Terres sacrées : à Guy Allix |
Guetteur de marée : pour Evangelina Lenarduzzi |
Zen : à Marie-Claude |
Confidences : pour Isa |
Trace : pour Pastelle |
Autel des quatre vents : pour Orvokki |
Terres sacrées : Hommage aux lieux. Pour Henri Droguet |
Tombelles : trois intentions croisées et déposées |
Être avant de disparaître : to Bhags |
Terres sacrées : l'annonce. Pour Chri |
Tombelle II : Trois intentions levées. |
Composition : pour Anne des ocreries |
Ligne mélodique: pour Sylvie Méheut |
Terres sacrée
...suite
J'ai quitté la route de Balbec, laissé au nord, la longue grève des gisants de Sallenelles et me voici, déambulant sur les Terres sacrées de ma mémoire. Qu'ai-je fait, depuis deux semaines sinon me battre contre le sort qui est le mien et résister au mieux à l'érosion du temps?
Pourtant, je descends. Je ne fais que descendre. Dans les rues, sur les grèves , sur les plages, sur les falaises, sous les dolmens, je descends vers la terre. J'accompagne la pente naturelle d'une vie bringuebalée. Entre deux ondées, j'emprunte une des ruelles aux pavés disjoints qui mène au port de Saint Goustan. Sensible aux charmes du lieu qui me rappelle une autre rue en pente, le Jerzual de Dinan, je l'emprunte très souvent. Avant d'y arriver, je me suis arrêté sur le bord de la route de Kerguenennec pour cueillir des fleurs de digitale dans l'idée de les utiliser pour de petites installations de petites installations si je trouve l'inspiration.
Pourtant, je descends. Je ne fais que descendre. Dans les rues, sur les grèves , sur les plages, sur les falaises, sous les dolmens, je descends vers la terre. J'accompagne la pente naturelle d'une vie bringuebalée. Entre deux ondées, j'emprunte une des ruelles aux pavés disjoints qui mène au port de Saint Goustan. Sensible aux charmes du lieu qui me rappelle une autre rue en pente, le Jerzual de Dinan, je l'emprunte très souvent. Avant d'y arriver, je me suis arrêté sur le bord de la route de Kerguenennec pour cueillir des fleurs de digitale dans l'idée de les utiliser pour de petites installations de petites installations si je trouve l'inspiration.
A droite, à mi-hauteur un muret surélevé par une palissade attire mon attention. Quelques fleurs sauvages ont poussé dans un peu de terre et dansent le long du bois, remuées par le vent , comme des notes de musique. J'y ajoute une ligne mélodique dont la couleur mauve m'emporte bien loin d'ici, jusqu'à l'enfance. Elle s'appelait Maud. Nous avions six ou sept ans.Rescapée de la guerre par je ne sais quel miracle, elle habitait ma rue et me faisait rêver lorsque nous jouions ensemble devant le bar de l’Étoile, le bien nommé.
C'est ainsi, tout le temps, lorsque je pratique le land art. Je laisse venir à moi mes souvenirs, bons ou moins bons. Ils font partie de ma vie. Ils accompagnent mes gestes.
Je prends ma route vers le port, sous un ciel plombé, mais sec. Je découvre un " petit univers intéressant" dans le mur de gauche. Au pied de cet espace, des pétales de rose cramoisis, jonchent les pavés.Je commence mon travail J'ignore les réflexions des touristes qui passent dans mon dos, le souffle coupé par la raideur de la pente à gravir.Je compose un tableau à base de fleurs de digitale, de pétales de roses et de jus de fleurs écrasées. Mon bonheur est absolu, dans l'instant et je m'accorde quelques secondes pour contempler ce tableau.
Un autre jour, je rends visite à un tumulus situé au-dessus de la Ria d'Auray. Il est impressionnant, mais plus modeste que la Table des Marchands de Locmariaquer. Lieu de sépulture principal, il est entouré de tombelles plus modeste. J'entre au royaume des morts et, en cette Terre sacrée, je vais officier, dans un rite assemblant, la terre, les fleurs, les herbes du dedans/dehors, le vent et tous les éléments d'alentour, le tout me prenant une heure. J'écrirai plus tard ce poème :
L'insaisisssable
présence
des furtifs
au cœur du granit
l'écho des mémoires
enfouies
que restitue les lieux,
l'énigmatique
respiration
de l'humus
tendre, l'autre lumière
parvenue jusqu'ici, tout semble réuni
pour déposer
trois intentions
au seuil du tumulus
simples poignées d'herbes fauchées
dedans/dehors
sur les tombelle
alors que le soleil décline
sur les tombelles
et que le merle
siffle déjà
la chanson des morts.
Le chant d'un merle accompagna mon père en terre, par un beau matin ensoleillé d'hiver. Ce fût ma deuxième installation dans un tumulus, après le dolmen, réalisée dans le noir absolu. A chaque fois, un merle accompagna mes gestes. J'aime souligner ces coïncidences.
Pendant cette période, LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a atteint puis dépassé les 120000visiteurs, puisque, à ce jour, vous avez été 121191 à me rendre visite. Je vous en remercie chaleureusement. L'aventure continue.
Roger Dautais
il a déplu
brocante et troc l'or fluide
et fourchu des foudres
s'efface au ciel ouvert et sec
comme la langue d'un pendu
ainsi tout autour de l'ailleurs au temps
du capiteux loisir l'amour uni
que ardent fou s'en va-t'à la
prairie saugarure bigrenue
duveteuse et bruissante
aux acharnés zonzons des melliflus essaims
et bombinants paquets des mouches
à conchiures
et c'est l'hiver
-onglées! chemins pourris!
l'oeil vitrifié des flaques!
jonchaies brisées à la grisure!-
le décontent marche démarche
contremarche enfin défoui
du ventre à sa moman
loin des années vertes noires
-pères & fils semblablement tortus
rogneux et muets-
il mesure la mer
au-delà de la mer
s'encréche entonne aux mages
face à l'âne le boeuf
le chat la belette et le catoblepas
son hymne et ses antiennes:
"Cap à nulle
part au blanc rien
cap au ni vu
ni connu noir
taille ton pain
taille ta route
sauve le vent!
Avance!
Avance
à la fin..."
Henri Droguet *
*http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Droguet
Pendant cette période, LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a atteint puis dépassé les 120000visiteurs, puisque, à ce jour, vous avez été 121191 à me rendre visite. Je vous en remercie chaleureusement. L'aventure continue.
Roger Dautais
il a déplu
brocante et troc l'or fluide
et fourchu des foudres
s'efface au ciel ouvert et sec
comme la langue d'un pendu
ainsi tout autour de l'ailleurs au temps
du capiteux loisir l'amour uni
que ardent fou s'en va-t'à la
prairie saugarure bigrenue
duveteuse et bruissante
aux acharnés zonzons des melliflus essaims
et bombinants paquets des mouches
à conchiures
et c'est l'hiver
-onglées! chemins pourris!
l'oeil vitrifié des flaques!
jonchaies brisées à la grisure!-
le décontent marche démarche
contremarche enfin défoui
du ventre à sa moman
loin des années vertes noires
-pères & fils semblablement tortus
rogneux et muets-
il mesure la mer
au-delà de la mer
s'encréche entonne aux mages
face à l'âne le boeuf
le chat la belette et le catoblepas
son hymne et ses antiennes:
"Cap à nulle
part au blanc rien
cap au ni vu
ni connu noir
taille ton pain
taille ta route
sauve le vent!
Avance!
Avance
à la fin..."
Henri Droguet *
*http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Droguet