L'ouverture : à camino roque |
Pierre N°1: pour Marie-Josée Christien |
Pierres N° 2et 3: pour MaryliseLeroux et Eve Lerner |
Les anneaux de Boromée : A Marie-Claude du Lac Majeur |
Hommage à l'océan :à Jacques Thomassaint |
Hommage à la Ria d'Auray : Pour Guy Allix |
La chanson de Beau Dommage : à Thibault Germain |
Écrire l'histoire en rouge : Pour Alain Jégou |
Le festin de la mer ( Piriac sur mer) : à Yann Dautais |
Simple Mandala : pour Uuna |
Recueillement : à Rick Forrestal |
En mémoire des Pierres plates de Locmariaquer : à Sylvie (Epamin') |
Cercles de rencontre : pour Olivia Quintin |
Trois heures après : pour Marty |
à celle que j'aime...
Je pense à toi. Il pleut.
Qu'aurais-je gagné de mieux, autre que cette putain de vie qui me file entre mes doigts. Mes pensées défilent plus vite que les nuages. Parfois, je voudrais que cette comédie s'arrête mais a-t-on le droit de sauter en marche du train, de ne pas terminer la représentation? Ce qui me tient en vie ? Un peu d'amour, beaucoup d'amour et d'incompréhension.
Chaque jour est un point de départ. Chaque jour, une nouvelle interrogation : où vais-je aller user ma vie loin d'elle, aurais-je encore la foi pour continuer ce chemin de solitude ?
Hier, en pleine forêt Bretonne, sur un chemin qui conduit du Mané Croc'h au Mané Braz, terre sacrée de dolmen et menhirs, je me crois seul et réalise une installation lorsque 3 marcheurs que je n'ai pas entendus arriver m'interpellent : c'est beau: qu'est-ce que c'est ? Je leur explique. "Le land art"...une jeune femme reprend : ah ! c'est vous l'homme de Locmariaquer qui levez des pierres sur la côte. Ma mère vous a vu. Elle m'a dit que c'était beau !
Je n'ai pourtant rien fait pour me faire connaitre ici et Locmariaquer est à 25 km de ce lieu et je n'habite le pays que depuis le 15 Avril de cette année.
Autant, en Normandie, j'étais très médiatisé par la presse écrite, la TV les radios, autant ici, je n’intéresse vraiment personne.Le land art n'est pas le sujet du jour. Pourtant cette courte rencontre me fait autant plaisir qu'un papier dans le journal . Allez savoir pourquoi.
Il pleut et je suis il y a quelques jours dans l'enclos sacré d'une chapelle rénovée dans la forêt de Crac'h. Un temps de chien mais la pluie me régénère et j'ai tellement travaillé en sa compagnie dans les jardins, autrefois. Comment ne pas aimer la revoir après cet été trop chaud. Cette chapelle de granite isolée en pleine campagne est entourée de haies, puis d'un mur d'enceinte en pierres , assez récent. Au centre, une autre enceinte de forme ovale, muret, ou talus, et dans cet espace, des arbres. On dirait de grands bonzaïs. J'entre dans ce jardin et trouve trois pierres roulées sur le sol. Je vais les emprunter pour travailler à ce qui me vient à l'esprit : rendre hommage à trois femmes, trois poètes , trois amies que je rassemblerai dans un travail commun . Je pose les trois pierres sur le muret et les dispose assez proches l'une de l'autre, puis les mets debout. Ma fortune actuellement est faite de glands de chêne, de quelques graines d'églantier et de tiges séchées de fougère. La pluie m'accompagne et tombe plus dru. Elle frappe sur les feuilles mortes et sèches. J'imagine des pas, des présences, et je n'ose lever la tête de peur de les voir s'enfuir.Dansez amis, dansez pour celui que l'on exécuta sous la terreur dans ce lieu et il se mêlera à vous dans un An dro fraternel. J’entends sonner bombarde et biniou alors que sous mes doigts nait un carré dont l'un des angles laisse échapper quelques gouttes de sang.
Fantômes de ma jeunesse, Sabba du Mont d'Etenclin, cavales blanches allumeuse de feux de solitude que seules les larmes pouvaient éteindre au petit matin, vous êtes revenus et nous reprenons ensemble la route vers l'infini.
Bien sûr, on peut penser que j'empile des cailloux, je fais des tas de M....comme me disait un commentateur éclairé, que tout ceci est du vent et pourtant.
Revenons quelques instants sur la deuxième spirale de Piriac cette fois tracée vers la Pointe du Castelli. Pour qui l'a vue, cette côte, très belle, est assez accidentée. J'ai choisi de descendre cette périlleuse falaise parce que le site, la plage et son sable presque noir, m'attiraient. La mer montait et j'ai choisi à l'estime l'endroit où nous pourrions nous rencontrer, ce qui m'a obligé à tracer cette spirale très rapidement. J'ai terminé le dernier tout au moment où la mer venait l'affleurer. Un immense plaisir que d'avoir réussi cet exploit. Je n'ai rien lâché, vraiment épuisé par l'effort et il n'y avait rien à gagner sinon cet instant magique.
Magie de la mémoire qui m'embarque dans le bateau d'Yves Jégou en compagnie de Jacques Thomassaint. Nous faisons route, tous les trois. Ils ont pris un peu d'avance mais parole d'homme, je les rejoindrai quand il faudra.
Le land art me permet tous ces voyages au bord du gouffre. Il me permet, si la vie m'y plonge, de remonter à la surface, mais je n'oublie pas cette jeunesse fracassée et j'ai besoin de me confronter au mystère de la création pour comprendre comment on peut détruire ce que l'on a crée.
Je t'ai appelé hier, mon amour aux yeux si bleus. J'étais les deux pieds dans les menhirs du Mané Braz et j'entendais ta voix qui me tient en vie et je t'envoyais la mienne pour que tu saches combien je t'aime. Bien sûr, il ne faudrait pas mêler art et sentiments, mais après tout, ici, c'est comme sous une pluie battante ou bien en plein soleil, il s'agit de vivre encore un peu, sans demander l'avis des autres, mais parmi eux, puisqu'ils "sont" le monde dont je fais encore parti.
Roger Dautais
Ce que l'on nomme" l'universel" est sans doute le dénominateur commun à tout être humain. Mais on oublie généralement tout ce que cette part universelle doit aux éléments particuliers.
Marie-Josée Christien
Petites notes d'amertume
Les Editions Sauvages.
*
Ce qui vit en moi
alourdit
ma détresse
fissurée par le doute
a chaque pas
La hantise de faire fausse route.
Marie-Josée Christien*
Le carnet des métamorphoses
Les éditions sauvages 2007
* http://anthosuballix.canalblog.com/pages/marie-josee-christien/27590451.html
*
Nous pouvons
enserrer le temps
dans nos filets
Le maintenir
corps à corps
dans une étreinte
qui tient tout
ensemble
Il se joue
de nos ficelles
Nous apprend
qu'aimer
ne se quitte pas.
Marilyse Leroux
Le temps d'ici
Éditons Rhubarbe
*
je porte cet obscur sur mes épaules
je presse la lumière
contre mon sein
Grâce à cette
lumière
la vôtre
celle de l’univers
celle du poème
il y a désormais une voix
dans la manière
dans la matière
dont l’étoffe de l’univers
tisse notre langue
et nos ébats
*
Ce qui vit en moi
alourdit
ma détresse
fissurée par le doute
a chaque pas
La hantise de faire fausse route.
Marie-Josée Christien*
Le carnet des métamorphoses
Les éditions sauvages 2007
* http://anthosuballix.canalblog.com/pages/marie-josee-christien/27590451.html
*
Nous pouvons
enserrer le temps
dans nos filets
Le maintenir
corps à corps
dans une étreinte
qui tient tout
ensemble
Il se joue
de nos ficelles
Nous apprend
qu'aimer
ne se quitte pas.
Marilyse Leroux
Le temps d'ici
Éditons Rhubarbe
*
Chimère n°zéro : Au début
Au début tout
était noir
le monde n’existait
pasje porte cet obscur sur mes épaules
je presse la lumière
contre mon sein
Chimère n°55 :Chimère de conclusion
la vôtre
celle de l’univers
celle du poème
il y a désormais une voix
dans la manière
dans la matière
dont l’étoffe de l’univers
tisse notre langue
et nos ébats
Eve Lerner
extraits de Le livre des Chimères,
extraits de Le livre des Chimères,
Éditions l'Autre Rive