La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mercredi 23 décembre 2015

Spirale Charlie : à Cabu, Wolinskin Charb, Tignous,
aux autres disparus,  à leurs amis
Mémoires amnésiques : Pour Ana Minguez Corella
Ombres  pesantes sur Lampedusa : Pour Guy Allix
Les vivants et les  morts : pour Christian Cottard
La force de comprendre : pour Crazy Horse 37
La force naissante :  pour Marty
Signe Celtaoïste: Pour Marie-Josée Christien
Honorer la terre noire : pour Anne-Marie Bodard
Cairn blanc:  pour Orfeenix
La confiance ( I ) pour  Fifi
La relève du  guetteur de marée : pour France
Horizontale ferveur  : pour Luce Lapin
Le  plein et le vide: pour Mémoire du silence
Septime  : pour Sole
La confiance récompensée : pour  Pastelle:


Je n'ai pas de  théorie sur le land art, je le vis.
R.D.

Route 73

à Marie-Claude

            Je me suis  longtemps tenu là, en silence devant la mer, sans pouvoir rien faire. C'est elle qui faisait  pour  moi, les gestes manquants et l'année s'est bouclée, ainsi. Me voici enfin parvenu  à la Route 73. les derniers  jours consacré  à la précédente, la route 72  ont été,  longs, rudes,  pénibles. Un  long travelling avec en point de mire, quelques sites réconfortants  à visiter une dernière fois avant la bascule. La  pointe de Kerpenhir, le long dolmen des pierres plates  face  à  l'Océan, à Locmariaquer,les falaises de Ty Bihan, la  longue  plage de  légénèse de Carnac, la baie de Saint-Jean sur la ria de Crac'h, le domaine de Tolvern sur la même ria, le grand Menhir et les alignements du Manio et le lac de Tréhoray  à Brec'h. Je les ai tous revus avec ce  même sentiment du bien qu'ils me procuraient, en même temps que cette force de continuer malgré le mal bien présent.
" Parfois, ça sent le naufrage définitif,  lui dis-je. Elle  m’interroge du regard. Tu vois,  plus rien à sauver, ni corps ni bien... C'était, début Décembre.
Un  mauvais rêve de  plus en ce  mois  noir 
 et puis au réveil, le goût de la vie qui reprend  le dessus. Elle me quitte, rassuré.

Falaises de Ty Bihan
           Ce jour là est  très particulier  pour  moi. Il  m'appartient de le vivre entièrement. Je sors équipé d'une ceinture orthopédique devant  me soulager le dos. Je ne dois tomber en aucun cas et  je marche vers  un  pierrier avec  un corps qui  n'est plus au top. Soudain, j'aperçois mes  premières bernaches,  à à ma droite,  posées près des rochers. On se regarde. Elles  m'acceptent. J'oublie mon mal et vais travailler en leur compagnie. La mer  est haute et calme, la lumière grise, comme l'océan. Une brise légère
d’Ouest berce ces  oies venues de Sibérie.
Je commence  mon  premier cairn. Comme je ne peux  plus soulever de très grosses pierres, j'en choisi  une, en place qui servira de base. Les autres seront choisies assez  proches et je les amène en les faisant glisser, en les tirant, les  poussant, les ripant sur des sortes de rampes réalisées  pour  aider  à la manœuvre. Je travaille  à genoux,  pour les  plus lourdes, puis je termine le cairn,debout. Malgré ce handicap,  mon  plaisir est intact et  mon désir de continuer, réel. Je trouve ma situation comique et suis  obligé d'en rire.
J'ai avec  moi, mon  cercle de fer qui me permet aussi quelques beaux équilibres. Par endroits, les mer est profonde de  plusieurs  mètres et en cas de chute de  l'anneau, je ne le retrouverai  plus. Il faut  bien assurer son équilibre avant d'y installer quelques  pierres. Au  moment des  prises de vues,  il est intéressant de jouer avec l'emplacement de  l'horizon dans cet anneau. Les contre-plongées donnent aussi de belles  photos. Le réveil du lendemain sera  un peu difficile et la journée aussi avec cette difficulté à marcher qui réapparaît.

Je suis Charlie
La spirale Charlie est présente,sur cette dernière page de l'année crée en Janvier 2015 pour ne pas  oublier cette date du mercredi 7 janvier  : le massacre perpétré dans les  locaux de Charlie-Hebdo: Charb, Cabu, Wolinski,Tignous et tous leurs amis. Les ranger dans  l'armoire des  oubliés, serait trop cruel.

Mare Nostrum
Si vous croyez que ça leur passe cette cécité alternative dont sont frappés certains journaux. Non, pas du tout c'est une  mode et la mode doit se renouveler. Un  jour on en parle de ces damnés de la terre,  un jour, non, de ces exilés à Lampedusa ou d'ailleurs, rescapés des  noyades de masse dans la Mare Nostrum. Maintenant,  il faut du chiffre. 15  morts, ce n'est presque  plus rien. Le petit Aylan,  oublié.Je les évoque régulièrement avec mes silhouettes efflanquées qui s'accrochent  à la roche. Je fais avec ce que  j'ai.
Mais aujourd'hui, c'est du  prix du kilo de truffes  ou du chapon dont  on  parle a la TV. Viendront bientôt, les huîtres  puis le champagne.

Continuer ma route est une obsession. Marcher, même si marcher est une anomalie dans notre  monde  moderne.

Terres noires

Je ne suis pas trop sensible aux odeurs, mais celle de la terre noire, après la  pluie,  ou, sous la rosée au petit matin, j'aime beaucoup. Je dégage  la partie supérieure de  l'humus dans ce sous-bois de la Baie de Saint Jean en ria de crac'h.  Je  prépare deux  carrés de 60cm de côté, entre les tiges de fougères,  brunies par  l'automne, mais,  présentes. Ta terre st tiède. Sur le premier carré  naître  un mandala réalisé avec ma réserve de baies et cupules, que  je renouvelle au cours des marches dans le pays d'Auray.. Sur le deuxième carré de  terre  noire, viendront trouver place des courbes et lignes de couleurs me font penser au  peintre Paul Quéré a sa philosophie Celtaoïste.

Je joue avec des petits riens que j'assemble comme des secondes dans  une heure. Je les appelle mandala ou  installations. elles me demandent beau coup de temps. Je dis des "  rien " parce qu'elle sont considérées comme des "  rien ". C'est ma vie et  une vie  ce n'est jamais  " rien". Il  y a toujours ce  miracle de respirer de se servir de tous mes sens, de faire partie d'une société. Cela ne compte pas aux yeux de ceux qui  possèdent le savoir. On  peut en mourir de ce  mépris  là. J'ai choisi de ne pas en tenir compte et de continuer  à réaliser ces mandala, de tracer des spirales, d'élever des cairns. De toute façon, dans  un futur plus  ou  moins  proche, tout le  monde aura disparu ou presque, remplacé par d'autres. Certains continueront  à assembler des petits riens que d'autres  ignoreront qu'ils sont mortels, continuant  à assembler biens et fortunes qu'imaginent  probablement emporter avec eux, le jour de leur disparition..

Je rêve d'un  monde sans armes, sans violence, sans guerre,  plus fraternel,  plus équitable. Il paraît que c'est démodé, Tant pis, c'est le monde que je vous souhaite pour 2016. J'ai fait aussi le rêve de continuer le land art sur la route 73 et de vous offrir  mon  travail.

Roger Dautais




Il y a des arbres
Il y a ce vent très frais
Il y a eu peut-être des ours ici
Il y a longtemps
Il y a le soir qui tombe
bientôt
Il y a tant d'oiseaux qu'on devine, qu'on ne voit pas
Il y a les yeux le désir de rester juste un peu
Tu veux
mais s'il fait noir
Il n'y a pas à dire
seulement à murmurer
et encore.


François David

Retrouvez ce poète dans l'Anthologie subjective de mon ami Guy Allix

guyalliax.art.officelive.com/françoisdavid.aspx

mardi 8 décembre 2015

L'addition : pour Pastelle
Le cercle de la connaissance  :   pour François Esperet
L'ainée des sœurs : pour Chantal Miscoria :
Les Demoiselles de Locmariaquer : pour Chrys
Salutation au Soleil Levant  : pour Ruma
La porte du lac   :  pour Youenn Gwernig
éphémère  présence rouge : pour Maïté /Alienor
Offrande aux dormantes : pour  mémoire de silence
Cairn du petit matin, au lac : pour rêveuse de mots


L'automne, alors :  Pour Marie-Claude
Carré vert : pour Anne Le Maître
Les surgissantes  : pour Bob Bushell
Dream in November : pour Umiko Okassan
La seule raison : Pour Inès ( magia da )
Cercle de fer aux Sept Île : Pour Christian Cottard
L'oblique : Pour Marie-Josée Christien
Combustion : pour Vava de Nantes
Un trou dans le ciel :   pour Danièle Duteil
Le funambule   : pour Crazy horse 37

à Marie-Claude...



Il faut  un temps  pour tout et celui de la reconstruction est en marche pour  moi. Une convalescence pendant laquelle d'avoir réalisé toutes ces installation, m' aidé  à vivre et je le partage volontiers, toutes ces nouvelles créations avec vous.
Le stable est rare, disait Erik Orsena, la vie est éphémère. J'avance dans cette instabilité vivante depuis si  longtemps. Le temps passe, parfois je m'y perds. Le temps tourne et finit par  m'emporter aux portes de  l’indicible. J'oublie les  mots, les remplace par des  pierres. Ici, je suis vraiment  moi-même, face  à  l'océan, au cœur d'un nature dont je fais partie. Les pierres me regardent, je suis des leurs, nous respirons le même air. 

   Assis au pied du cairn, prendre  un  long temps de silence et faire remonter le rêve qui vit en moi,  à la surface. Apprendre à vivre, ici, avec soi.

De  l'inutilité du geste land art, qui ne peut faire sens  pour beaucoup de gens trop pressés de passer leur temps  à autre chose, à consommer, toujours  plus,  j'ai appris beaucoup, en résistant à ces jugements hâtifs. Je peux en tirer une certaine fierté, car ce n'est pas facile. Mais je n'ai pas écarté le doute de ma réflexion sur mon parcours d’artiste, car c'est un premier pas vers la liberté et  il ouvre au choix.

A vivre seul, rassurez-vous,  pas toujours, les mots s'intériorisent, s'assemblent  pour  plus tard ou  pour jamais. J'ai besoin de cette réserve pour créer. Ils sont ma cueillette au même titre que je transporte dans  mon sac à dos, les baies d'hiver, cueillies avec forces  piqûres dans les ruscus sauvages, les boules de cotonéaster, les  pommes miniatures, les graines d'aulne ou de Liquidambar, les pommes de pin. Parfois, rien ne me sert, car la nature  m'offre de  l’imprévu dont je vais me nourrir pour créer. Toutes ces petites installations colorées, ne demandent aucune force  physique et me permettent de récupérer des efforts nécessaires  à la création de cairns. Mais l'émotion est  intense  lorsque  je crée l'une de ses petites installations  en  pleine nature, posée dans la paysage comme  une offrande. Cela peut  prendre, 1 heure ou plus, souvent passée  à genoux. Essayez, vous verrez, c'est très long.

Le retour des Demoiselles de Locmariaquer

La mer est descendue si  loin, qu'un étranger venu ici aujourd’hui, dirait qu'elle ne vient jamais  à la côte. Pourtant, après  une longue absence, je retrouve cette  plage de Locmariaquer, avec un regard neuf. Une  longue et large bande d'algues, déposée par les marées successives, au  pied des  pierriers, ressemble  à une trainé d'encre de chine, recouvrant le sable. Ici,  l'hiver, j'ai souvent croisé des oies bernache, venant de Sibérie et pratiqué le land art  à quelques  mètres d'elle. Aujourd'hui, elles sont absentes. Seules quelques sternes, se risquent dans ce ciel gris. Je suis seul sur cette grande  plage, en compagnie du vent qui va bientôt jouer avec mes cairns perchés.
 J'ai apporté avec  moi, trois bambous et  mon cercle de fer. J'écarte  l'épaisse couche d'algues  pour dégager le sable dans lequel je plante  le premier bambou. Le cercle de fer doit trouver son équilibre sur ce bambou de bonne section. Je choisis quelques petites  pierres et  monte le cairn sur le bambou, une par  une, avec délicatesse. Le cairn respire. C'est ainsi que je dis  lorsqu'un cairn est sensible au vent, bouge tout en conservant son équilibre. C'est souvent le cas,ainsi perché  à 1,20 mètre du sol. C'est une vraie joie de voir ce  premier cairn, perché sur  un  bambou planté dans ce paysage marin devenir le jeu de ce vent d'Ouest qui respecte sa  présence.
Deux autres cairns viendront le rejoindre, constituant  un groupe que  j'appelle depuis  leur création, Le demoiselles de Locmariaquer.
Je prends la direction d'une seconde  plage,  plus  à  l'ouest pour continuer l'expérience dans  un autre cadre. Le vent  a forci et ne me permet qu'une seule réussite dont je me contenterai.

Aux confins des deux  mondes

Je traverse la vie au rythme des saisons, comme ce  lac où je vais régulièrement pratiquer le land art.
Après  l'assec de l’été dernier, il a repris son  plus haut niveau d'eau, inondant un  peu les berges.
Lundi, il fait encore nuit lorsque je prends la route  pour me rendre au lac. Ma dernière marche d'approche se fait  à la lampe électrique, dans  un sous-bois dont le sol est tapissé de feuilles  mortes et glissantes. J'arrive sur place aux premières  lueurs du jour. Je découvre ses eaux apaisées, endormies. Les dormantes résistent en silence. Je les accompagne. Un héron s'arrache des marais et vole en glissant au dessus des eaux, avant de se poser sur la rive droite.
Aux confins des deux  mondes, je perçois des présences connues. Elles vont m'accompagner dans le choix des pierres pour  monter des cairns, face au lac.
Le soleil se lève, bascule sur les eaux du  lac, par dessus les arbres. La rive gauche est dans  l'ombre, dans une lumière froide et bleue. Les châtaigniers de la rive droite vivent leur instant de flamboyance, dans l'opulence de  leurs couleurs d'automne. Le soleil  monte un  peu dans le ciel. Il finit par caresser  les cairns, tourne autour des  pierres, leur donne du volume, de la vie aussi.
La brume recule à la .surface des eaux sous  l'effet de la chaleur du soleil. Le miroir est parfait .
Je pense  à elle que je voudrais près de  moi, à cet instant, et qui  m'attend à la maison.

Cette publication du CHEMIN DES GRANDS JARDINS est la dernière de la Route 72. Le 20 décembre prochain, j'emprunterai la Route 73 pour le meilleur et  pour le  pire.
Merci à celles et ceux qui  m'ont suivi pendant cette année et soutenu ma création. Merci pour vous commentaires chaleureux, déposés ici et qui ont tellement compté  pour  moi.
Fraternellement,

Roger Dautais



 Ainsi parlait le ciel

Hier il tombait des chiens
Aujourd'hui,  il tombe des ânes
Demain, dit la  prophétie,  il  pleuvra des loups
Malheur  à moi après-demain
car selon la  prophétie,  il pleuvra des hommes

Et mon ciel hurlait en regardant la  pluie s'abattre sur la terre.

Abdulrahman Almajedi



C'est quand le silence te cerne
Sous  un ciel sans soleil
Que tu parles au plus  juste

Une  ombre de  prière se  lève
Un seul oiseau oiseau témoigne de la présence.

Guy Allix   Poèmes en sursis
guyallixpoesie.canalblog.com/


Ainsi parlait le ciel
Hier il tombait des chiens
Aujourd’hui il tombe des ânes
Demain, dit la prophétie, il pleuvra des loups
Malheur à moi après-demain
car selon la prophétie, il pleuvra des hommes
Et mon ciel hurlait en regardant la pluie s’abattre sur la terre
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Ainsi parlait le ciel
Hier il tombait des chiens
Aujourd’hui il tombe des ânes
Demain, dit la prophétie, il pleuvra des loups
Malheur à moi après-demain
car selon la prophétie, il pleuvra des hommes
Et mon ciel hurlait en regardant la pluie s’abattre sur la terre
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vendredi 20 novembre 2015


Remember : aux victimes des attentats de Paris
Le premier cercle de Ty Bihan : pour Brigitte Maillard
Les oubliés de Lampedusa : pour Guy Allix
Chant de marins en ria  : pour Marty
Les  jours de chagrin   :  pour le silence des mots
Le rêve de Kermario  : Pour Thérèse
Intersignes : pour Manouche
La vie  en équilibre : Crazy Horse  37
Gravité  première : pour Maïté /Alienor
La mal mort :  pour  Serge Mathurin Thébault
La falaise de  l'Alliance : pour Luce Lapin
Le gardien du temple de Kerpenhir  :  pour Tilia
Sentinelle  en Mor Braz pour Rick Forrestal
Mandala des Sept Îles :  pour Joelma
Carré vert  :  pour  Christian Cottard
Poppies  pour Marie-Claude 







à Marie-Claude


Qui  peut, en ces temps d'effroi, échapper  à  l'horreur des événements? Où se trouver une place parmi les vivants ? Il faut retrouver le chemin de soi. Le plus court chemin de soi  à soi, disait Ricoeur, passe par  l'autre. Offrir ce que je fais de mieux aux autres, me paraît suivre ce conseil.
 Le retour vers  une intériorité s'impose lorsque la traversée du désert se propose comme seul voyage possible. Effacer les images de toutes ces âmes  massacrées, de ces voix étouffées, de ces morts épouvantées,  m'est impossible. Pour le  moment, elles font partie du voyage. Je ne demande pas à  oublier l’urgence de la situation, j'essaie de vivre avec en ayant  une pensée émue pour toutes les victimes de ces attentats , de leurs familles et amies.
 Dans ce chaos,me reviennent en  mémoire, des étés paisibles en Normandie. Je me réfugie dans ces souvenirs, le temps d'une pause.

Mémoire.
Je contourne la plaine semée de blés durs, si propres aux amour clandestines de la renarde. Il fait 37° au soleil et la route  poussiéreuse de terre battue, me mange les pieds. Il me faut descendre  jusqu'au fond  du vallon, cueillir une brassée de coquelicots et gagner  l'ombre du bois.
Marcher, toujours marcher, pour aiguiser mes perceptions, quitter les idées  inutiles. Franchir le rideau d'orties qui  borde l'orée du bois. Écarter les branches souples des saules, encore aveuglé de soleil. Découvrir l'étang au beau milieu des saules. En faire le tour dans le sens des aiguilles d'une  montre. Revenir au point de départ, je ter trois pierres dans les eaux dormantes. Compter les anneaux, s'asseoir sur la berge. Les voir s'affaiblir et mourir. Simple  jeu qui me ramène  à  l'enfance, simple rêve  où la vie se niche sans demander à personne. Maintenant, dans le silence des  lieux, la paix de  l'âme, commencer les premières flottaisons de coquelicots et penser à celle que  j'aime.

Vivre, c'est revendiquer le droit de rêver jusqu'à la fin.

J'ai trouvé  un anneau de fer sur ma route. Depuis,  nous voyageons ensemble comme je le fis autrefois avec  une sphère de coudrier (cf. Le voyage des la sphère ). Je commence  mes premières créations avec lui, à Kerpenhir, porte d'entrée Ouest du Golfe du Morbihan. Qui n'a jamais arpenté ces lieux ne peux  imaginer la force magnétique qui s'en dégage, la  puissance du courant de la Jument qui nait dans ces eaux et  pénètre dans le golfe, les  lumières extraordinaires et la force du vent les jours de tempête. 

Monter un cairn  n'est jamais facile,  mais le faire en  prenant comme base cet anneau, complique le travail. Un subtil  mélange entre équilibre et déséquilibre, se calcule au  millimètre. L'urgence du  propos, rendre hommage au  lieu , demande  un  maximum d'intériorité. A cet  instant du lâcher prise, se trouve le geste  ultime qui  me  lie au paysage,  lieu d'un bonheur aussi  intense qu'éphémère.

La vie dans ces petits détails a aussi ses raisons d'être.

 Je vais reproduire ces équilibres, ans qu'ils ne soient jamais identiques, pour retrouver cette beauté épurée, dans les rochers de Kerpenhir, vers la  pointe Nord, sur la commune de Locmariaquer, puis  un autre jour, dans les falaises de Ty Bihan à Carnac.

Ce qui nous sauve ne nous  protège de rien, et pourtant cela nous sauve. C.Bobin

Bien handicapé par cette colonne vertébrale rétive, que je soigne au  mieux,  je me maintiens dans l'esprit land art. C'est ce qui  me sauve. Combien de temps encore  pourrais-je le pratiquer , je ne sais pas. Le land art est  pour  moi,vital.Il est comparable  à un véhicule en  marche, où  j'ai ma place. Je fais des stations, des arrêts, plus  ou  moins  longs, pas toujours désirés, mais j'avance.
On ne revient pas totalement  indemne d'un tel voyage, mais  j'accepte et ce n'est pas facile, ce changement dans ma vie.
Mon désir de créer est bien présent, et  puisque comme le disait Nietzsche il faut  un chaos  intérieur pour enfanter une étoile filante, rassurez-vous,  mon chaos  intérieur est bien  présent. Puisse-t-il encore enfanter quelques étoiles. Le Chemin des Grands Jardins est fait  pour vous. Soyez les bienvenus.

Roger Dautais



Ni de terre ni de  mer

Il  n'y a plus d'enterrement
Ni de terre  ni de  mer
Si tout le  monde  ment
C'est  pour mieux s'exhumer

Il  n'y a plus d'enterrement
Ils te jetteront aux chiens
L'arbre n'embellit  plus
De tenir le vent

Il  n'y a plus d'enterrement
Plus de ciel  à labourer
Qu'importe la la forme des estuaires
Je me soumets  à son sablier.

Louise Browaeys

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Qui êtes-vous ?

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.