, les bâtiments,
toutes les pierres
qu’il avait façonnées
lui-même.
Même les noms des rues,
c’est lui qui les avait écrits,
un soir, il y a longtemps.
Il avait porté tous les gens en lui,
cachés, ligotés,
mais le temps était venu
de les libérer.
Sauf que l’air dans lequel il se mouvait maintenant
n’était pas le sien.
Il fallait s’approprier
L’heure aseptique, raréfiée.

Sanda Voïca *

* http://nuel.hautetfort.com/tag/sandra+voica
* http://www.airetcolonnes.com/fr/appreciations/sanda_voica.htm

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.