Dialogue avec la vague : Pour Seijastrïna |
Parole donnée au Dolmen du Mené Lud : Pour Pierre Boyer |
Le Grand Passage : to Ana Mendieta |
Longue conversation au téléphone : Pour Bhaggya Shree |
L'instant : Pour camino roque |
Le temple des vents de Kerpenhir : Pour Patrick Lucas |
Amnésies blanches : Pour Isabelle Jacoby |
Signes de générations: Pour Carla Fernanda |
Le solitaire de Brec'h : Pour Fifi |
Les autruches de Pierrepont : Pour Margarithes |
Talisman : à Marie-Claude |
Mémoires suspendues : Pour Marthy |
La porte de l'an neuf à Kerpenir : Pour Guy Allix |
Carnets de la veille et du jour pour demain.
Me voici parti en voyage, privé de sorties, presque prisonnier du temps qui nous mène la vie dure depuis des semaines en Bretagne. Pluies, violentes, vents, tempêtes, inondations. Je regarde la pluie tomber par la fenêtre et je rêve à cette semaine passée avec Marie-Claude sur les routes de Bretagne, il y a déjà quelques années, de Paimpol à la Presqu'île de Crozon en passant par les chaos du Gouet, au Huelgoat et les montagnes noires.
Nous l'avions entièrement consacré au voyage et au land art et il faisait beau. C'était un matin, entre Morgat et Postolennec, je m'étais senti attiré par une petite plage. Un pareil silence, je ne l'aurais trouvé ailleurs que là, tant la mer sans doute inspirée, m'accompagnait de sa mélodie secrète. L'ordinaire de ma journée de remueur de pierre et d'éleveur de cairns s'en était trouvé bouleversé. L’instant, j'avais trouvé l'instant unique dans le lieu unique.
Être habité, me disais-je plutôt qu'habiter en propriétaire. Propriétaire, mais de quoi donc ? D'une œuvre ? La belle affaire !
La pluie ça sert au ça aussi, à rêver mais je ne me suis pas malgré tout totalement privé d'aller marcher sous la pluie, pour le plaisir de la sentir sur mon visage et de rentrer bien trempé, autrement, il m'aurait manqué quelque chose.
Pour le land art,c'était plus dur mais j'ai fait deux belles sorties, entre les gouttes, et puis je me suis soigné aussi, il le fallait bien. J'ai donc une fois de plus, mélangé mes propres souvenirs des temps passés, avec ceux plus récents pour vous présenter quelques photos de mes créations.
En attendant la Saint Sylvestre.
Nous sommes au cœur de la tempête,et la nuit n'a pas été de tout repos pour tout le monde. Le vent a soufflé très fort et des arbres se sont couchés un peu partout en campagne, sur les routes, ce qui rend la circulation dangereuse. Le vent a un peu molli lorsque je prends la direction de la mer, vers Locmariaquer. Juste pour voir. Je passe devant le dolmen du Mané-Lud , j'irai le saluer en revenant. J'arrive sur le front de mer, à droite, l'allée couverte des Pierres Plates, remarquable Dolmen, à gauche La pointe de Kerpenhir qui délimite avec Port Navalo, sur l'autre rive, l'entrée du Golfe. La mer est agitée. Elle sera au plein dans une heure. Avec un peu de chance, avant la renverse, le temps pourrait s'améliorer. L'Océan Atlantique est gris, et ses vagues frappent la grande plage. Difficile d'approcher. Quelques personnes regardent le spectacle non loin de de Notre Dame de Kerdro, une statue taillée dans le garnit. Elle est de belle taille et tous les marins ayant navigué dans la région, la reconnaissent de loin. C'est la gardienne des lieux.
Réfugié sous les pins, je monte un premier cairn puis un second que je dois alimenter en descendant chercher quelques pierres roulées par les vagues. Dernier bain de pieds de l'année ! Ici, c'est gratuit.
Comme je l'avais imaginé, le vent tombe et je me dirige sur un autre petite plage qui se situe un peu au nord à 200m de la pointe de Kerpenhir. Cette fois, je tente de porter plus gros. C'est vrai qu'avec les 2 premières pierres j'ai mon compte. Je ne le referai pas deux fois dans la journée, mais l'effort vaut le coup Ce cairn, je vais le laisser s'expliquer avec la marée montante,. Il a fière allure face à la grosse bouée rouge qui indique le passage aux marins entrant et sortant du Golfe.
Je continue mon chemin vers le Nord . Je tombe sur une colonie d'oies Bernaches, venue comme tous les ans de Sibérie pour se refaire une santé ici .Elles passeront l'hiver, ici.
Je fais en sorte de ne pas les effrayer car elles sont à moins de dix mètres de moi. Quel beau spectacle.
Je me détourne de mon chemin et découvre un immense menhir qui, jusqu'ici m'avait échappé. Je m'approche, le prend dans mes bras et reste ici, collé à lui quelques instants, comme je le fais sur chaque menhir, un ressourcement. Entre lui et la mer, un très gros tas de bois dont je vais faire une sorte de pagode, de temple pour les vents d'ici et pour que la communication soit complète, un cairn au pied du menhir. L'instant vaut d'être vécu. Rien d'étrange dans tout cela puisque ces idées me viennent et s'enchainent naturellement, alimentées par la beauté du lieu de de la joie de vivre ici, ainsi exprimée.
De mon travail, je sais qu'il ne restera rien, ou si peu qu'il serait vain de rêver à une quelconque postérité artistique.L'important, aura été dans ces instants de partage intime avec la Nature, notre Terre Mère, car à chaque fois, je repars plus riche de l'expérience c vécue, et plus dénudé devant l' avenir. Et tout sera possible à nouveau à chaque fois que je vivrai ces émotions.
L'An Neuf
Les fêtes sont passées. Le temps ne s'est guère amélioré et dans certaines villes et villages de Bretagne, les inondations font la loi et le malheur des gens. Depuis ma fenêtre, j'observe la rangée de chênes qui m'indique la force du vent. Le samedi 4 janvier, je pars, sous une pluie acceptable en direction des terres, vers Brec'h. Je sais qu'au-dessus du Loc'h, passe un superbe pont Romain .Je tiens à prendre de ses nouvelles. J'entre dans le petit bois dont le chemin en pente donne accès au site. Il y a de la casse, beaucoup de casse et de grosses branches sur le sol. J'entends l'eau avant de la voir. Au fur et a mesure que j’approche du Loc'h, habituellement, une rivière tranquille, je sens le sol trembler et l'eau gronder en s’engouffrant sous les arches du pont. Le Loc'h s'est étalée, couvrant tous les champs alentour et produisant un courant d'une incroyable force. Y tomber serait connaître la mort. Ce sont mes territoires de land art qui à leur tour ont changé d'aspect, plus près du lac que de la terre !
Je me verrai bien ici, en faisant attention, élever mon premier cairn de l'année et honorer ce pont qui se bat contre l'adversité . Je m'y mets, trouve les premières pierres et comme il m'en faut d’autres, je m'approche du bords et glisse dans l'eau jaunâtre. Premier bain de pied de l'année, et gratuit, comme à Kerpenhir ! Le cairn est de taille moyenne mais il s'inscrit asse bien dans ce paysage inondé. Il marque mon entrée dans cette année dont j'ignore ce qu'elle me réserve.
Difficile de faire plus pour aujourd'hui. J'emprunte le pont Romain et passe sur l'autre rive. Fort heureusement, une sorte de construction élevée en amont, mi-barrage, mi-déversoir, le protège car avec la force du courant il se serait encore plus dégradé.
La semaine qui s'annonce paraît bien perturbée au niveau de la météo et j'attendrai de meilleurs jours pour reprendre ma pratique plus régulièrement.
Roger Dautais
à Marie-Claude
Talisman
Entoure ton âme
d'un long ruban de brume
et attend le passage
des oies sauvages
dans le ciel d'hiver
assise.
Roger Dautais
chagrins déboisés
une épidémie d’épingles
cloches émoussées
orages lents
écumes et leurs geôliers
craies, cratères
sur l’étagère
dans les tiroirs
frontières embaumées
émigrés qui bivouaquent
isolement
étiolement
—puis le tout renversé
émigrés soudain devenant chagrin
frontières déboisées
cloches plus lentes
craies disparues
cratères isolés se remplissant
d’épingles
orages émoussés bivouaquant
écumes et leurs geôliers embaumés
puis l’épidémie se répandant
puis le monde
étiolé
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une épidémie d’épingles
cloches émoussées
orages lents
écumes et leurs geôliers
craies, cratères
sur l’étagère
dans les tiroirs
frontières embaumées
émigrés qui bivouaquent
isolement
étiolement
—puis le tout renversé
émigrés soudain devenant chagrin
frontières déboisées
cloches plus lentes
craies disparues
cratères isolés se remplissant
d’épingles
orages émoussés bivouaquant
écumes et leurs geôliers embaumés
puis l’épidémie se répandant
puis le monde
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chagrins déboisés
une épidémie d’épingles
cloches émoussées
orages lents
écumes et leurs geôliers
craies, cratères
sur l’étagère
dans les tiroirs
frontières embaumées
émigrés qui bivouaquent
isolement
étiolement
—puis le tout renversé
émigrés soudain devenant chagrin
frontières déboisées
cloches plus lentes
craies disparues
cratères isolés se remplissant
d’épingles
orages émoussés bivouaquant
écumes et leurs geôliers embaumés
puis l’épidémie se répandant
puis le monde
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cloches émoussées
orages lents
écumes et leurs geôliers
craies, cratères
sur l’étagère
dans les tiroirs
frontières embaumées
émigrés qui bivouaquent
isolement
étiolement
—puis le tout renversé
émigrés soudain devenant chagrin
frontières déboisées
cloches plus lentes
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orages lents
écumes et leurs geôliers
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étiolement
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émigrés soudain devenant chagrin
frontières déboisées
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écumes et leurs geôliers
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isolement
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