Voile de mariée (I) |
Voile de mariée (II) |
Pierre de rencontre |
Exil |
Guetteur de marée |
Gisant de Luc |
à Ruma Le secret des pierres noires |
Autant en emporte le vent |
à Salomé Guadalupe L'été comme il va |
Mémoire d'enfance |
Monde à part |
Dialogue ( le voyage de la sphère ) |
Très petite chose |
Avant la crémation |
Pour Norma, Tilia, Leeloo
Pour trouver les conditions les meilleures afin de réaliser une spirale, j'ai observé, pendant des années, toutes les plages de la région. J'en connaissais les bons endroits, les saisons propices, les pièges à marée, leur éclairage. Mais je suis resté attaché à cette plage des confessionnaux où je réalisais, il y a quelques années la spirale représentées sur les photos I et II. Je savais que la belle lumière se trouverait, en automne et qu'il me faudrait la tracer entre dix heures et midi, avant que le soleil ne passe de l'autre côté des falaises. Je savais qu'il ne me fallait pas de pluie, pas de vent qui efface mon travail, pas trop d'algues et une bonne épaisseur de sable. En effet, la configuration de cette plage pouvait changer après un tempête, un fort coefficient de marée, qui déplaçaient des masses considérables de sable, la transformant en un champ de pierres.
Comme j'avais la possibilité d'aller sur cette plage quotidiennement, pour d'autres travaux, j'ai attendu le bon moment.
Un matin, je la découvrais sous un beau soleil levant qui nous offrait une lumière dorée. Je n'ai jamais revue cette lumière au même endroit. J'ai sondé le sable pour y trouver le meilleur endroit, souple, mais pas trop, déjà essuyé de l'ancienne marée, mais suffisamment humide pour marquer le sillon. Il y avait une barre de goémons noirs, déposés parallèlement aux falaise qui me laissait suffisamment de place pour travailler. A ma montre, j'avais 1 heure trente devant moi pour réaliser cette spirale qui ferait, 45 mètres de circonférence. Après, la mer la recouvrirait entièrement.
J'ai choisi le point de départ en plantant mon talon gauche dans le sable et, prenant appui sur ma jambe droite, j'ai commencé le traçage en reculant et en tournant. Six premiers tours pour lancer la machine, légère perte d'équilibre, il faut, bien respirer, caler son souffle sur le travail des pieds, juger de la profondeur du sillon et de son parallélisme au fur et à mesure de l'avance. Un quart d'heure, une demi-heure, trois quart d'heure, les jambes me brûlent, à la limite de la crampe qui arrêterait tout. Je m'accorde de petites poses? pas plus, car il faut garder le rythme sous peine ne perdre le contrôle du tracer dont seul le dynamisme du geste assure une réussite parfaite. Pendant toute cette période, on perd le sens de l'orientation, absolument concentré, nourri de l'expérience des précédentes spirales, on entre en communication avec la matière sable, les yeux rivés sur le sillon. Le bruit du talon qui fouille le sol comme un soc de charrue, cheee, cheee, un chant, une mélopée,qui monte de notre terre-mère et difficile à partager.
J'entends la mer. Elle monte. Elle pousse ses vagues vers moi. Je me refuse de la regarder, encore un peu, comme pour arrêter son avance. Je lui demande de me laisser le temps, sachant qui si elle le veut, elle prendra mon travail avant la fin et que je lui en voudrai pas.
Je me relève, compte les tours du sillon autour du centre, 24, comme les 24 heures du jour. Je contemple cette œuvre éphémère qu va disparaître sous mes yeux. La mer est là. Je cours en direction du chemin qui mène au sommet de la falaise. J'arrive sur la crête et surplombe la plage,baignant dans une lumière sublime. La mer pousse ses vagues et emporte un long trait de goémons. La spirale rentre dans la mer. Un intense moment d'émotion que je voudrai partager. A l'arrière, sur l'eau, un long voile de mariée souligne son mouvement. Je prends quelques photos. Je pense à Marie-Claude qui ne verra pas ce spectacle dont je serait le seul témoin.
A l'est, La ville du Havre, comme un trait blanc sur la mer. Le soleil est venu de là, il va maintenant inonder les terres où je vais me replier pour une longue marche dans la plaine de Caen.
Roger Dautais
C'est la flamme ici devant de la nuit
Le rêve passe à demi-mots
Les paupières s'insurgent
O le rythme du poème
Qui bat l'amour
A pleine peau
A pleine terre
***
La tendresse dans l' ici jeté de la terre
Dans l'offrande du ventre
Dans la bouche des femmes
Une main se déchire d'appeler une ombre
De bâtir le partage incessant des peaux
L insomnie répare la mémoire attise l'insomnie
Guy Allix
Au jour d'avant le dernier jour
Il y aura des heures
Volées aux ombres du silence
Et tous ces mots éteints
A la force des mains
La vie sera veuve
Fauve le miel rouillé
Au dernier jour d'avant la nuit
Il y aura tous ces poèmes
Gravés à l'ombre des caiiloux
Comme un bouquet d'adieux
Aux limites du monde
Le vie sera seule
Pauvre le ciel oublié
Et l'oubli tatoué
Aux herbes de nos chairs.
Brigitte Tossi