La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

lundi 6 janvier 2020

Création  land art de Roger Dautais




L’homme juste n’est, ni au service de Dieu, ni au service de ses créatures, car il est libre.
Albert Camus
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À Marie-Claude
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Pagode.
Jusqu’où faudrait-il aller pour obtenir le silence ? Serait-ce trop avoir vécu, et manqué le principal? D’un cœur à l’autre, tendu, un fil ténu, sorte de cheveu sur la langue, pour tenter la traversée. La bonne solution ? Le premier qui parlait, perdait la vie. Le gouffre restait profond pour le fildefériste.
L’indiscrétion gagnait du terrain sur ma vie. Elle ouvrait des fenêtres aux voyeurs. Les jugements pleuvaient dans la maison.
Dans l’accomplissement de mes besognes, la marche sublimait le silence. Je pouvais, tout oublier.
Au cœur des Alpes, pas de distractions, simplement l’effort pour s élever. Pour savoir d’où l’on vient, en se retournant.
La montagne écarquillait mes sens, les jours de grand beau, sous le vol des aigles.
J’ai cru me voir pousser des ailes et les rejoindre, pour traquer les marmottes, d’en haut. Mais, je n’étais pas chasseur.
La finesse et le délié de la dernière piste, avant le col, la rendait fragile à l’œil. Et si elle ne menait à rien, comme bien des paroles ? Et pourtant, je lui faisais confiance, justement pour son humilité.
Les autres lendemains, mes pieds s’enfonçaient dans les sables brûlants, des dunes, du désert de Douz ?
Mes lèvres auraient épousé la première eau venue. Le silence crissait. Je demandais grâce au soleil. C’était trop.
Devais-je m’inquiéter de ne rencontrer personne, en plein hiver ? L’île d’Oléron renvoyait des messages iodés, codés. Le silence se gagnait à la marche. Le temps se comptait à la respiration. Le cœur cicatrisait, éclaircissant le sang noir. Tu l’emballais d’un regard bleu. Il fallait provoquer un retour, quitte à briser le silence, retrouver le chant de nos paroles ordinaires des gens qui s’aiment. Le cri d’un chien errant mit fin à l’enchantement.
La vraie métamorphose, se passerait sous terre, l’hiver, dans le territoire des renards. Le paysage était creux, froid profond, planté d’aulnes et de frênes freluquets. Ça sentait l ’automne ? , l’humus humide.
. Au fond, abandonner l’idée de trouver un horizon, bien à plat , sur un paysage, inquiétait. Un lieu à tracassin.
Cette carrière magnifiquement abandonnée, dangereuse et interdite, incarnait la tentation. Les pentes en escalier, pouvaient être mortelles.
Ma chute dura quelques secondes, arrêtée brutalement, au raz du précipice, par une parcelle de terrain plat. Assommé, le silence me remplissait sans mal. A peine remis, je progressais à quatre pattes, comme un animal fuyant un endroit dangereux, pour sortir de cette peur.
Face à face avec une trentaine de champignons de très belle forme et dont la couleur m’intéressait, j’entrepris une courte cueillette. Ce fût une installation land art, rapide, un cri du coeur au fond de tout. Le renversement des forme, confirma mon intérêt premier.
Je prononçais un seul mot : «  pagode  » , dans un silence absolu.
Roger Dautais

Photo : création land art de Roger Dautais
«  Pagode  » à Maria Cano
Région sud de Caen - Normandie

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.