" Chemin de vie " à ma femme aimée |
À Marie-Claude.
Absence de toi.
L’ordinaire de mes jours, dévore le vent, derrière les collines. Il retourne les terres noires et moissonne les idées venues en masse. L’ordinaire, efface la mémoire, en convoque une autre, plus enfouie, plus intime et qui te tire les larmes. L’ordinaire, c’est le blues de toi qui me prend aux tripes, lorsque tu t’absentes. L’ordinaire se vit sur les quais du port, d’où tu as embarqué pour les îles et qu’il attend le flux de la prochaine marée. L’ordinaire , c’est quand je me mets, seul à table, écartant les miettes du repas d’un revers de main, avant de me servir un verre de vin, main tremblante. L’ordinaire, c’est chercher jusqu’à mon dernier sou, pour acheter le pain. L’ordinaire, c’est raccommoder le temps perdu à raconter des vies et des vies, à des inconnus, sur un quai de gare. L’ordinaire, c’est poser une lune dans les coquelicots, puis une deuxième et attendre que le soleil vienne les éclairer. L’ordinaire ce sera de voir le ciel s’assombrir et disparaître les copains, un à un, l’hiver, et de se rendre compte que le monde retournera quand même, sans eux.
L’ordinaire changera le jour où, à la pointe de Kerpenhir, je verrai s’approcher la belle vague d’étrave de la Sterne, vedette blanche et bleue comme te yeux. Parce que je te saurai de retour et bientôt dans mes bras, pour vivre notre ordinaire à deux.
Roger Dautais
Route 78
Photo : création land art de Roger Dautais
" Chemin de vie " à ma femme aimée
Bavent - Région de Caen - Normandie
Année 2000