Ce qui existe un instant, existe toujours.
Norge
J'ai posé les yeux sur un champ de pierres. Le chemin passait par là, qui me rappelait des absents disparus. Leurs voix, je les entendais entre deux roulement de vagues, juste avant la déferle. Notez bien, on n'a pas le droit de dire " la déferle", ni de l'écrire, mais c'est plus simple pour décrire ce moment éphémère et magique.
C'est comme la pratique du land art, on n'a jamais le droit. Les règlements, ils sont partout. Ils ne sont pas faits pour nous inspirer, ils sont là pour nous rappeler la loi.
Remuer des pierres, ça gène et aucune loi n'a jamais dit :" Tu chercheras des pierres et tu les mettras l'une sur l'autre, même si cela est pénible, pour créer de beaux équilibres. Tu les nommeras cairns et tu diras qu'elles sont ainsi disposées, comme le faisaient tes lointains ancêtres, pour honorer tes disparus.
Non, ça n'existe pas une loi comme ça.
Personne ne te diras : Marche plein sud jusqu’au petit lac. Entre dans l'eau et va jusqu'au premier nénuphar dont tu feras le centre de ta prochaine installation.
Les gens, comme on dit, ils tournent autour du lac en famille ou seuls, avec leurs beaux habits et ils te regardent parce que tu as de l'eau jusqu'au ventre. Impossible de savoir à quoi ils pensent.
Alors, de jour en jour, il faut continuer la route, passer sous les frontières de barbelés, sans effrayer les bêtes en pâture, jusqu’à trouver le petit lac au milieu de la forêt domaniale, très au sud de la grande ville. Il faut cueillir, fougères, fleurs, feuilles et baies. Il faut construire avec le tout, un cercle flottant sur les eaux noires et le transformer en gâteau pour les yeux.
Expliquer cela au garde forestier, serait impossible. Les gardes, ils pensent juste à la loi, c'est tout, puisqu'ils sont faits pour ça.
Dans les squares, c'est pareil, bien que je n'y aille pas trop souvent. Il faut cueillir une poignée de pommes rouges, en faire des brochettes, puis un carré sur la margelle en ardoise d'un bassin où nageaient des feuilles mortes. Dans l'absolu, impossible, c'est interdit.
Je vous dis, la vie de land artiste, ce n'est pas fait pour ceux qui traversent dans les clous. C'est vraiment pour ressentir les choses. C'est fait pour sentir, voir, écouter, toucher et goûter la vie au milieu de la nature. C'est d'emmener avec soi tous ceux qui l'ont quittée. C'est chanter la vie, simplement ça, chanter la vie libre dans la brume naissante qui un jour ou l'autre remonte de la mer pour effacer les falaises à suicide.
J'ai repris la route vers les côtes, avec en tête cette phrase de Norge :
" Tout ce qui existe un instant existe toujours".
Mais alors, mes souvenirs...
Roger Dautais
à Myriam Montoya
Ne rien regretter
Ni le gel, ni le sol rugueux
Ni le dos cassé au travail
Se courber seulement,
Devant la Nature.
Roger Dautais
D'autres poèmes dans l'Anthologie subjective de Guy Allix
guyallix.art.officelive.com/
C'est comme la pratique du land art, on n'a jamais le droit. Les règlements, ils sont partout. Ils ne sont pas faits pour nous inspirer, ils sont là pour nous rappeler la loi.
Remuer des pierres, ça gène et aucune loi n'a jamais dit :" Tu chercheras des pierres et tu les mettras l'une sur l'autre, même si cela est pénible, pour créer de beaux équilibres. Tu les nommeras cairns et tu diras qu'elles sont ainsi disposées, comme le faisaient tes lointains ancêtres, pour honorer tes disparus.
Non, ça n'existe pas une loi comme ça.
Personne ne te diras : Marche plein sud jusqu’au petit lac. Entre dans l'eau et va jusqu'au premier nénuphar dont tu feras le centre de ta prochaine installation.
Les gens, comme on dit, ils tournent autour du lac en famille ou seuls, avec leurs beaux habits et ils te regardent parce que tu as de l'eau jusqu'au ventre. Impossible de savoir à quoi ils pensent.
Alors, de jour en jour, il faut continuer la route, passer sous les frontières de barbelés, sans effrayer les bêtes en pâture, jusqu’à trouver le petit lac au milieu de la forêt domaniale, très au sud de la grande ville. Il faut cueillir, fougères, fleurs, feuilles et baies. Il faut construire avec le tout, un cercle flottant sur les eaux noires et le transformer en gâteau pour les yeux.
Expliquer cela au garde forestier, serait impossible. Les gardes, ils pensent juste à la loi, c'est tout, puisqu'ils sont faits pour ça.
Dans les squares, c'est pareil, bien que je n'y aille pas trop souvent. Il faut cueillir une poignée de pommes rouges, en faire des brochettes, puis un carré sur la margelle en ardoise d'un bassin où nageaient des feuilles mortes. Dans l'absolu, impossible, c'est interdit.
Je vous dis, la vie de land artiste, ce n'est pas fait pour ceux qui traversent dans les clous. C'est vraiment pour ressentir les choses. C'est fait pour sentir, voir, écouter, toucher et goûter la vie au milieu de la nature. C'est d'emmener avec soi tous ceux qui l'ont quittée. C'est chanter la vie, simplement ça, chanter la vie libre dans la brume naissante qui un jour ou l'autre remonte de la mer pour effacer les falaises à suicide.
J'ai repris la route vers les côtes, avec en tête cette phrase de Norge :
" Tout ce qui existe un instant existe toujours".
Mais alors, mes souvenirs...
Roger Dautais
à Myriam Montoya
Ne rien regretter
Ni le gel, ni le sol rugueux
Ni le dos cassé au travail
Se courber seulement,
Devant la Nature.
Roger Dautais
D'autres poèmes dans l'Anthologie subjective de Guy Allix
guyallix.art.officelive.com/