|  | 
| Solitude en côte sauvage : pour Anne Le Maître | 
|  | 
| Passion d'estran : à Marie-Claude | 
|  | 
| Scarface II : pour Danièle Duteil | 
|  | 
| Mortelle vision : pour Elena Nuez | 
|  | 
| Lampedusa, le rappel : pour Sasa Saastamoinen | 
|  | 
| Géométrie d'un espace offert : à Paul Quéré | 
|  | 
| Le nid : pour Thérèse | 
|  | 
| Ainsi voyagent mes rêves : pour Erin | 
|  | 
| Les raisons cardinales : pour Isabella Kramer | 
|  | 
| Carré Turc :pour Synnöve Schneider | 
|  | 
| D'est en Ouest : pour Marie-Josée Christien | 
|  | 
| Le chant du Loc'h : pour Christian Cottard | 
|  | 
| Salutation au soleil : pour Tilia | 
|  | 
| Les mémoires d'Izmir : pour Alil, Adil et les autres. | 
|  | 
| Dernière vision : pour Charb, Cabu, Tignous et Wolinski et leurs amis. | 
Dès lors que l'on renonce à tout comprendre, tout s'éclaire.*
Marie-Josée Christien
Côte sauvage.
L'ai-je assez dit ? Je suis connecté à ce   monde trop oublié,  à celui que vous ignorez trop souvent et qui  nous sert de  lieu de vie : la terre. Je  l'observe, la contemple, me disant que cette perception n'est peut-être pas la réalité, pourtant, elle me sert à nourrir  mon  imaginaire.
Il me reste trop peu de temps devant  moi  pour devenir docile.Je fréquente les chemins de traverse, saluant, dolmens et menhirs. L'arpente les landes, cours les  pinèdes, admire les champs de  fougères, rejoins les rivières si la  lumière  m'y  invite et continue mon  œuvre en toute solitude.
Mon empathie avec le  monde naturel est née de l'avoir fréquenté assidument depuis ma petite enfance. Le contraire était inimaginable 
Je quitte le bourg de Saint-Pierre-Quiberon et  je me dirige vers la côte Ouest de la presqu'île.
La météo prévoyait grand beau mais le ciel décide ce matin de couvrir la
 côte sauvage d'un voile gris perle. Sans-doute porte-t-telle le deuil 
des trois derniers noyés disparus il  y a quelques jours, victimes de 
leur imprudence. Perdre la vie dans  un aussi beau paysage et dans ces 
conditions dramatiques, reste malgré tout, quitter notre  monde 
définitivement.
Je marche sur la ligne de crête, face  à l'océan. Un fort vent d'ouest me fouette le visage. J'emprunte un passage assez pentu pour des cendre sur la petite  plage enserrée entre de gros rochers. Aucun arbre ne se risquerait  à prendre racine ici. C'est la côte sauvage. Vents et tempêtes  ont tout arasé. 
Une rumeur de danger permanent se fait mémoire,  puis,  oubli. Bien que la mer soit  lion, je conserve  l'image de ces trois noyés pendant tout  mon travail. Cette tragédie en fait partie. Je les  imagine partis comme des bois flottés puis drossés sur les rochers. Peut-être trouverai-je dans les sables,  un de  leurs mots perdus, un cri,  un appel au secours que la mer aura rejetés sur cette plage  à souvenirs noirs.
Un grand nombre de  pierres  libres me facilite la tâche du choix, mais je dois faire très attention  au moment des transports jusqu'au lieu des cairns. Le terrain est accidenté et glissant. Les cairns  montent les  uns après les autres. Le fort vent d'Ouest les abattra tous sauf  deux, élevés  à l'abri des falaises. 
Je termine  l'exercice des cairns, en sueur. La fatigue  m'éreinte. Je marque  un temps d'arrêt et récupère assez vite  pour pouvoir profiter de l'exceptionnelle  beauté des  lieux. Pourquoi faut-il qu'elle soit entachée de  morts ? L'effort fait partie de ma vie, comme d'autres le fuient. Il  me semble  même  indispensable pour atteindre la créativité dans l'exercice des cairns.
Plus paisibles étaient,  il y a quelques  jours, les  installations au Lac Saint Jean, dans les grandes fougères. Ces grandes fougères qui se referment la nuit sans bruit, sans explication. Probablement pour protester conte le soleil  qui  à son coucher, leur vole le jour. Doit-on tout expliquer  pour être heureux? Il  y a aussi l'état des choses contre lequel on ne peut rien. Ceci  nous  invite  à voyager leger vers la sortie.
Roger Dautais
Jachère
Il
faut qu’un jour les mots que tu voulais
Mais
qui n’étaient pas ce souffle
Qui
voulait à la fois jaillir et fouiller en toi
Il
faut qu’un jour les mots tus fassent bouillie
Se
mêlent enfin au sang devenu noir
Et
tracent eux-mêmes comme une ombre lucide
Sur
la page
Guy Allix*
Le sang, le soir
Editions Le Nouvel Athanor  2015 
  Retrouvez  *Guy Allix
 https://plus.google.com/101564392025895497486/posts/6zu8EUnEdc3
et
*Marie-Josée Christien 
 http://mariejoseechristien.monsite-orange.fr/
citation  in  " Petites notes d'amertume" M.J. Christien Editions Sauvages 2014
 
