Remember : aux victimes des attentats de Paris |
Le premier cercle de Ty Bihan : pour Brigitte Maillard |
Les oubliés de Lampedusa : pour Guy Allix |
Chant de marins en ria : pour Marty |
Les jours de chagrin : pour le silence des mots |
Le rêve de Kermario : Pour Thérèse |
Intersignes : pour Manouche |
La vie en équilibre : Crazy Horse 37 |
Gravité première : pour Maïté /Alienor |
La mal mort : pour Serge Mathurin Thébault |
La falaise de l'Alliance : pour Luce Lapin |
Le gardien du temple de Kerpenhir : pour Tilia |
Sentinelle en Mor Braz pour Rick Forrestal |
Mandala des Sept Îles : pour Joelma |
Carré vert : pour Christian Cottard |
Poppies pour Marie-Claude |
à Marie-Claude
Qui peut, en ces temps d'effroi, échapper à l'horreur des événements? Où se trouver une place parmi les vivants ? Il faut retrouver le chemin de soi. Le plus court chemin de soi à soi, disait Ricoeur, passe par l'autre. Offrir ce que je fais de mieux aux autres, me paraît suivre ce conseil.
Le retour vers une intériorité s'impose lorsque la traversée du désert se propose comme seul voyage possible. Effacer les images de toutes ces âmes massacrées, de ces voix étouffées, de ces morts épouvantées, m'est impossible. Pour le moment, elles font partie du voyage. Je ne demande pas à oublier l’urgence de la situation, j'essaie de vivre avec en ayant une pensée émue pour toutes les victimes de ces attentats , de leurs familles et amies.
Le retour vers une intériorité s'impose lorsque la traversée du désert se propose comme seul voyage possible. Effacer les images de toutes ces âmes massacrées, de ces voix étouffées, de ces morts épouvantées, m'est impossible. Pour le moment, elles font partie du voyage. Je ne demande pas à oublier l’urgence de la situation, j'essaie de vivre avec en ayant une pensée émue pour toutes les victimes de ces attentats , de leurs familles et amies.
Dans ce chaos,me reviennent en mémoire, des étés paisibles en Normandie. Je me réfugie dans ces souvenirs, le temps d'une pause.
Mémoire.
Je contourne la plaine semée de blés durs, si propres aux amour clandestines de la renarde. Il fait 37° au soleil et la route poussiéreuse de terre battue, me mange les pieds. Il me faut descendre jusqu'au fond du vallon, cueillir une brassée de coquelicots et gagner l'ombre du bois.
Marcher, toujours marcher, pour aiguiser mes perceptions, quitter les idées inutiles. Franchir le rideau d'orties qui borde l'orée du bois. Écarter les branches souples des saules, encore aveuglé de soleil. Découvrir l'étang au beau milieu des saules. En faire le tour dans le sens des aiguilles d'une montre. Revenir au point de départ, je ter trois pierres dans les eaux dormantes. Compter les anneaux, s'asseoir sur la berge. Les voir s'affaiblir et mourir. Simple jeu qui me ramène à l'enfance, simple rêve où la vie se niche sans demander à personne. Maintenant, dans le silence des lieux, la paix de l'âme, commencer les premières flottaisons de coquelicots et penser à celle que j'aime.
Vivre, c'est revendiquer le droit de rêver jusqu'à la fin.
J'ai trouvé un anneau de fer sur ma route. Depuis, nous voyageons ensemble comme je le fis autrefois avec une sphère de coudrier (cf. Le voyage des la sphère ). Je commence mes premières créations avec lui, à Kerpenhir, porte d'entrée Ouest du Golfe du Morbihan. Qui n'a jamais arpenté ces lieux ne peux imaginer la force magnétique qui s'en dégage, la puissance du courant de la Jument qui nait dans ces eaux et pénètre dans le golfe, les lumières extraordinaires et la force du vent les jours de tempête.
Monter un cairn n'est jamais facile, mais le faire en prenant comme base cet anneau, complique le travail. Un subtil mélange entre équilibre et déséquilibre, se calcule au millimètre. L'urgence du propos, rendre hommage au lieu , demande un maximum d'intériorité. A cet instant du lâcher prise, se trouve le geste ultime qui me lie au paysage, lieu d'un bonheur aussi intense qu'éphémère.
La vie dans ces petits détails a aussi ses raisons d'être.
Je vais reproduire ces équilibres, ans qu'ils ne soient jamais identiques, pour retrouver cette beauté épurée, dans les rochers de Kerpenhir, vers la pointe Nord, sur la commune de Locmariaquer, puis un autre jour, dans les falaises de Ty Bihan à Carnac.
Ce qui nous sauve ne nous protège de rien, et pourtant cela nous sauve. C.Bobin
Bien handicapé par cette colonne vertébrale rétive, que je soigne au mieux, je me maintiens dans l'esprit land art. C'est ce qui me sauve. Combien de temps encore pourrais-je le pratiquer , je ne sais pas. Le land art est pour moi,vital.Il est comparable à un véhicule en marche, où j'ai ma place. Je fais des stations, des arrêts, plus ou moins longs, pas toujours désirés, mais j'avance.
On ne revient pas totalement indemne d'un tel voyage, mais j'accepte et ce n'est pas facile, ce changement dans ma vie.
Mon désir de créer est bien présent, et puisque comme le disait Nietzsche il faut un chaos intérieur pour enfanter une étoile filante, rassurez-vous, mon chaos intérieur est bien présent. Puisse-t-il encore enfanter quelques étoiles. Le Chemin des Grands Jardins est fait pour vous. Soyez les bienvenus.
Roger Dautais
Ni de terre ni de mer
Il n'y a plus d'enterrement
Ni de terre ni de mer
Si tout le monde ment
C'est pour mieux s'exhumer
Il n'y a plus d'enterrement
Ils te jetteront aux chiens
L'arbre n'embellit plus
De tenir le vent
Il n'y a plus d'enterrement
Plus de ciel à labourer
Qu'importe la la forme des estuaires
Je me soumets à son sablier.
Louise Browaeys