La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mercredi 2 décembre 2009


à l'obsidienne des marges...




Je suis un "Hipster à tête d'ange"...


Parfois, les mots, dans ma nuit, viennent remplacer les étoiles mais je ne les oublie jamais. L'enfance est là qui revient avec son cortège de fantômes. Je suis dans les ruines des bombardements, les souvenirs de guerre dans le ventre de ma mère, la cour occupée à Pontchateau, les soldats Allemands, la très petite enfance, la drôle de guerre, l'arrivée sur la terre de mon deuxième frère et ces bombardements sur Donge. Je vois le feu, je sens le feu qui ronge ma mère et l'affole pour nous. De cette toute petite enfance, j'ai oublié le père et comme lui incapable de dire pourquoi cette peur du noir, , encore aujourd'hui, présente, et " combler ce trou de mémoire ". Il y a cette attaque en piqué d'un avion Allemand sur le champ de courses, les victimes et moi, dans un landau, au milieu, vivant. Tant de fois racontée, cette histoire n'a plus de sens autre que la chance un survivant, je ne suis à voir ce fait comme l'abandon d'un enfant par peur, pour sauver sa peau Sans doute aurai-je fait pareil que mes parents, je ne sais pas.... Après, plus tard en 1945, le retour des camps... après 5 ans d'absence... les veillées de mémoire de guerre, de "raconte Papa" et de " pourquoi Tonton ne parle pas " et de "laissez-le, il est malade" qui dura toute sa vie ou presque. Et vingt ans après dans la belle famille, pareil, le maquis, la déportation, les morts, toujours les morts. Raconter, dire, se taire, mais nous, enfants de la guerre, n'avions pas toute la donne. Le jeu de cartes avait perdu son joker.

Le land art est mon joker, ma non-réponse, mon chemin des grands jardins qui mêne à ma propriété familiale 2 mètres par un mètre de bonne terre brouettée du jardin sur le ventre de ma mère. Vous cherchez des explications à ma dérive, des raisons de vous faire croire que "vous" avez raison. Vous vous contentez de vos réponses alors que je chercherai jusqu'à la fin le sens de ma vie et de ma longévité, malgré le tout enduré.
Je garde le mot " résistance" et celui de " étoile", celui de "travail", aussi, j'ajoute le mot "amour". Le reste, vous pouvez l'écrire vous même. Il y a tant de gens qui écrivent mon histoire, vous savez, tant de sôts imbus qui croient savoir, tant d'imbéciles heureux qui s'occupent de ma santé et ne savent pas la première lettre de la première phrase de mon existence et se permettent de me juger, de me classer, de me "catégoriser"de me traiter de fou Je pense là à celui qui se proclame ambassadeur de la culture française dans les pays de l'est( si...si, je peux vous le présenter ce prétentieux). A un moment, ça va bien, comme on dit. il faut arrêter de déconner. Pour eux, je ne suis ni artiste, ni photographe, ni videaste, ni auteur, ni landartiste, ni art-thérapeute. Je suis le petit rien qu'il convient de continuer à détruire car bien au chaud sur leur siège de dominateur provisoire, ils accordent, au nom de l'état, des bénédictions ou vous envoient en enfer. Et l'enfer, c'est pour moi. Cesbron avait, il y a bien longtemps écrit, Les Saints vont en enfer. Steinbeck en écrivant les raisins de la colère, construisit mon imaginaire et ma détermination à choisir mon camp. J'ai lu tout ça et me suis engagé à suivre d'autres fous comme l'abbé Piere, par exemple.
La littérature est aussi faite pour les chiens errants de mon espèce . L'Amérique des annéees 30. Dust Bowl, la crise de 29, la désespérance d'un peuple, l'errance vers le nord et 2 0 ans plus tard, les camps de la mort, la mort organisée pour des millions d'hommes, l'horreur instituée? puis la bombe atomique Hiroshima et Nagasaki. La beat generation explosait , chantait, Wooddy Guttrie Dilan, Baez, Kerrouac, Ginsberg, Gwernig, Bukowski, J'ai vécu et lu tout ça à Saint Germain des Prés dans ce petit hötel de la rue Gît le Coeur où toute la beat generation écrivant et pasant par paris, y trainait sa misère come je trainais la mienne. Et plus tard, Tito Gonzalès Vega, Miguel Angel Estrella, Allix étaient des pierres de mon chemin, des signes amicaux, des tourbillons d'oxygène dans ce monde de certitudes, de guerres répétées et de famine mondiale. On me proposait " de penser pur moi" dans ce temple de la connaisance où j'alais passer 15 ans de galère et je rêvais de meurtre, face à ce sacrilège sur pieds, petit parvenu de chef, eunuque borgne, fils de la louve blonde. Je me souvenais de Calaferte pour tenir, écrire dans ma serre et mépriser ce rat, ce vers de terre nauséabond qui croyait avoir le droit de venir tutoyer les anges jusqu'en enfer. La vie n'est pas un question de mode. Nous sommes tous des êtes de fragment, disait Montaigne. A nous de nous y retrouver et l'on peut vivre avec un éclat d'obus dans le corpss'il nous a pas tué. Schizophrène ou kaléidoscope...Allez savoir ?
Il est vain d'essayer de comprendre pourquoi, une poignée de soumis boucle les cercles vertueux, et pourquoi, notre révolte serait condamnable alors qu'il il ne s'agit que de sauver le peu d'humanité qui est en nous. Qui peut prétendre être le messie quand aujourd'hui il s'en lève dix par jour de nouveaux, de plus allumés. Les sectes pullulent qui emportent nos enfants vers les enfers, la came coule dans bien trop de veines pour croire que le monde est sauvé.
Oui, les salons dorés existent, oui, les nids douillets et les confortables matelas de billets de banque accueillent des corps parfaits et "liposucés". Mais tant qu'il y aura des enfants morveux au ventre gonflé de faim à mourir contre les mamelles taries de leur mère, tant que des enfants se nourriront de merde sur les tas d'immondices de Bogota, tant que les rues de Marseille ou de Paris seront des linceuls à clodos, avons nous le droit de proclamer béatement, notre bonheur...
A chacun ses aveuglements et l'on a le droit d'aller applaudir qui l'on veut dans les meetings politiques et loin de moi l'idée de croire que tout le bien est d'un côté et tout le mal de l'autre. Je dis simplement que ce n'est pas aux autres d'expliquer à ma place ce que le land art représente pour moi.
Il y a encore huit jours je recevais d'une administration chargée des artistes, un courrier m'expliquant qu' il faut un bac + 5 pour pouvoir la ramener, en-dessous de ce niveau, la porte est fermée, vous n'existez pas. Et c'est la réponse officielle.
Nous devrions élever des gibets comme à Tulles, autrefois, pour pendre tous les artistes rebelles, tous les traine-latte, les saltimbanque de mon espèce. La pire espèce, celle qui croit à la liberté d'expresion à l'humanité, au partage, à l'homme et en sa capacité de se refaire après la chute, à la fraternité. Voyez si nous sommes très loin du bac + 5. Square contre hip, comme autrefois. Nous sert-t-on la même soupe ?
Il me reste suffisamment d'énergie, malgré les coups durs qui me firent approcher du gouffre, pour continuer ma route. Poussé par la Dust Bowl, et ça vient de loin ! j'écoute maintenant Bashung et lui emprunte Osez, Osez, Joséphine pour titrer le film que je tourne ( sans bac + 5) en Basse Normandie. En principe, il sera terminé pour juin 2010, mais à l'époque, je m'approcherai déjà de mes amis Acadiens et de mes nombreux cousins Canadiens qui depuis 50 ans, peuplent à leur manière, le nouveau monde,étant partis,eux aussi de Pontchateau, mon lieu de naissance.
Le monde et beau, le monde est beau....Chantait julien Clerc(?) je crois, et le monde est petit aussi.
Il est bien question pour nous de le sauver, si j'ai bien compris la leçon politique. Il faudrait alors simplifier bien des procédures administratives et fonctionner, plus dans l'urgence, comme le font les SAMU, les CADA, les Restau du Coeur, pour offrir le nécessaire à vivre, et non des interdits.
L'art est universel, comme la connerie et il y a des occurrences à ne pas provoquer si l'on veut que la machine à broyer l'homme s'arrête.
Je n'ai pas vraiment le sentiment que cette façon de penser soit partagée par beaucuop de monde. Quoique...
Si le rôle de l'artiste est de déranger, alors, dans ce cas là, ils m'accordent le bac + 5 que je n'aurai jamais, moi qui suis sorti de l'école en courant et qui continue de courir.
J'ai toujours considéré l'art comme un axe central de vie et je ne m'imagine pas devoir m'en passer. Je n'imagine pas non plus entendre autant de conneries à son propos, mais ça, c'est le génie Français. La critique est Française.
Je n'imagine pas non plus devoir arrêter de partager l'art avec les gens le peu comme les appelle Pierre Sansot et dont je suis.
Le land art est de cette philosophie et si certains sont tombés dans le show bizz, l'argent et ont des kyrielles de moutons bêlants aux basques pour leur servir la soupe, ça change quoi au problème. Il y a toujours eu des fayots autour ds petites saucisses come dirait Anne Roumanoff.
Ecrire de livres pour enfants, les illustrer les mettre en musique, en onde, en scène, conter, écrire de la poésie, la mettre en scène, l'illustrer, faire de la radio, de la TV , réaliser des films, peindre, sculpter, dessiner, photographier, créer des ateliers d'art thérapie, donner des conférences, travailler avec des écoles, de la maternelle à l'université, travailler dans un centre de détention comme administrateur d'un lieu culturel, et faire pareil dans un CHRS, faire la plonge au restau Saint Paul auprès de mon ami Bernard, le pharmacien sans frontières( je parle de celles de la misère), est ma vie sociale , apparente, et je me demande bien encore pourquoi, elle continue d'être niée par ces spécialistes de l'art ( "Monsieur, on ne vous connait pas", m'a t-t-on dit il y a 15 jours dans le Saint des Saints, alors que j'y déposais un enième dossier pour rien!. Voilà 51 ans que ça dure et c'est long, 51 ans.
Je connais des petits peintres qui après un stage d'aquarelle de 8 mois, exposent et se la ramènent dans les journaux. Si...Si, c'est un copain( pas sérieux, il n'a pas de bac+ 5 et il est aussi art-thérapeute, chez les alcoolique qui, tout le monde le sait se trouvent exclusivement chez les pauvres et les Bretons) qui m' a raconté ça.
On me demande de l'humilité, de ne pas la ramener, mais qui me le demande ? Ceux qui raflent la mise et sont des adeptes de la combine à Nanard.Le monde est urgence et ceux qui vous mettent 2 mois d'entrée dans les pattes pour vous répondre à une lettre administrative, seraient morts au bout de leur sang sur le bord de la route, depuis longtemps, si le SAMU mettait autant de temps à répondre.
Nous avons bien compris que dans cette société à deux vitesses, même si tout le monde a deux trous, un en haut et un en bas, le PQ n'est pas le même pour tout le monde. Pour certains, c'est le papier de soie, pour nous, un cailloux fera l'affaire.
Notez bien que le scandale n'est pas décrire cela mais ben de voir les 3/4 du monde crever de faim. Vivement les fêtes de fin d'année, que l'on puise se mettre au régime...après.
Personnellement, je dors bien, pas beaucoup, mais bien, et je préfère être à l'œuvre, 67 ans après mon arrivée dans ce merdier que de regarder le spectacle. Je le crée.

Car il faut que chacun compose le poème de sa vie. Youenne Gwernig (An diri dir)

J'ai de la chance, en somme et je réalise mon programme commun à moi tout seul comme je l'écrivais et comme je le démontrais dans le film qui accompagne le livre Folart( éditions Syllepse Paris 2002) réalisé avec Yvonne Guégan, artiste multicartes et humaniste convaincue, morte à presque 85 ans, à l'oeuvre, jusqu'au bout. Suivre son exemple me plait. Nous avons parlé de guerre, ensemble, de ruines, celles de Caen pour elle, de Saint Nazaire, pour moi. Vous m'avez montré le chemin, Yvonne, parlé de Jo Tréhard, de Malraux, de la reconstruction de Caen qui passa par l'art et la culture.
Il fallait éradiquer l'art fasciste et collaborateur.
Vous m'avez parlé de vos combats contre tous ces peintres macho et conservateurs qui tenaient le haut du pavé. Vous avez imposé votre petite taille par votre art visionnaire. Vous m'avez fait connaitre votre maître l'Abbé Daligaud, sa force de résistance par l'art à la barbarie nazie qui le tortura jusqu'à la mort par balle dans la tête, dans un camp de concentration. Une double exécution, parce que prêtre et résistant . Vous m'avez expliqué ce qu'il convenait de faire pour éviter le rouleau compresseur des idées convenues dans cette Normandie qui n'aime pas les horsains. Je vous écoutais, rue Géo Lefèvre à Caen et je me disais que c'était déjà ma vie depuis longtemps. Nous étions, tous les deux, des insoumis, mais avec un profond sens de l'humanité et je crois, depuis votre départ ne pas vous avoir trahi.
Salut Yvonne, vous qui avez choisi d'être remise à la mer après votre crémation, et qui restez si présente en moi.
Le nuits d'écriture ne sont jamais assez longues pour tout dire. Il faut en garder pour après. Et puis surtout, rassurez-vous, après ces deux heures passées à ne rien faire, je vais me mettre au travail, enfin, celui qui se voit.
Aujourd'hui, ce sera , repérage ds lieux de tournage avec mon cadreur, le co-réalisateur, l'ingénieur du son, puis un RDV avec mes co-producteurs. Cet après-midi je prépare des décors pour le tournage de lundi. Ce soir, on verra. Il y a encore le temps.


Roger Dautais

Putain de vie


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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.