Aux voyageurs, à leur étoile...
Rien n'est facile. Je pense à ceux qui un jour m'avaient écrit pour "nettoyer mon blog" des étoiles de David trop présentes à leurs yeux et des gisants, " de mauvais goût" selon eux. Et je les ai ai écouté, en partie, écœuré par ces bonnes âmes qui , je pense, rêvaient d'en faire autant dans la société. Ainsi le land art ne leur échappait pas et en cela, ces censeurs me confortaient dans ma démarche : je faisais bien partie de la société. Il en faut de peu pour être jeté aux orties. Il suffit de classer le conformisme aux oubliettes et c'est vous que l'on enverra dans un cul de basse fosse. En ces temps de propreté à tout crin, les artistes ont rarement été épargnés. Il reste cependant le moyen de poursuivre son chemin à condition de ne pas concourir pour un prix assurant la fortune, ni pour une sculpture en bronze immortalisant votre personne. Et ça tombe bien, ce n'est pas ce que je cherche. Voici donc revenus sur cette page, une étoile de David et un gisant de pierre, au nom de la liberté d'expression.
J'ai soulevé ds pierres sans compter ma peine et la vie est passée comme ça. Trop simple d'abandonner si le chemin est en pente, deux vies suffiront à le gravir. Je t'entends, mon amour, absente, respirer en moi et ton souffle rythme mes pas. C'était bien avant, me dis -tu,
c' était le passé. Rien n'a survécu, sauf la mémoire. Tu lèves tes yeux bleus au ciel, tu le sais pourtant bien, elles n'ont pas laissé de traces dans le ciel, les hirondelles en partance, simplement, dans ton cœur. Dans le désert, le jour se lève. Le chamelier panse ses bêtes. Je t'y emmènerai bientôt compter les étoiles. Garde espoir, demain, c'est déjà presque fait. Le temps de s'arrêter une nuit , c'est tout. Tu le sais bien aussi, elle hésite à tomber à cause du soleil puis elle allume ses étoiles, la nuit. Ne t'en fais pas pour moi, dans l'usine le labeur pèse sur les bleus, ici, ma peine est libre. Je ne sais plus parler, j'ai donné ma voix aux oiseaux. Je marche dans le silence en les regardant voler. Manœuvre, je m'écorchais les mains et le mur s'élevait, droit. Je suis resté à son pied, endormi pour toujours. L'âge, je n'en n'ai plus besoin. Il me suit partout. C'est devenu un ami invisible. Avec moi, il te manquera toujours un sou, jamais un bonjour,mais ta vie se terminera ainsi.
Les heures s'égrènent, je m'écarte de ma vie, le temps d'oublier que demain arrive. La terre me cherche. Je n'ai plus le sens de la marche. Il faudrait penser à creuser, bientôt. Une poignée de cendres, un souffle de vent: conclusion d'une vie bien remplie.
Roger Dautais
(Bremen)
A-t-il touché la foudre
nuque et cheveux de pierre
l'ange au regard de cathédrale
le visage fléchi
vers son propre miroir
dans les décombres ?
La vile est comme un bruit
qui se répand
avec les murs
déshabille ses ombres
Le ciel
éventre les fenêtres
son épaule de lumière s'accroît avec
le vent
La cendre
sur les briques
sur les chaussures l'ombre des avions.
Bruno Berchoud
L'ombre portée du Marcheur (1998)