Love story : Pour Marie-Claude |
Jour de colère : Pour Serge -Mathurin Thébault |
Hommage au cimetière marin : pour Isabelle Jacoby |
L'écho des morts : pour François Esperet |
La marotte : pour Camino roque |
Signe de piste : pour Lamprini Lamprinou |
Les aiguilles vertes du Bono : pour Elfi |
Mémoire d'enfance : pour Salomé |
Juste à flot : Pour Monika Swuine |
Le signal : pour Sadaya |
Comme une amitié : pour Tilia |
Tutoyer le ciel : pour Joelma |
Solitude habitée à Carnac : Pour Lu Pelieu |
Jours de colère et paix retrouvée...
Mes jours s'écoulent au rythme des tempêtes. Parfois, je me sens ce vieil homme qui ne compte plus sur l'avenir, parfois, je redeviens l'enfant que j'étais. Du haut de mes cinq ou six ans, je ne pouvais imaginer ni désirer vivre aussi longtemps. Au fond, le jardin de mon père n'était qu'un prétexte à l'évasion permanente. Mon enfance rétive s'ensauvageait chaque jour dans les serres horticoles remplies de palmiers et entre les châssis de forçage, embués de chaleur.Marcher sur leurs verres délicats était, bien sûr, naviguer au long-court, mais aussi, s'assurer de longues heures de punition au cachot, en cas de casse.
Lever les yeux au ciel, par la lucarne, n'était que folle espérance car il ne me répondit jamais. Preuve pour moi,qu'il était vide !
Je suis resté ce rêveur, parfois doux, souvent triste et je n'ai fait, comme marionnettiste, que saisir l'invisible par quelques fils de coton pour qu'il m’apparaisse et sombre ensuite à son tour, dans l'oubli, sans regrets.
Me voici revenu, en ces jours de colère et de tempêtes, au croisement des impossibles, dans ce paysage perdu où la faille s'ouvre pour me conduire brutalement à l'essence de la pensée. Vertigineux.
Pendant ce face à face, il ne me restait d’autre solution, dans ces instants que de suivre mes instincts et dilapider au plus vite l'angoisse dont je suis richement pourvu.
Je me suis fait une raison, passant entre les averses pour rejoindre mes territoires. Ils n'étaient que désolation, inondation des terres, mer en furie, vents tempétueux. Tout s'en mêlait.
Il fallait être là, en Baie de Saint Jean, faussement encalminée, territoire du gisant, pour écouter le vacarme de ces protestataires ailés. La dilatation des cris d'oiseaux de mer, possédés par des succubes et refoulés dans la Ria par les orages, emplissait les moindres creux du ciel, nichés entre les nuages.
J'aurai pu penser...
Mais, dans ces cas là, pour moi, penser , n'est jamais suffisant.Il me faut penser avec les pieds, avec les mains.
Alors, durant ces quinze jours derniers, on m'aura vu à Carnac, dans les alignements, à Kerpenhir, au Fort Espagnol, dans la forêt de Crac'h, dans la baie de Saint Jean, dans la Ria d'Auray, Sur le Loc'h, au pont romaoin de Brec'h, au cimetière marin du Bono. Et dans cette riche errance, j’allais trouver des répits pour cueillir, ramasser, entasser,bâtir, équilibrer, creuser, tracer. Tout n'était donc pas perdu.
Je me souviens de vrais face à face avec un océan atlantique, gris, au ventre secoué de spasmes. Comme il portait en lui des souvenirs de tempêtes fracassantes. Comme ses vagues gardaient en elles, une belle force, un rythme de bastringue, de quoi animer un bal pour les péris en mer.
Oui, je me suis battu, mais, à la loyale et le seul enjeu de la partie était de faire tenir un ou deux cairns, dans l'écume et les embruns.
On ne peut lui en vouloir à cette mer. Elle est chez elle.
On ne peut lui en vouloir à cette mer. Elle est chez elle.
Et puis, dans ces cas là, il faut essayer de faire bien son travail. Cueillir les plus belles pierres de la côte, souvent les pieds dans l'eau, rattrapé par les vagues. Au mieux, elles seront, lourdes, lisses, rondes, pour la base. Et puis on monte le cairn. Il faut avoir le sentiment que c'est bien comme ça, qu'une pierre de plus ne changerait rien à la vie de ce cairn, si ce n'est d'y mettre fin dans l'immédiat.
Voilà à quoi l'esprit s'accroche, au simple détail, à l'inutile qui fait naître le beau geste, face à l'océan, en dépit de l'indifférence des gens qui promènent leur suffisance.
Nous avons tous vécu, sous des trombes d'eau, dans l'eau en folie, dans le débordement des rivières, l'inondation des routes, des chemins creux, des terres agricoles, des friches, des maisons, des forêts. Ce n'était pas suffisant de faire le concours de la plus belle vague en photo. Non, il y avait la réalité de neuf tempêtes consécutives, de la côte rongée par l'océan, des pêcheurs cloués dans les ports, d'une économie chamboulée.
Ce fut une vrai souffrance des hommes, du paysage.
Ce fut une vrai souffrance des hommes, du paysage.
Ce que j'ai pu ramener comme travaux, ne sont que des création toutes porteuses de ces moment difficiles.
Parce que, s'est rallumée en moi cette petite flamme d'espérance, ce besoin d'enchanter à nouveau, ce pays, mon pays, la Bretagne.
Parce que, s'est rallumée en moi cette petite flamme d'espérance, ce besoin d'enchanter à nouveau, ce pays, mon pays, la Bretagne.
Roger Dautais
Dialogue
Le rocher n'a pas son pareil
pour dialoguer avec l'océan
Cela se fait sans mots
Cela se fait
Après une lente étude
de la caresse.
Serge Mathurin Thébault
" A.A " Editions@rt.chignaned
Collection " École alréenne "
La voix basse est voix tombée
Et n’attend nul rédempteur
L’existence délabrée
Défaisant chaque couleur
Seuls quelques mots délavés
De la vie d’avant demeurent
Quand le temps s’est effondré
Un vers au ras du malheur
Palpitant et disloqué
Feint de faire entendre un cœur
On met sans rien réparer
La douceur face à l’horreur
Olivier Barbaran
Élégies étranglées Champ Vallon 2013
"Quel que soit leur langage
J’ai toujours compris tous les chants
Rien en ce monde
De tout ce que j’ai pu boire et manger
De tous les pays où j’ai voyagé
De tout ce que j’ai pu voir et apprendre
De tout ce que j’ai pu chercher et comprendre
Rien, rien
Ne m’a jamais rendu aussi heureux
Que les chants
Les chants des hommes"
Nazim Hikmet
"Quel que soit leur langage
J’ai toujours compris tous les chants
Rien en ce monde
De tout ce que j’ai pu boire et manger
De tous les pays où j’ai voyagé
De tout ce que j’ai pu voir et apprendre
De tout ce que j’ai pu chercher et comprendre
Rien, rien
Ne m’a jamais rendu aussi heureux
Que les chants
Les chants des hommes"
Nazim Hikmet