Parenthèse 72 : pour Youenn Gwernig |
Espace-temps : pour Maïté Aliénor |
Mémoire des sables ; pour Paul Quéré |
Le guetteur de la passe : pour Serge-Mathurin Thébault |
Équilibre : pour Jesus Alvarez |
Le chant de Saint Phil : pour Marie-Josée Christien |
Jusqu'au dernier : pour Béatriz Macdowell |
Les sept raisons d'être : pour Francois Esperet |
L'instant zen : pour Alexandre Jollien |
Ondes courtes du Mané Kerioned : Pour Joelma |
Le retour des cupules : pour Mary Partition au cœur de l'été : pour Leeloo |
Un trou dans le ciel : Pour Christian Cottard |
La porte de Mor Braz : pour Patrick Lucas Signal d’embarquement vers les rêves : pour Erin |
La grande spirale d'Etel : pour La Grande Tribu |
Route 72
Sables...
Lors que je prends la direction de la côte Atlantique, je pense trouver de bonnes conditions, pour y créer une spirale. Je ciel est couvert, avec promesses d'éclaircies. La configuration de la plage de Plouharnel ne convient pas pour ce travail. Je rebrousse chemin et fais route vers la Ria d'Etel. Au sud de la route, l'Atlantique, au nord, les landes à perte de vue, les pinèdes où je viens régulièrement marcher à la rencontre de dolmens et menhirs,en grand nombre sur cette terre sacrée.
Je débarque sur la rive gauche de la ria. La mer est calme et bleue. Aucune trace de la barre. Je laisse le sémaphore à ma droite et me dirige vers l’océan, aperçu au sommet de la première dune. La plage est en pente et plonge à pic dans les flots. Je vais tracer au milieu d'une pente, ce que rend l'exercice toujours plus difficile. Il faut tenir entre une heure et une heure et demi, selon le terrain.
Le centre se choisit à l'estime, en tenant compte de la marée. Je commence et des les premiers pas, les sensations sont très bonnes. Avec 17 années de pratiques, je me suis affranchis de la technique pour tendre à évoluer dans un espace de liberté absolue. Il s'agit bien ici d'une expression de ma propre identité, confiée au sable, à la mer et aux vents. Nulle commande mercantile, mais la simple volonté de continuer la route pour m'éloigner, me couper du présent,s'il le faut, pour retrouver les sensations premières de l'enfance. C'est aussi, pour moi, une façon de réussir ma vie, dans l'instant.
Rochers...
Ce matin, les pierres respirent. Je sais que mes cairns auront une courte vie. Le vent d'Ouest est joueur. Il se fait un plaisir de basculer mes cairns. A marée descendante au pied des falaises de Ty Bihan de Carnac, je trouve les rochers absolument lisses,humides et glissants. Je passe beaucoup de temps à choisir l'endroit où je pose mes pieds, pendant les déplacements des plus lourdes pierres. Tombe r en ces lieux déserts au petit matin, reste le danger majeur. Je le sais.
La découpe de la côte, par de multiples tempêtes, me laisse un choix pour y élever des cairns, face à l'Océan. Ainsi ce premier qui s'élève pour faire un trou dans le ciel, suivi d'un second. A deux, ils deviendront la porte ouvrant sur la Mor Braz. Malgré les efforts consentis, je goûte ces instants de paix et de solitude auxquels j'aspire, loin des foules vacancières.
Le ciel se dévoile un peu. Il ne fait que 9° en ce matin breton. Il est 7 heures.
Route 72
Faisans route vers Carnac, je décide de faire demi-tour, en plein bouchon puis de prendre celle de Locmariaquer, et La Trinité sur mer , pour trouver un endroit, calme, sinon désert. Je le trouve sur la côte ouest de St Philibert. Ici, pas de plage, mais une large passe qui dessert le port de la Trinité. Je quitte la route et descends au ras de l'eau dans une crique déserte. Je vais y élever trois cairns. Une fois levés, les cairns sont habité par une présence qui m'interpelle. Un dialogue de muets s'installe entre l'infime et l'ultime. La pierre dit l'universel par sa présence. Regarder, comprendre, emprunter, transformer, élever, offrir et vivre pleinement cette joie née d'un cairn. Reprendre la route sans rien emporter.
Le retour des cupules...
Les chênes, nombreux, ici, seront généreux cette année. Je me souviens d'avoir manqué de leur présence, où nos vivions en Normandie. J'aimais ces arbres dans mon enfance bretonne et je les retrouves, compagnons de route. Cette année les glandaies seront abondantes . Cela m'a déjà permis de récolter akènes et cupules,puis de quelques installations réalisées dans cette région si riche en magnétisme auquel je suis sensible et qui m'inspire.Vivre parmi les dolmens et mehnirs, n'est pas une mince affaire
Roger Dautais
« Temps de la profondeur,
temps sans syllabe,
où je ne suis qu’un son
en marche vers la fatigue »
temps sans syllabe,
où je ne suis qu’un son
en marche vers la fatigue »
Angye Gaona
SUD
La route rêve qu’elle mène à la mer
alors qu’elle gravit le volcan
ou traverse le grand marais.
La route au bord de l’océan
se souvient de la neige et de l’aveuglement,
du secret de la lagune
du babil de la jungle.
La mémoire de la route est nomade :
les souvenirs traversent le temps dans tous les sens,
mènent par ci, par là.
La route cueille des parfums évanouis,
laisse des hardes oubliées et des regards brisés,
elle contient des adieux qui, multiples,
se réfractent dans le rétroviseur.
Parfois elle revient, la route,
apportant avec elle
paysage âge trace.
Angye Gaona
La route rêve qu’elle mène à la mer
alors qu’elle gravit le volcan
ou traverse le grand marais.
La route au bord de l’océan
se souvient de la neige et de l’aveuglement,
du secret de la lagune
du babil de la jungle.
La mémoire de la route est nomade :
les souvenirs traversent le temps dans tous les sens,
mènent par ci, par là.
La route cueille des parfums évanouis,
laisse des hardes oubliées et des regards brisés,
elle contient des adieux qui, multiples,
se réfractent dans le rétroviseur.
Parfois elle revient, la route,
apportant avec elle
paysage âge trace.
Angye Gaona
Naissance volatile, in Cahier spécial Angye Gaona, La voix des Autres n°5 mars 2012. Traducteur Pedro Vianna