Non loin de la villa Pell Well,
un menhir m'attend peut-être...
En quatorze années passées à parcourir des paysages, j'ai toujours considéré le temps de l'installation comme un temps privilégié, un temps à part, consacré à la Nature. Ces occurrences se sont toujours présentées comme des obligations d'honorer le lieu en s'adressant à lui d'une façon spontanée qui ne se reproduirait plus jamais de la même façon. La recherche d'une forme naît vraiment du lieu, de la lumière, des végétaux, des couleurs environnantes et la mise en place est presque ordonnée par la Nature.
L'exécution de l'idée qui nait sur le terrain peut être rapide, tenant compte de la disparition de la lumière, supposée imminente, avec un ciel qui se couvre. Elle peut être minutieuse, avec un temps de cueillette très long, à cause du choix des couleurs, des végétaux qu'il faudra trier avant de s'en servir. Je pense parfois être proche de l' intention du peintre en associant les couleurs et je vis des instants de vrai plaisir à réaliser ces installations colorées.
Je pense bien évidemment, aux installations flottantes, toujours délicates, parfois réalisées avec de l'eau jusqu'à la ceinture dans des eaux froides. Je crains toujours plus pour mon matériel photo, installé sur un petit radeau porteur, que pour moi-même habitué à ce genre de bain.
Si la contemplation de l’œuvre éphémère est légitime pendant un instant, je passe très rapidement à celle du paysage dans lequel , elle s'inscrit. C'est l'aboutissement d'une démarche tournée vers la Nature, où l'on se sent, petit, mais bien accepté, bien en place, pour le voyage.
J’emporte toujours avec moi, un carnet où j'ai noté quelques poèmes , pour les lire, devant l'installation, parfois à haute voix, avec l'intention qu'il se passe un échange capable de transcender et l'un et l'autre. C'est dans ce même esprit de partage que je réalisais en 2001 des pierres peintes à la gouache blanche en caractère chinois et portant des poèmes, lavés par la pluie, appartenant à ces pierres de silence au bout de quelques mois.
Une année que nous séjournions au sud de Saint Nazaire, non loin de Saint-Brévin les Pins, villa Pell Well
Je m'étais lancé dans une marche sur le littoral qui m'amena auprès d'un menhir de très belle taille. Ces lieux m'attirant par leur magnétisme, je réalisais une toute petite installation inspirée par les lieux.(photo 8) De l'autre côté du menhir, un homme et une femme, en pleine méditation, les yeux fermés, les bras ouverts. Ils m'expliquèrent que parisiens, ils venaient au moins une fois par an, se " recharger " en énergie positive auprès de ce menhir, chose que je comprenais très bien. Je leur ai expliqué ma démarche de land artiste et nous sommes repartis chacun de notre côté, laissant le lieu témoin de cet échange amical.
Je pratique aussi cet art pour toutes les rencontres, tous les échanges humains qui facilite, en France ou à l'étranger.
En quatorze années, le land art m'aura apporté d'immenses satisfactions et je pense que si ma santé le permet à nouveau, j'y retournerai.
Roger Dautais
Crayons de couleur
Le vert pour les pommes et les prairies,
Le jaune pour le soleil et les canaris,
Le rouge pour les fraises et le feu,
Le noir pour la nuit et les corbeaux
Le gris pour les ânes et les nuages,
Le bleu pour la mer et le ciel
Et toutes les couleurs pour colorier
Le monde.
Le vert pour les pommes et les prairies,
Le jaune pour le soleil et les canaris,
Le rouge pour les fraises et le feu,
Le noir pour la nuit et les corbeaux
Le gris pour les ânes et les nuages,
Le bleu pour la mer et le ciel
Et toutes les couleurs pour colorier
Le monde.
Chantal Couliou