Long road 13 Y.
Depuis des années, les heures creuses se remplissent et coulent sous un soleil, absent. Elle m'attend.
Je pense à elle tout au long du fleuve.
à Marie-Claude...
Voici une demi-heure que je marche sur la rive gauche du fleuve. Elle est très inhospitalière pour mes vieilles jambes. Je descend jusqu'à l'eau pour admirer la lumière que le fleuve reflète avec générosité, simplement cela...admirer, dans un premier temps.
Je m’assied sur une pierre plate. L'eau est fraîche et rapide. Je pense à installer, hors du courant, deux figures géométriques et végétales qui accompagneront le cours naturel et sauvage du fleuve.
Il y a du bonheur à réaliser ces petites installations et de les voir s'inscrire, petit à petit dans le paysage fluvial, où, de toute façon, elles n'occupent qu'une place éphémère.
Je remonte vers le chemin qui relie l'ancienne mine de fer au village.
Il y a ainsi, quatre façons de se déplacer du Sud au Nord dans cette région: les berges du fleuve, le chemin principal, une ancienne voie ferrée et un tout petit chemin dans le bois qui recouvre quelques collines.
Je suis dans le sous-bois et le chemin monte en pente douce jusqu'à un étang dont l'accès est devenu invisible, tant la végétation a poussé autour.
J'ouvre un passage entre les ronces jusqu’à l'eau dont l'eau a baissé cet été. La lumière perce à peine entre les branches. L'endroit est lugubre. Je choisi parmi quelques pierres rares, les plus belles pour élever un cairn en souvenir de mon passage, ici.
Aucun oiseau ne chante. Même les fougères sont muettes. Je quitte les lieux sans regret.
Je redescend vers le fleuve et franchis un bief que donne accès à une île. Les hautes eaux tumultueuses des inondations d'hiver ont dégradé le sol au pied des grands arbres. Devant un dédale de racines hoquetant à la surface de la pente et qui attire le regard, je m’arrête un instant.
Je jette quelques poignées de baies rouges, comme on sale une soupe, entre ces racines qui courent à l'air nu, puis je fabrique deux échelles perpendiculaires qui serviront à partager deux espaces au-dessus.
Un dernier regard au fleuve et je reprends la direction du Nord. Elle m'attend. J'ai hâte de la retrouver, celle que j'aime.
Roger Dautais
Voyageur, tu entres
au royaume du brouillard
et des apparences.
***
Trop vite grandi
le brin d’herbe impétueux
s'est brisé en deux.
Ph.Caquant
***
Poèmes
autant de tentatives
d'être heureux.
Clod'Aria
***
Après le coup de vent
pourquoi es-tu si calme
coursier sans âge
P. Courtaud