Création land art de Roger Dautais |
L’homme
juste n’est, ni au service de Dieu, ni au service de ses
créatures, car il est libre.
Albert
Camus
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À
Marie-Claude
*
Pagode.
Jusqu’où
faudrait-il aller pour obtenir le silence ? Serait-ce trop
avoir vécu, et manqué le principal? D’un cœur à l’autre,
tendu, un fil ténu, sorte de cheveu sur la langue, pour tenter la
traversée. La bonne solution ? Le premier qui parlait, perdait
la vie. Le gouffre restait profond pour le fildefériste.
L’indiscrétion
gagnait du terrain sur ma vie. Elle ouvrait des fenêtres aux
voyeurs. Les jugements pleuvaient dans la maison.
Dans
l’accomplissement de mes besognes, la marche sublimait le
silence. Je pouvais, tout oublier.
Au
cœur des Alpes, pas de distractions, simplement l’effort pour
s élever. Pour savoir d’où l’on vient, en se retournant.
La
montagne écarquillait mes sens, les jours de grand beau, sous le
vol des aigles.
J’ai
cru me voir pousser des ailes et les rejoindre, pour traquer les
marmottes, d’en haut. Mais, je n’étais pas chasseur.
La
finesse et le délié de la dernière piste, avant le col, la
rendait fragile à l’œil. Et si elle ne menait à rien, comme
bien des paroles ? Et pourtant, je lui faisais confiance,
justement pour son humilité.
Les
autres lendemains, mes pieds s’enfonçaient dans les sables
brûlants, des dunes, du désert de Douz ?
Mes
lèvres auraient épousé la première eau venue. Le silence
crissait. Je demandais grâce au soleil. C’était trop.
Devais-je
m’inquiéter de ne rencontrer personne, en plein hiver ?
L’île d’Oléron renvoyait des messages iodés, codés. Le
silence se gagnait à la marche. Le temps se comptait à la
respiration. Le cœur cicatrisait, éclaircissant le sang noir. Tu
l’emballais d’un regard bleu. Il fallait provoquer un retour,
quitte à briser le silence, retrouver le chant de nos paroles
ordinaires des gens qui s’aiment. Le cri d’un chien errant mit
fin à l’enchantement.
La
vraie métamorphose, se passerait sous terre, l’hiver, dans le
territoire des renards. Le paysage était creux, froid profond,
planté d’aulnes et de frênes freluquets. Ça sentait
l ’automne ? , l’humus humide.
. Au
fond, abandonner l’idée de trouver un horizon, bien à plat ,
sur un paysage, inquiétait. Un lieu à tracassin.
Cette carrière magnifiquement abandonnée, dangereuse et interdite,
incarnait la tentation. Les pentes en escalier, pouvaient être
mortelles.
Ma
chute dura quelques secondes, arrêtée brutalement, au raz du
précipice, par une parcelle de terrain plat. Assommé, le silence
me remplissait sans mal. A peine remis, je progressais à quatre
pattes, comme un animal fuyant un endroit dangereux, pour sortir de
cette peur.
Face
à face avec une trentaine de champignons de très belle forme et
dont la couleur m’intéressait, j’entrepris une courte
cueillette. Ce fût une installation land art, rapide, un cri du
coeur au fond de tout. Le renversement des forme, confirma mon
intérêt premier.
Je
prononçais un seul mot : « pagode » , dans
un silence absolu.
Roger
Dautais
Photo :
création land art de Roger Dautais
«
Pagode » à Maria Cano
Région
sud de Caen - Normandie
Les horizons d'Oléron sous les miroirs des marais peuvent régénérer l'âme.
RépondreSupprimerChri.
SupprimerMerci Christian. J'aime les îles et je crois avoir débarqué un jour ou l'autre sur toutes les îles proches de la France, sans compte celles visitées à l'étranger. Toujours accompagné de Marie-Claude. Nous avons entre autre,cette passion de la mer et des îles. Belle journée à toi, cher Christian.
En toute amitié.
Roger
Pagode d'or un peu floue, la légèreté te va aussi fort bien.
RépondreSupprimer2020 vœux !
Manouche,
SupprimerMerci Manouche, pour les raisons que tu sais, je présente des créations anciennes, avec de nouveaux textes d'accompagnement.
Je t'embrasse.
Roger
la pagode au toit dentelé s'élève vers le ciel, ses "chapeaux" comme une robe vaporeuse posée sur la mousse...une fée passe !
RépondreSupprimerLa cachette à Josette
SupprimerMerci chère Josette, de ton interprétation poétique.
Amicalement.
Roger
Interesante creación a partir del musgo y de unas setas que a primera vista parecen ser pleurotus ostreatus.
RépondreSupprimerUn saludo,
Miguel Garcia
SupprimerMerci Miguel et bienvenue sur le Chemin des grands Jardins.
Bien amicalement.
Roger
Comme quoi le Land-art ne nécessite pas forcément un gros effort musculaire, c'est la force imaginative qui fait tout !
RépondreSupprimerBonne continuation, Roger
Tiliaz
RépondreSupprimerMerci Tilia.
Bonjour Roger
RépondreSupprimerTous mes voeux de meilleur année en 2020
Amitié
Jacqueline
Meilleurs Vœux, Roger.
RépondreSupprimerTu nous a manqué.
Belle pagode très suggestive. Je reviendrai pour te lire car je dispose de très peu de temps en ce moment et il m'en faut pour tout savourer ici.
Je t'embrasse.
Quel bonheur te revoir !!!
RépondreSupprimeren ouvrant ta page ma première réflexion a été : Oh ! quelle jolie robe, une robe à volants
ou un chapeau de lutin sur des cheveux de mousse ... trop beau
Puis Camus, ce génie dont les écrits nous portent encore si vrai, si haut. En 60 ans pas pris une ride.
Je lis.
Je déroule la page et je vois que cette "pagode" est dédiée à Maria Cano, et là je dis merci merci de tout coeur ami
Je te souhaite d'encore nous émerveiller cette année 2020 (drôle de nombre 2020, cela fait un peu science fiction ;-)
Je t'embrasse
Tu l'as échappé belle dans cette carrière !
RépondreSupprimerTa pagode, j'ai envie de la manger. Mais non, elle est trop jolie, comme une jupe à volants...