Aux 100 000 lecteurs du Chemin des Grands Jardins |
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Signal en baie de Seine |
à Florence Arrighi : Pierre de silence |
La vie comme elle va...
"Lire tes mots me font du bien. Pourtant, il n'existe plus d'espace capable de me relier à l'histoire du monde. La béance a pris place. Les nuits arrêtent le manège mais, au petit jour, la cadence infernale m'emporte toujours vers le pire à venir.
Je n'envisage pas de paix possible. C'est d'une marche solitaire dont je parle. Les haltes ne sont que des accidents. La pente m'emporte. Je sais la fin. Pourquoi rêver autre chose".
Voici ce que j'ai trouvé dans un petit carnet au fond de mon sac à dos, hier, au moment de la pose sur cette plage immense et vide. J'avais écrit ces quelques lignes à mon ami et poète Guy Allix, que vous lisez souvent ici. Je l'avais fait parce que je le savais capable de partager ce fardeau. Voilà que je ne sais plus si je l'ai fait ou non. Quelques temps après, rien n'a changé, si ce n'est la longueur des jours, de plus en plus, rognée.
Je me suis assis devant le dernier cairn élevé, le dos aux falaises dangereuses, le regard vers la mer.
Autant je m'étais gelé les doigts dans les mares d'eau glacée par le vent, le corps parcouru de frissons, autant, je me trouvais ici, apaisé. Il me suffisait de contempler cette longue et lourde pierre horizontale posée sur le sable, et ce simple cairn pour ressentir en moi un véritable apaisement que je savais , passager.
Je n'avais rien connu de semblable la semaine dernière, sur ce quai bordant le canal, à proximité du mythique pont de Pegasus Bridge. Un soleil rouge au cœur d'eau de pluie prisonnière, n'avait pas calmé mon angoisse . Joshua, était bien abandonné, amarré au quai, bouffé par la rouille, terminant sa vie de chalutier, dans un oubli quasi total. Je ne supportant pas. Après deux heures de petites installations, j'avais quitté les lieux, pour retrouver la route.
Et voilà qu'hier, en débouchant sur cette plage, j'étais perdu. Perdu par la disparition des gros amas de pierres et galets, enfouis par les marées successives, sous des tonnes de sable. Perdu en descendant vers la mer, sur l'estran, colonisé par des algues vertes. Plus envie de rien. Si, de faire demi tour. Stopper tout. Je ne me situais plus dans cet espace. Qu'y faire ?
Je me suis lancé dans une marche rapide sur les sables mouillés en remontant vers l'est de la plage. Je me disais qu'un jour, cesserait bien toutes cette course, cette agitation et que je ne perdrai plus ma vie, seul, à pratiquer le land art, à me geler, à me faire tremper par cette pluie de Novembre, glacée, sans aucune idée de création.
Et puis, mon regard s'est porté sur des pierres oblongues, couchées dans une mare, en partie ensablées. Je les ai vus. Je les ai vus, ces personnages hirsutes, hagards, déambulant, recherchant une solution dans la fuite, l'exil. Je me suis arrêté, je les ai levées, ces pierres, une à une, puis couronnées d'une tête, pour former ces groupes d'exilés, dont je parle depuis presque dix ans, avec mes pierres. J'ai presque oublié le froid, la pluie et je suis parti dans une séries d'installation jusqu’à la nuit tombée. Sauvé par la nature.
à quelques centaines de mètres de là, j'ai installé un temple, comme une porte franchissant une rivière vers le Soleil Levant.
J'étais à la limite de mes forces restantes.
Et puis en reprenant la route vers l'est, j'ai retrouvé une partie plus empierrée, au pied des hautes falaise, avec ce long rocher horizontal. Ne rien faire aurait été bien aussi, mais j'ai élevé ce cairn, pour faire une liaison entre le ciel, la terre, la mer et le vent.C'est là, que je mes suis assis, une fois le travail terminé. Je me situais alors au centre de cette circulation d'énergie et je me suis senti, bien, apaisé. Il faisait nuit, lorsque j'ai repris ma route. J'ai appelé Marie-Claude pour entendre sa voix. Entre deux silences, nous nous sommes parlés avec l'envie de se retrouver très vite.
Roger Dautais
A l'heure où j'écris ce billet, 103306 personnes ont visité LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS.Je les remercie chaleureusement et je continue la route.
Merci à l'équipe de journalistes du PORTAIL DU LAND ART www.landart.fr qui a continué à me soutenir malgré mes difficultés de santé.
Effraction
1
Il s'en faut toujours de peu
Mais venir jusqu'à terre
Là où le fleuve s'insurge
Où la lave s'appête
2
N'écrire ne vivre
Que dans l'effraction
Là est la seule demeure...
Passagère
"
Tu ne seras que là-bas
A terme
Dans ce dépôt de toi
Jeté sur l'horizon
Dans l'espace de ce dedans
Qui n'ose le présent
Dans l'espace de ce magma lourd
Qui t'affole et crispe
Et te rend à ton silence.
Guy Allix
SURVIVRE ET MOURIR -
ROUGERIE mars 2011
A l'heure où j'écris ce billet, 103306 personnes ont visité LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS.Je les remercie chaleureusement et je continue la route.
Merci à l'équipe de journalistes du PORTAIL DU LAND ART www.landart.fr qui a continué à me soutenir malgré mes difficultés de santé.
Effraction
1
Il s'en faut toujours de peu
Mais venir jusqu'à terre
Là où le fleuve s'insurge
Où la lave s'appête
2
N'écrire ne vivre
Que dans l'effraction
Là est la seule demeure...
Passagère
"
Tu ne seras que là-bas
A terme
Dans ce dépôt de toi
Jeté sur l'horizon
Dans l'espace de ce dedans
Qui n'ose le présent
Dans l'espace de ce magma lourd
Qui t'affole et crispe
Et te rend à ton silence.
Guy Allix
SURVIVRE ET MOURIR -
ROUGERIE mars 2011