Una tarra ci hè
Una tarra ci hè per voi
Di lacrime d'invernu
D'ore chi vanu in darnu
E' di luce chi piglia fine
Toccu Sittembre, dolce cunfine
Una tarra ci hè per voi
Di sarre impaurite
Di caghji annant'à e dite
Omi in tana è frastoni
Quandu s'eincroscanu i toni
Una tarra ci hè per voi
Fragata da l' arsure
Brusgiate da e cutrure
Spusalizia d'Eternu
Tra notte è fede, e infernu
Una tarra ci hè per voi
Di mare, monde è disertu
Di sfide è danni à ch'ùn hà apertu
E calle di l'amicizia
Una tarra ci hè...Divizia !
Ce chant monte vers le ciel, emportant les voix Corses du groupe A filetta. à travers elles me parvient l"âme du peuple Corse et j'ai voulu leur rendre hommage en consacrant mes premières créations de land art de l'année 2010.
Inquiétante montée de pierres,
fragile équilibre,
éphémère voyage
s'élevant
comme un chant polyphonique,
fait de strates,
de vies minérales
éternelles,
comme si la mort
n'existait
qu'en songe...
Comme si la Terre
n'allait pas
tout ramasser
et la Mer,
tout brasser
avec les amours,
les naissances,
les départs,
les vies dures,
les jours sans pain...
Comme si le paradis
n'était pas un mirage,
mais qu' il fallait y croire,
à l'aube,
comme au temps de Pitchipoï,
malgré les nuits
sous la neige, et le froid qui tue,
aussi...
C'était quoi,
ces pierres arrachée
dans le froid de l'hiver
à l'estran,
entre deux vagues
sur une plage vide,
l'instant d'une marée...
Un équilibre,
un acte d'amour
un cadeau
un don à la Mère Nature,
un pont, entre mes rivages
et les galets de Nonza..
.Cela ne changera pas
le cours des choses,
ni l'exil d'Adil,
ni l'adieu de François
à son Afrique noire,
ni le froid persistant
de l'atelier de Driss
ni les larmes d'Ali
sur son pays en ruines,
ni sur ma peine
de voir partir mon père.
Mais il y a
dans ce chant de pierres
mon attachement
à la terre, pas à la violence,
mon attachement à la mer
pas au naufrage des guerres,
comme une sorte
de langue secrète
à partager
entre
Bretons, Basques, Inuits, Corses,
une fraternité de poésie,
de pierre levée,
muette, brute, primitive,
minérale
qui veut dire,
présence,
trace,
vie,
partage,
émotion,
fraternité
dans une nature libre et respectée...
Voilà ce que voulaient dire ces pierres à tous les Corses qui liront ces lignes, afin de rendre hommage à leur peuple et à leur culture.
Roger Dautais
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS