Émergence : à Marie-Claude |
42 : Pour Raymond, Édith et Maud, seulement |
Âmes en peine de Kerdaniel: Pour Ana Minguez Corella |
Liaison en Ria d'Auray : Pour Uuna |
Les muets et les autres : To Sasa Saastamoinen |
Fontaine de Brec'h : hommage aux sourciers. |
Partition pour le chant du Loc'h : Pour Joelma |
Le retour au pays : Pour Sayada |
La ligne rouge : To Erika |
Le guetteur du Loc'h : Pour Marité |
Les Dominicales : pour Serge Mathurin Thébault |
Le pré carré des rouges : To Teca |
L'aide mémoire: pour Inès |
Finitude : pour Guy Allix |
Travailler pour des nèfles...
La fontaine se situe à cinq ou six mètres en contrebas de la route, non loin d'une chapelle, à la sortie Est du bourg. L'été dernier, j'ai fait la rencontre d'un marcheur de la région qui m'a indiqué ce lieu, parlé de cette fontaine et d'un chemin creux menant à un pont romain, situé à quelques centaines de mètres plus bas, au sortir du bois. Dans un premier temps, je découvre, avec plaisir une petite fontaine de granite, incluse entre deux talus.
J'ai toujours aimé les sources, les fontaines, probablement guidé en cela par mon grand-père paternel qui était sourcier et possédait, me racontait mon père, quelques dons de guérisseur qu'il emporta avec lui, en disparaissant de cette terre. Il se prénommait, Pierre et j'en suis le gardien de sa mémoire lorsque, découvrant une source ou une fontaine, c'est à lui que je pense en premier. Pour cette raison, et pour cela seulement, j'emploie le coudrier dans mes installations, car il est le bois préféré des sourciers. Cette fontaine blottie dans la pénombre m'attire par son magnétisme, me fascine comme les autres, au point d'y faire une halte. Après un glanage de végétaux alentour, je réalise une installation flottante et éphémère que je dédie aux sourciers . Une heure est très vite passée dans ce genre d'exercice et je reprends la marche vers la rivière du Loc'h.
Ce chemin creux traverse un bois tapissé de fougères qu'un pâle soleil d'automne caresse avant de terminer sa journée. Sans trop savoir où je vais, je tourne sur ma droite, vers la lumière dans un espace planté d'aulnes et je débouche très rapidement sur un petit lac.
Surprise, le point de vue est magnifique, bien que la lumière décline un peu, car le ciel pommelé se reflète parfaitement dans cette eau immobile.
Je découvre enfin le pont romain que je franchis avec émotion pour la première fois. La voie qu'il porte et lui sert de voûte est dallée de très grosses pierres. Les arches sont parfaitement conservées et laissent l'eau de la rivière, s'écouler d'amont en aval, pour remplir le lac. Je suis seul, quelques chants d'oiseau colorent ce silence où je suis bien, contemplant cette belle nature. Il est trop tard pour que je me lance dans une exploration des rives du lac, aussi, dans un premier temps, je vais élever un cairn sur une très grosse souche de chêne, couchée dans l'eau à un mètre de la rive. L'exercice est périlleux. Je dois aller chercher mes pierres, une à une sur la rive, les approcher de l'arbre mort, me tenir en équilibre au dessus de l'eau, un pied sur le tronc, un pied sur la rive, déposer la pierre sur la souche, recommencer et trouver un équilibre à tout cela. Je l'avais imaginé plus facile à faire, mais en bon Breton, je mets un point d'honneur à terminer ce que j'ai entrepris. Mon seul soucis est de terminer avant que la lumière ne soit trop faible car je n'aime pas prendre des photos au flash. Je réussis mon pari et termine à temps. Il est magnifique, émergeant du lac comme un trait-d'union entre le ciel et la terre.
Je ne suis qu'à une vingtaine de kilomètres de la mer , de la pointe de Kerpenhir, marquant l'entrée du Golfe du Morbihan où je travaille régulièrement,et pourtant, c'est un dépaysement total dont je me réjouis.
Porté par cet enthousiasme, je remonte la rivière du Loch qui ressemble à un petit torrent de montagne. Je tombe sur un passage à gué et une réserve de pierres suffisante pour élever quelques cairns. Pour la première fois depuis bien des semaines, je suis accompagné par le chant d'un merle et je pense aussitôt à mon Père. Si vous suivez mes chroniques, vous saurez pourquoi.
Très rapidement, je prends un bain de pieds et je me promets de revenir avec une paire de bottes ( ce que je ferai deux jours plus tard), car sans être frileux, ce n'est pas vraiment la saison et puis mes chaussures m'ont dit ne pas aimer.
Je termine mon avancée sur la rive droite du Loch' et je débouche sur une immense prairie qui s'étend au pied d'une petite falaise de granite d'où sont tombés d'énormes rochers qui auraient fait le bonheur des éleveurs de Menhirs. Je décide de faire demi-tour et en chemin, je tombe sur un néflier sauvage dont je prélève quelques fruits qui vont me servir pour des installations réalisées en Ria d'Auray.
Cette période n'est pas clémente, ni le vent, ni la pluie ne nous épargnent et comme je n'ai pas encore de santé à revendre, je me suis contenté de travaille dans la proche région qui me donne toujours autant de plaisir. Bien sûr, je rêve à la mer, aux grands espaces, aux dolmens et aux menhirs mais j'attendrai encre un peu avant de les rejoindre..
Roger Dautais
Aucune balle
Sur l'ardente fièvre des mots
s'élève une clameur
Que nul ne pourrait faire taire
Aucun couteau
Aucune balle
***
Simple
Il est simple de vivre
Faire comme la terre
Fermer la main
A toute possession
Glaner du parfum
Dans un chemin
Arrimer ses épaules
Aux portemanteaux
Des branches.
Cécile
Ma mère
la simple l'ordinaire
agence le quotidien
de la parcimonie
des actes humains
Il pleut de l'averse
sur les toits d'Amsterdam
Il bruisse un poème
de mes doigts qui se damnent
Ma mère
pose
son cou
de dame
à la surface
de l'écrit
Serge Mathurin Thébault
" A A "
Editions@rt.chignaned 2009
Collection Alréenne