La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mardi 18 février 2014

Love story : Pour Marie-Claude
Jour de colère :  Pour Serge -Mathurin Thébault
Hommage au cimetière marin : pour Isabelle Jacoby
L'écho des morts :  pour François Esperet
La marotte : pour Camino roque
Signe de  piste : pour Lamprini Lamprinou
Les aiguilles vertes du Bono : pour Elfi
Mémoire d'enfance  : pour Salomé
Juste  à flot  : Pour Monika Swuine
Le signal : pour Sadaya
Comme  une amitié : pour Tilia
Tutoyer le ciel : pour Joelma
Solitude habitée  à Carnac : Pour Lu Pelieu




Jours de colère et paix retrouvée...


Mes  jours s'écoulent au rythme des tempêtes. Parfois, je me sens ce vieil homme qui ne compte plus sur  l'avenir, parfois, je redeviens l'enfant que j'étais. Du haut de  mes cinq  ou six ans, je ne pouvais imaginer  ni désirer vivre aussi longtemps. Au fond, le jardin de  mon  père n'était qu'un  prétexte à l'évasion permanente. Mon enfance rétive s'ensauvageait chaque  jour dans les serres horticoles remplies de palmiers et entre  les châssis de forçage, embués de chaleur.Marcher sur leurs verres délicats était, bien sûr, naviguer au  long-court, mais aussi, s'assurer de  longues heures de  punition au cachot, en cas de casse.
Lever les yeux au ciel, par la lucarne, n'était que folle espérance car  il ne me répondit jamais. Preuve  pour  moi,qu'il était vide !
Je suis resté ce rêveur, parfois doux, souvent triste et je n'ai fait, comme marionnettiste, que saisir l'invisible par quelques fils de coton  pour qu'il m’apparaisse et sombre ensuite  à son tour, dans  l'oubli, sans regrets.
Me voici revenu, en ces jours de colère et de tempêtes, au croisement des impossibles, dans ce paysage perdu où la faille  s'ouvre pour me conduire brutalement à  l'essence de la pensée. Vertigineux.
Pendant ce face  à face,  il ne me restait d’autre solution, dans ces instants que de suivre mes instincts et dilapider au plus vite l'angoisse dont je suis richement  pourvu.
Je me suis fait une raison, passant entre les averses pour rejoindre mes territoires. Ils n'étaient que désolation, inondation des  terres, mer en furie, vents tempétueux. Tout s'en mêlait.
Il fallait être  là, en Baie de Saint Jean, faussement encalminée, territoire du gisant, pour écouter le vacarme de ces protestataires ailés. La dilatation des  cris d'oiseaux de mer, possédés  par des succubes et refoulés dans la Ria par les orages, emplissait les  moindres  creux du ciel, nichés entre les nuages.
J'aurai pu penser...
Mais, dans ces cas  là,  pour moi,  penser , n'est jamais suffisant.Il  me faut penser avec les pieds, avec les mains.
Alors, durant ces quinze  jours derniers,  on  m'aura vu à Carnac, dans les alignements, à Kerpenhir, au Fort Espagnol, dans la forêt de Crac'h, dans la baie de Saint Jean, dans la Ria d'Auray, Sur le Loc'h, au pont romaoin de Brec'h, au cimetière marin du Bono. Et dans cette riche errance, j’allais trouver des répits pour cueillir, ramasser, entasser,bâtir, équilibrer, creuser, tracer. Tout n'était donc pas perdu.
Je me souviens de vrais face  à face avec un océan atlantique, gris, au ventre secoué de spasmes. Comme  il  portait en lui des souvenirs de tempêtes fracassantes. Comme ses vagues gardaient en elles, une belle force,  un rythme de bastringue, de quoi animer  un bal pour les péris en mer.
Oui, je me suis battu, mais,  à la loyale et le seul enjeu de la partie était de faire tenir un  ou deux cairns, dans l'écume et les embruns.
 On ne peut lui en vouloir  à cette mer. Elle est chez elle.
Et  puis, dans ces cas  là,  il faut essayer de faire bien son travail. Cueillir les  plus belles pierres de la côte, souvent les pieds dans l'eau, rattrapé  par les vagues. Au  mieux, elles seront,  lourdes,  lisses, rondes,  pour la base. Et  puis  on  monte le cairn. Il faut avoir le sentiment que c'est bien comme  ça, qu'une pierre de plus ne changerait rien à la vie de ce cairn, si ce  n'est d'y mettre fin dans l'immédiat.
Voilà  à quoi l'esprit s'accroche, au simple détail,  à  l'inutile qui fait naître le beau geste, face  à  l'océan, en dépit de  l'indifférence des gens qui  promènent leur suffisance.
Nous avons tous vécu, sous des trombes d'eau, dans l'eau en folie, dans le débordement des rivières,  l'inondation des routes, des chemins creux, des terres agricoles, des friches, des maisons, des forêts. Ce n'était pas suffisant de faire le concours de la  plus belle vague en  photo. Non,  il y avait la réalité de  neuf tempêtes consécutives, de la côte rongée par l'océan, des pêcheurs cloués dans les ports, d'une économie chamboulée.
Ce fut une vrai souffrance des hommes, du paysage. 
Ce que j'ai  pu ramener comme travaux, ne sont que des création  toutes porteuses de ces moment difficiles.
Parce que, s'est rallumée en  moi cette petite flamme d'espérance, ce besoin d'enchanter à nouveau, ce  pays,  mon pays, la Bretagne.


Roger Dautais



Dialogue

Le rocher n'a pas son pareil
pour dialoguer avec  l'océan

Cela se fait sans  mots

Cela se  fait
Après  une lente étude
de la caresse.

Serge Mathurin Thébault
" A.A "  Editions@rt.chignaned
Collection " École alréenne "




La voix basse est voix tombée
Et n’attend nul rédempteur

L’existence délabrée
Défaisant chaque couleur

Seuls quelques mots délavés
De la vie d’avant demeurent

Quand le temps s’est effondré
Un vers au ras du malheur

Palpitant et disloqué
Feint de faire entendre un cœur


On met sans rien réparer
La douceur face à l’horreur


Olivier Barbaran
Élégies étranglées Champ Vallon 2013





 "Quel que soit leur langage
J’ai toujours compris tous les chants
Rien en ce monde
De tout ce que j’ai pu boire et manger
De tous les pays où j’ai voyagé
De tout ce que j’ai pu voir et apprendre
De tout ce que j’ai pu chercher et comprendre
Rien, rien
Ne m’a jamais rendu aussi heureux
Que les chants
Les chants des hommes"



Nazim Hikmet

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.