L'appel |
Pour Ana Minguez Corella : Le cercle rouge |
Cancer |
Souffrance de la terre |
L'homme lourd aux entrailles béantes |
Pour Audrey : Survivre au nombre |
Pour France : Autopsie d'un cèdre du Liban |
Spirale aux 24 pierres levées |
Géométrie variable |
Carré |
En surplombant le vide |
L'hiver drôle |
Ah, la vache ! |
C'est vivre et cesser de vivre
qui sont des solutions imaginaires.
L'existence est ailleurs.
André Breton
à Véronique Brill *
J'ai le blues.Je marche dans ma propre mémoire. Ce matin, j'ai dix ans de moins mais rien n'y fait.Les souvenirs se font, présents. Lorsque j'arrive dans cette grande carrière, un dimanche matin, je suis pris de frissons. Non pas que le froid me glace cet hiver là, plus particulièrement, mais l'idée de descendre sous le niveau de la terre m'a toujours fait cet effet.Un avant goût de la mort. Le sol est gelé et l'écho de mes pas est renvoyé par les falaises. Je descend et quitte le niveau de la végétation pour entrer dans un monde minéral où ne me parvient aucun bruit. Un faucon crécerelle me survole. Il a du me repérer depuis un moment et son cri strident me dit sa désapprobation. Après tout, je suis sur son terrain de chasse. Pendant quelques semaines je vais ainsi travailler dans cette carrière et réaliser beaucoup d'installations, dont une série de cairns qui bordent la route d'accès des camions. A chaque retour dans cette profonde carrière, je vois que mon travail a été respecté par les ouvriers puisque je les retrouve en place. Ce dénuement me plait. La terre, la boue glacée, les pierres, une mare d'eau gelée et le ciel au-dessus de moi puisque je n'ai pas d'horizon. On ressent, malgré tout, un sentiment d'enfermement, presque un manque d'oxygène et pourtant, il y a de quoi respirer.
Je me dirige vers un immense tas de pierres que des bulldozers et pelleteuses géantes ont amassées sur un terreplein en attendant de les charger dans des camions-benne qui les livrerons dans des chantiers de la région. J'ai l'idée de réaliser une grande spirale au pied de cette montagne blanche, née du nombre , différente mais encore de la famille. Cela me prend quelques heures, le temps de choisir les pierres et les porter une a une sur mon chantier. Je me dis que, pour couronner le tout, ce serait bien d'élever un cairn, tout en haut de cette montagne éphémère. Le problème est d'y accéder. Je passe par l'arrière et après quelques chutes sans gravité, car les pierres roulent sous mes pieds et sont très instables, j'arrive au sommet. La spirale est très belle, vue d'en haut. J'élève mon cairn. Il sera le symbole de la résistance au nombre, le guetteur d'avenir. Je redescend, sur le ventre, à reculons, pour qu'il ne s'écroule pas. Il tient.
Je peux quitter les lieux, satisfait. Je reviendrai les deux Dimanche suivants, continuer mon travail et constaterai que les carriers auront laissé cette spirale en place pendant 15 jour. Ils marquent ainsi leur intérêt mon travail qui doit pourtant les inquiéter dans ce lieu à l’accès interdit. Je me dit que, pendant cette période, ils m'ont considéré comme l'un des leurs. C'est une grande fierté pour moi.
Je ne pourrais plus, à ce jour, réaliser de telles installations, mon corps ne me le permet pas pour le moment, même si je rêve de le refaire un jour.
Je sais, il ne faudrait pas évoquer ni la maladie, ni la pauvreté, ni l'exil, ni la guerre, ni la Shoah, ni la mort, parce que ces sujets ne devraient pas, selon certains, se mêler à l'art. Je crois encore à la liberté d'expression et j'évoque tous ces sujets selon mon inspiration, les événements du monde, car ils font partie de la vie,de ma vie.Que je sois critiqué, parfois très vivement, pour cette manière de procéder, fait aussi partie du jeu mais, rassurez-vous, je ne concours plus pour aucun titre, aucune médaille. Je travaille chaque jour, je montre une partie de ce que je fais,sans arrière pensée et je poursuis ma route, espérant encore un répit pour continuer ce chemin parcouru au travers du land art.
Roger Dautais
Véronique Brill : retrouvez son œuvre sur www.veroniquebrill.com
Retrouvez Marie-Josée Christien sur son site personnel : mariejoséechristien-orange.fr
En marge des dires anciens
en marge de dires anciens
le silence se replie
on manque d'air
plus de conteurs
pour
taire le chagrin
refuser
le mur qui sépare
plus de dépanneurs…
pour un monde
virtuel
de vraies guerres
pourtant
des drames
une énorme blessure en forme de
‘trou du côté gauche’
Brigitte Gyr
Retrouvez Brigitte Gyr sur www.recoursaupoeme.fr/brigitte-gyr
Véronique Brill : retrouvez son œuvre sur www.veroniquebrill.com
Le vertige suffocant
du mystère de la vie
bat dans mes veines
Mon corps entier
n'est plus qu'attente.
Je porte la graine
dans mes racines
Marie-Josée Christien
Je soumets ma substance
à l'ordre
qu'elle instaure
Ces instants de fusion
suscitent la métamorphose.
L'inconnu
qu'il me faudra déchiffer
arrondit en moi
le silence de sa sphère
Cette aube à l'affût
accueille une autre lumière
où conduit
toute naissance.
Le carnet des métamorphoses
(Les éditions sauvages)
Recueil sur la grossesse, la maternité, l'attente de l'enfant, ses métamorphoses physiques et spirituelles.
Retrouvez Marie-Josée Christien sur son site personnel : mariejoséechristien-orange.fr
En marge des dires anciens
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le silence se replie
on manque d'air
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pour
taire le chagrin
refuser
le mur qui sépare
plus de dépanneurs…
pour un monde
virtuel
de vraies guerres
pourtant
des drames
une énorme blessure en forme de
‘trou du côté gauche’
Brigitte Gyr
Retrouvez Brigitte Gyr sur www.recoursaupoeme.fr/brigitte-gyr