La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

samedi 27 avril 2019

Énergie   :  à Maud Rosenfeld,seulement


Bar de  l'étoile...

Étranger en terre Normande, je marche plein Ouest, vers celle de mes ancêtres. Trente année de quête, est-ce suffisant pour tenter de réduire cette mélancolie celte ? Non.
Le soleil se coucher dans moins d’une heure. Les ombres s’allonger dans les oyats. De milliers de petites horloges se mettent en route dans les dunes.
Le vent bat la mesure du temps : tic...tac...tic..tac Mon cœur bat à l’unisson. 
Au Nord, la mer grise,clapotante, monte vers le brises-lames brunis par le sel. Quelques sternes volent, fluides, en pêche,au-dessus des vagues.
J’ai emporté un petit fagot de tiges de fougères roussies par l’été. Cueillies à Merville-Franceville, les voici, trente kilomètres plus loin, en côte de nacre.
La beauté de la plage m’invite à m’asseoir. Face à la Manche, je fais le vide, pose mes fougères, laisse mon esprit rejoindre la Bretagne de mes morts.
 Bientôt, je vous rejoindrai. Promis.
J’ai souvent ce sentiment d’avoir assez. vécu, de conclure, dans un lieu comme celui-ci, serait idéal. Terrible combat entre la vie et la mort.
Je dois occuper mes mains.Je sors mon opinel et taille des bûchettes de la même longueur . Je ne sais pas ce que j’en ferai. Le soleil couchant me guidera sûrement.
Dans le sable froid, de dessine devant  moi, vaguement une forme ronde du plat de la main. J’y vois une trace d’énergie, puis une spirale. Tout naturellement, mes bûchettes prennent place.

Si tu savais, Maud, amour d’enfance, comme tu me manques ici. Je quitte tout, Je pars te rejoindre au bar de l’étoile,  pour l'éternité. Nous somme en 1947, je t’aime toujours.
Roger Dautais

LE CHEMINDES GRANDS JARDINS

 Création land  art  : Roger dautais;

« à l’Ouest...ils dorment. «  à Maud Rosenfeld 
Côte de Nacre  - Nord-Ouest de Caen


***


Pour Annaïg Gwernig *


Café noir.


Tout est brumeux en cette saison. Miz Du, comme  ils disent, les gens en noir. Brumeux, les  morts sous leur terre trop tassée. Brumeux, le lac de Brénilis, aux  portes de  l'enfer. 
Et le Menez Hom, pareil, brumeux.
Pas d'Anges, pas d'Archanges, même Dieu est brumeux.
Nous sommes dans la cuisine, basse de  plafond, sol en terre battue. On est mal éclairés. Il fait trop sombre  pour avoir l'idée danser la ridée.
 Et  puis, le Père est parti. Maintenant, la fille qui s'en va.
Le mondest triste. 
Sur la cuisinière allumée, le café reste au chaud.
Elle entre dans la cuisine. Elle nettoie  les  miettes du plat de la main,sur la toile cirée de  la grande table. Elle dispose quatre  tasses, quatre  petites cuillères, du sucre, devant nous. Elle sert le café, en silence, pour Youenn,  pour Annaïg,  pour nous, aussi. 
Frissons.
 Sur le Menez Hom, la Grande Tribu, sonne  pour  eux, dans la brume.

Dans ton regard  clair, la brume se lève.
 Ici, nous serons heureux,  l'instant du café noir.

Roger Dautais

*
https://abp.bzh/deces-d-annaig-baillard-la-grande-tribu-en-deuil-47412



Prana  :  pour Anne Le Maître

L'air tisse  l'univers, le souffle, l'homme.
Atharva Veda

Ruah...
L'air est chaud. Je viens d'installer,  une flottaison sur une langue d'eau s'introduisant en terrain sec. Sensualité reptilienne d'une eau,  tiédie au soleil, qui donne la vie sous les aulnes. Les arbres se parlent, frémissent.
Je fait silence. J'avance en terre sacrée.
Des centaines, voire, des  milliers de  menhirs couvrent la région. Le sol  n'est que vibration, mémoires,  à fleur de  peau. Le sol recouvert d'aiguilles de  pin,est  craquant comme du pain  frais, souple, sous mes pas. Les fougères expriment leur  joie de côtoyer ces ancêtres de  pierre. Elles donnent de la fraîcheur  à  mon regard qui se  pose sur  un camaïeu de verts, divin.
Dans ce territoire situé entre Plouarnel, Erdeven, Carnac et Crucunio,se trouve un  menhir qui  porte le nom de : Chaise de  César. Je me dois de le trouver, de  m'asseoir sur ce trône,, comme  on  le fait sur celui de Sarah Bernard,  à la Pointe des poulains de Belle-Île.
N'y  ont droit que les rêveurs, les autres passent  à côté de  tellement de choses  !
Il est difficile d'installer dans de tels endroits sacrés. Si chargés  d'histoire, de corps défunts, déposés, à même ce sol, devenus, humus.
Sans respect, tout ce que tu fais là-bas,  n'a aucun sens.
 Après avoir choisi,  une superbe allée couverte, c'est  à genoux,  au  plus près du sol et des ces habitants éthérés, que je trace  une spirale avec  mon doigt,  à  même me sol du  grand dolmen. Je rejoins ainsi,dans ce  mouvement, toute cette force  puissante que  m’envahit et que je partage dans ce signe de vie.
Je ne ferai pas  plus.
Le retrait s'impose, digne.
Il est  impossible de quitter ces  lieux, sans  remercier, sans empreinte au cœur.
Vous comprenez cela ?
Roger Dautais

 Photo  : création land art de Roger Dautais
" Prana " :  pour Anne Le Maitre
Région de  Plouharnel  - Bretagne

***

Grand garage blanc

De quel  pays abandonné me parles-tu, Gaby?
Tant de  mémoires abandonnées, comme ds chalets aux volets fermés,tant d'histoires vécues,entendues, racontées, sur le chemin de halage qui  menait  à  l'écluse. Tant de  non-dits, enfouis sous  l'humus de ta pensée, sur lequel  pousse ton arbre.
Mais, tu ne le vois  plus cet arbre de vie qui te procure de  l'ombre en été. Tu ne le vois  plus celui que tu as aimé,  puis rejeté,  pour ne garder que ta jeunesse. Tu  n’entends  plus tes voix  intérieures, belle adolescente, que tu  me confiais, sous les étoiles de Lehon ? Toutes ces mémoires refermées sur elles-mêmes  et que tu refoulais  pour être  tranquille.
Toutes ces  petites choses qui faisaient de toi,  un être éclairé, dont tu ne tenais  plus copmpte, je les ai ressenti comme ta part d'ombre qui  grandissait, qui  allait nous éparer, au  moment  où  tu  m'a  lâché la main, cette nuit.
.
 Roger Dautais
Les écluses de Pont Perrin.


P.S
Ce texte qui évoque  mes  premières amours adolescents, j'avais 14 ans et qui durèrent  une année scolaire, m 'a été donné, sous  morphine.
Un beau rêve qui  m'aura probablement accompagné dans ces grandes douleurs qui furent les  miennes après l'opération.
Dès que j'ai  pu  prendre des notes sur mes visions,  mes rêves, mes délires,, soit 5 jours après cette  opération du coeur,  je l'ai fait.
 J'ai attendu d'être,  plus en forme, mais toujours hospitalisé  pour entreprendre  un travail d'écriture pendant 19 jours.
C'est  pour moi,  une expérience  unique qu rejoint, celles d'écriture automatique  ou sous emprise de stupéfiants, menées  dans les années 70-75,  où je recherchais à  incarner ces états de conscience modifiés, décrits par Castaneda  pour créer, expérimenter,surtout en arts graphiques. et en  musique . J'ai  pratiqué seul  ou en groupe.
R.D.

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.