Énergie : à Maud Rosenfeld,seulement |
Bar de l'étoile...
Étranger
en terre Normande, je marche plein Ouest, vers celle de mes
ancêtres. Trente année de quête, est-ce suffisant pour tenter de
réduire cette mélancolie celte ? Non.
Le soleil se coucher
dans moins d’une heure. Les ombres s’allonger dans les oyats.
De milliers de petites horloges se mettent en route dans les dunes.
Le vent bat la
mesure du temps : tic...tac...tic..tac Mon cœur bat à
l’unisson.
Au Nord, la mer grise,clapotante, monte vers le
brises-lames brunis par le sel. Quelques sternes volent, fluides, en
pêche,au-dessus des vagues.
J’ai emporté un
petit fagot de tiges de fougères roussies par l’été. Cueillies
à Merville-Franceville, les voici, trente kilomètres plus loin, en
côte de nacre.
La beauté de la
plage m’invite à m’asseoir. Face à la Manche, je fais le
vide, pose mes fougères, laisse mon esprit rejoindre la Bretagne de
mes morts.
Bientôt, je vous rejoindrai. Promis.
J’ai souvent ce
sentiment d’avoir assez. vécu, de conclure, dans un lieu comme
celui-ci, serait idéal. Terrible combat entre la vie et la mort.
Je dois occuper
mes mains.Je sors mon opinel et taille des bûchettes de la même
longueur . Je ne sais pas ce que j’en ferai. Le soleil couchant me
guidera sûrement.
Dans le sable froid,
de dessine devant moi, vaguement une forme ronde du plat de la main. J’y vois
une trace d’énergie, puis une spirale. Tout naturellement, mes
bûchettes prennent place.
Si tu savais, Maud,
amour d’enfance, comme tu me manques ici. Je quitte tout, Je pars te rejoindre au bar de
l’étoile, pour l'éternité. Nous somme en 1947, je t’aime toujours.
Roger Dautais
LE CHEMINDES GRANDS
JARDINS
Création land art : Roger dautais;
« à
l’Ouest...ils dorment. « à Maud Rosenfeld
Côte de Nacre - Nord-Ouest de Caen
***
Pour Annaïg Gwernig *
Café noir.
Tout est brumeux en cette saison. Miz Du, comme ils disent, les gens en noir. Brumeux, les morts sous leur terre trop tassée. Brumeux, le lac de Brénilis, aux portes de l'enfer.
Et le Menez Hom, pareil, brumeux.
Pas d'Anges, pas d'Archanges, même Dieu est brumeux.
Nous sommes dans la cuisine, basse de plafond, sol en terre battue. On est mal éclairés. Il fait trop sombre pour avoir l'idée danser la ridée.
Et puis, le Père est parti. Maintenant, la fille qui s'en va.
Le mondest triste.
Sur la cuisinière allumée, le café reste au chaud.
Elle entre dans la cuisine. Elle nettoie les miettes du plat de la main,sur la toile cirée de la grande table. Elle dispose quatre tasses, quatre petites cuillères, du sucre, devant nous. Elle sert le café, en silence, pour Youenn, pour Annaïg, pour nous, aussi.
Frissons.
Sur le Menez Hom, la Grande Tribu, sonne pour eux, dans la brume.
Dans ton regard clair, la brume se lève.
Ici, nous serons heureux, l'instant du café noir.
Roger Dautais
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