Grande spirale de Locmariaquer : pour François Esperet. |
Salutation au soleil à Kervillen : pour Norma |
( Série exil ) La décision : pour Marty |
La caboche de Carnac : pour Manouche |
Grand cairn de St. Pierre : pour Joelma |
Volumes : pour Sinnöve (Séraphina) |
L'aiguille et le chaton : pour Dianne |
Travaux d'aiguille à Kervillen : pour Marie |
Envie d'évasion : Pour Miss-Yves |
Mixité : pour pour Isabella Kramer |
Fenêtre sur l'autre monde : pour Maïté/Aliénor |
Les contraires : pour Karin Rozenkranz |
Les aiguilles de kervourden : pour France |
Cairn aux chênes verts : Pour toi Fany, ma fille. |
Cairn aux truites : pour Rick Forrestal |
Carré rouge : pour Savarati |
Grande spirale de Locmariaquer au soleil couchant. |
à Marie-Claude
Demain sera un autre jour, probablement...
La plage est immense et vide. Le soleil tente de la réchauffer mais l'air reste très frais. Comme nous approchons des grandes marées, ce 18 mars, la mer s'est retirée assez loin. Elle remonte sans difficulté et reprend son territoire sur l'estran. Il me reste deux heures devant moi pour créer une spirale. Après, il sera trop tard. Je parcours la grande plage de Locmariaquer, d'ouest en est, à la recherche du lieu idéal. Personne ne me l'indiquera et je compte sur mon expérience pour trouver le meilleur endroit. La couleur du sable, son humidité apparente,sa composition, son emplacement dans la pente de la plage, vont guider mon choix.
La spirale fera 24 fois le tour de son centre et mesurera entre 46 et 50 mètres de circonférence ce qui reste tout petit sur cette immense plage, mais imaginez la dans votre maison.
J'ai choisi le centre. Je plante mon talon gauche dans le sable. C'est lui qui servira de soc et creusera l'unique sillon. Je prends appui sur ma jambe droite, moteur du mouvement qui me fait progresser à reculons.J'ai besoin de toutes mes forces, le corps arcbouté , la tête penchée sur le sol, les mains accrochées à mon sac à dos. Mes yeux sont rivés sur le pied gauche pour maîtriser la profondeur et l'écartement du sillon. Si je m'éloigne de trop de la trajectoire idéale, un léger pivotement vers l'intérieur de la pointe du pied gauche, rattrapera l'erreur. Le voyage va durer aujourd'hui, une heure quinze. Bien que le mouvement soit circulaire, je le vis comme une longue ligne droite. J'ai l'impression furtive de redevenir l'enfant insouciant et pousse- cailloux, trousseur de rêves, que j'étais. Mais je ne me laisse pas trop envahir par ces idées de toutes sortes, car très rapidement, je perds le contrôle du tracer. Il est malgré tout, très difficile à réaliser . La concentration est le maître-mot de l'instant.
C'est ma première spirale depuis mon entorse du genou et celui-ci commence à me faire mal. Je compense par un plus gros travail de la jambe droite et les douleurs musculaires apparaissent aussitôt. Il faut vraiment de l’entrainement pour y échapper, et, depuis 6 semaines, je ne l'ai plus.
Cette plage de Locmariaquer est particulière, avec une pente qui part des dunes couverts d'oyats vers la mer. Cette configuration, qui évolue aussi dans l'année, complique le tracer qui est le mien. Il se situe à cheval sur un sable humide, essuyé, et un sable , placé plus bas,vers l'estran, suintant l''eau de mer. Lorsque je passe en partie basse de la spirale,le sable devient plus serré, plus dense, gorgé d'eau et mon talon gauche se trouve aspiré au fond du sillon. L'effort est intense et sans volonté d'achever cette spirale, j'abandonnerai. Je ne travaille pas pour la galerie, je suis seul sur la plage.
Combien de temps pourrais-je tracer ces spirales qui me tiennent en vie et qui en font partie depuis à peu près 17 ans ? Je ne sais pas. Je termine celle-ci dans un état de jubilation lorsque je vois le soleil s'en emparer et la faire vivre. Rendre visible l'invisible ne m'appartient pas, je ne suis qu'un passeur, sensible au beau, comme au dernier vol des bernaches qui me saluent encore aujourd'hui, avant de reprendre leur grande migration vers le lac Baïkal et autres territoires Sibériens.
Roger Dautais
Il tirait en lui
Il tirait en lui depuis des siècles
les rues, les bâtiments,
toutes les pierres
qu’il avait façonnées
lui-même.
Même les noms des rues,
c’est lui qui les avait écrits,
un soir, il y a longtemps.
Il avait porté tous les gens en lui,
cachés, ligotés,
mais le temps était venu
de les libérer.
Sauf que l’air dans lequel il se mouvait maintenant
n’était pas le sien.
Il fallait s’approprier
L’heure aseptique, raréfiée.
Sanda Voïca *
* http://nuel.hautetfort.com/tag/sandra+voicaIl tirait en lui depuis des siècles
les rues, les bâtiments,
toutes les pierres
qu’il avait façonnées
lui-même.
Même les noms des rues,
c’est lui qui les avait écrits,
un soir, il y a longtemps.
Il avait porté tous les gens en lui,
cachés, ligotés,
mais le temps était venu
de les libérer.
Sauf que l’air dans lequel il se mouvait maintenant
n’était pas le sien.
Il fallait s’approprier
L’heure aseptique, raréfiée.
Sanda Voïca *
* http://www.airetcolonnes.com/fr/appreciations/sanda_voica.htm