à Marie-Claude
Demain, je t'offrirai le Printemps...
L'horizon meurtri hésite à terminer son heure. Il peine, regimbe, se tord, s'étire et capitule devant la nuit. Ici, dans un dernier combat nait en silence le nœud coulant qui assassinera le jour.
Ailleurs, les tadornes tentent de réchauffer une nuit annoncée, incontournable. L'eau refuse tout compromis, frime puis finit par leur tendre son ventre saumâtre.
Le premiers genêts éclosent, je les ai vus. Ils me parlent d'une vie d'exil, la mienne, comme d'une trahison pointée et dénoncée, loin de mes origines. La Bretagne m'envoie ses intersignes. Je mourrai loin d'elle.
La mer cogne la falaise. Le trait de côte recule et les terres à blé s'effondrent sans le moindre témoin. L'estran brûle sous le sel sans témoin.Les hors dansent la sarabande en haillons et loin des chamans, piétinent les blés sans pitié. J'entends sortir de leurs bouches édentées des vers du Barzaz Breiz. Sur les hauteurs, quelques revenants haranguent la mer et la montrent du doigts.
Tout ici, est à recommencer à chaque marée. Le moindre cairn ne tiendra pas tête aux vagues.
Il n'y a rien à sauver de mes gestes, rien à retenir en mémoire. Se tordre de douleur, oublier la peine, parler aux vents, tout est vain qui ressemble à un échec perpétué.
L'hiver claque son dernier sous percé. Mes poches retournées lâchent une poignée de pierres. Dérisoire trésor rendu au paysage. Les rêves d'été sont vains. Il faut affronter le mauvais temps, écrire ainsi,en silence, pierre par pierre, dans le vacarme de la mer, la phrase de l'instant, unique, éphémère.
Il faut lire l'avenir dans les falaises condamnées à la chute fatale...Être le noyé aux yeux blancs, souffle perdu entre deux eaux. Il faut devenir paysage face à une assemblée qui décampe devant l'hiver, galope, oublie, se gave et vomit pour faire de la place et mieux se remplir.
Le tambour du monde bat la chamade dans ma poitrine. J'emboîte le pas à l'estime. J'ai aperçu la fin du voyage à une longueur de souffle, petit filet coulant à la commissure des lèvres, au bouche à bouche avec un vent mauvais.
Il est temps de reprendre la route et chercher un havre de paix. Il est l'heure d'allumer un feu de solitude, de préparer les bradons pour la marche de nuit.
Demain, je t'emmènerai, dans les premières neiges dans les sentes du Menez Hom. Demain, nous regarderons l'avenir de chez nous. Demain je t'offrirai le printemps, loin d'ici.
Roger Dautais
Il y a des arbres
Il y a ce vent très frais
Il y a eu peut-être des ours ici
Il y a longtemps
Il y a le soir qui tombe
bientôt
Il y a tant d'oiseaux qu'on devine, qu'on ne voit pas
Il y a les yeux le désir de rester juste un peu
Tu veux
mais s'il fait noir
Il n'y a pas à dire
seulement à murmurer
et encore.
François David
Retrouvez ce poète dans l'Anthologie subjective de mon ami Guy Allix
guyalliax.art.officelive.com/françoisdavid.aspx
Ailleurs, les tadornes tentent de réchauffer une nuit annoncée, incontournable. L'eau refuse tout compromis, frime puis finit par leur tendre son ventre saumâtre.
Le premiers genêts éclosent, je les ai vus. Ils me parlent d'une vie d'exil, la mienne, comme d'une trahison pointée et dénoncée, loin de mes origines. La Bretagne m'envoie ses intersignes. Je mourrai loin d'elle.
La mer cogne la falaise. Le trait de côte recule et les terres à blé s'effondrent sans le moindre témoin. L'estran brûle sous le sel sans témoin.Les hors dansent la sarabande en haillons et loin des chamans, piétinent les blés sans pitié. J'entends sortir de leurs bouches édentées des vers du Barzaz Breiz. Sur les hauteurs, quelques revenants haranguent la mer et la montrent du doigts.
Tout ici, est à recommencer à chaque marée. Le moindre cairn ne tiendra pas tête aux vagues.
Il n'y a rien à sauver de mes gestes, rien à retenir en mémoire. Se tordre de douleur, oublier la peine, parler aux vents, tout est vain qui ressemble à un échec perpétué.
L'hiver claque son dernier sous percé. Mes poches retournées lâchent une poignée de pierres. Dérisoire trésor rendu au paysage. Les rêves d'été sont vains. Il faut affronter le mauvais temps, écrire ainsi,en silence, pierre par pierre, dans le vacarme de la mer, la phrase de l'instant, unique, éphémère.
Il faut lire l'avenir dans les falaises condamnées à la chute fatale...Être le noyé aux yeux blancs, souffle perdu entre deux eaux. Il faut devenir paysage face à une assemblée qui décampe devant l'hiver, galope, oublie, se gave et vomit pour faire de la place et mieux se remplir.
Le tambour du monde bat la chamade dans ma poitrine. J'emboîte le pas à l'estime. J'ai aperçu la fin du voyage à une longueur de souffle, petit filet coulant à la commissure des lèvres, au bouche à bouche avec un vent mauvais.
Il est temps de reprendre la route et chercher un havre de paix. Il est l'heure d'allumer un feu de solitude, de préparer les bradons pour la marche de nuit.
Demain, je t'emmènerai, dans les premières neiges dans les sentes du Menez Hom. Demain, nous regarderons l'avenir de chez nous. Demain je t'offrirai le printemps, loin d'ici.
Roger Dautais
Il y a des arbres
Il y a ce vent très frais
Il y a eu peut-être des ours ici
Il y a longtemps
Il y a le soir qui tombe
bientôt
Il y a tant d'oiseaux qu'on devine, qu'on ne voit pas
Il y a les yeux le désir de rester juste un peu
Tu veux
mais s'il fait noir
Il n'y a pas à dire
seulement à murmurer
et encore.
François David
Retrouvez ce poète dans l'Anthologie subjective de mon ami Guy Allix
guyalliax.art.officelive.com/françoisdavid.aspx