La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mercredi 5 septembre 2012

Le passage

Le guetteur

Le relève
Accompagner le fleuve...
Au pays des légendes
Trait d'union
Les migrants
Sur la rive gauche

Spirale positive
Le voyage de la sphère
Rive droite

Simple offrande au fleuve apaisé
Le déversoir
Pour Ana Mendieta

A vingt cinq kilomètres plus au  nord, c'est la mer. Je suis allé rejoindre le lieu où, en  2002 nous tournions un documentaire avec une scène de land art à la mémoire d'Ana Mendieta, dont j'ai souvent parlé ici, comme une de mes artistes préférées. Pierres, eau du fleuve et sang. Le sang des coquelicots. On dirait que rien n'a changé, ni  le vacarme de l'eau franchissant le déversoir,  ni la végétation qui rend toujours aussi difficile l' accès aux berges. Une fois sur place, difficile de garder les pieds au sec bien longtemps car le choix des pierres demande à descendre dans l'eau. Je garde néanmoins mes chaussure de marche  pour avoir une meilleure assise et pour ne pas glisser pendant le travail. J'élève  un a un  les cairns, plus petits qu'autrefois, santé oblige, car je dois ménager mon cœur, encore bien heureux de retrouver des gestes d'autrefois. Je suis seul dans ce lieu, baigné de lumière douce, dont la sérénité malgré le bruit de l'eau, m' enchante. J'aime ce fleuve, ses eaux vives et je l'honore de quelques  cairns. Je sais que dans deux ou trois jours, ces mêmes eaux se mêleront  à la mer, chargées de la mémoire des cairns. Elles raconteront  à leur façon, je le sais. Je viens de terminer  mon cairn le plus important lorsque je vois arriver, glissant sur  l'eau, un kayak. C'est assez insolite ici  pour me surprendre. Un jeune homme pagaie et  arrive au  pied du déversoir. Il  me salue et me parle. Avec le bruit, je ne l'entend pas.
Je lui fais signe de s'approcher. Ce qu'il fait. Il  pointe le nez de son kayak  à 50 centimètres du cairn.
- Bonjour.
- Bonjour
- C'est beau
- Merci
- ça sert  à quoi ?
- Et vous, ça vous sert  à quoi de faire du kayak?
- ...Je ne sais pas. J'aime bien. ça m'aide  à vivre et puis j'aime la nature. C'est la première fois que je viens ici. Je me croyais sur l'Amazone. ça change du canal.
- L'Amazone,  oui...en  plus petit. Vous avez beaucoup d'imagination.
Je lui explique en deux mots le land art qui  m'aide aussi  à vivre et ce  besoin d'être présent au beau  milieu de la nature. Il  me parle encore de deux copains  à  lui qui, en ce moment traversent la Manche entre Portsmouth et Caen, sur un kayak  à deux places. 180 kms en 24 heures. Impressionnant. Puis il  reprend sa navigation  vers Caen.
 Nous avons chacun  nos rêves, lui en début de sa vie, et moi,  plutôt vers la fin. C'est le fleuve que nous a réuni. Cela valait bien de lui consacrer quels travaux. Dès le lendemain, je rattraperai sa mémoire en allant sur le canal,  monter un dernier cairn, trait d'union entre le souvenir d'Ana et une route qui semble vouloir reprendre, malgré tout.


Roger Dautais



Les sentiers
tracés  à pas d'homme
longent le silence
d'une vie.
Une blancheur éparse
laconique
s'obstine
jusqu'au ciel.
Je laisse aux mots
le soin de veiller.

Marie-Josée Christien
"Temps morts " Les cahiers du Rhin.


A la lisière de nos visages
l'ombre sinueuse des doigts
trace le chemin du vent.
Tout s'efface :
les pas sur le sable
les mots triturés de silence
les souvenirs d'une petite fille 
qui court sur la grève
les cheveux emmêlés  de sel
Tout s'efface:
La mer comme seul refuge
aux filets de la mémoire.

Lydia Padellec
( Visage sans nom) Inédit

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.