à Marie-Claude...
Ce n'est pas difficile de faire un nid. Je pense, tout d'abord, qu'il faut être un peu, oiseau. Ensuite, il faut en avoir envie. Il faut du temps pour trouver un lieu qui plaise, planté de petits arbustes rabougris avec pas mal de branches mortes en dessous. C'est ce que j'avais réuni comme conditions, ce jour de tempête, après m'être mis à l'abri du vent, dans une pinède maritime de la côte de Nacre.
Je me suis mis au travail avec plaisir, assemblant les premières branches en leur donnant une sorte de mouvement tournant et, petit à petit, le nid a pris forme en s'épaississant. Je me suis dit que garnir le fond serait plus confortable pour les futurs habitants et c'est ce que j'ai fait. J'ai tapissé le fond avec de la mousse verte, légèrement jaunie , que j'ai saupoudré de quelques poignées de lichen, lichen, légèrement écrasées dans ma main qui lui ont donné une couleur acceptable.Je n'avais pas d'œufs sous la main. J'ai trouvé sur le sol, trois coquilles d'escargots vides et blanchies par les embruns et l'air salin. Je les ai déposées sur le fond du nid. Cela donnait bien l'idée d'œufs d'oiseau, enfin, suffisamment pour me satisfaire. D'ailleurs, en m'éloignant, je pensais à ce nid et j'y pense encore en écrivant ces lignes. Peut-être que ces coquilles ont fini par se transformer en œuf. Qui sait ? Et puis, la suite de l'histoire...Va savoir ?
Le vent du Nord-Est soufflait beaucoup trop pour envisager de travailler sur la côte et j'entendais le boucan d'enfer me né par la mer qui assenait ses coups de boutoir sur les sables de la grande plage, vague après vague. J'ai laissé le nid vivre sa vie de nid puis j'ai pris, plein Est, me dirigeant vers l'autre bout de la pinède, en traversant les dunes de sables plantées d'oyats, pour rejoindre un bouquet de pins, juchés sur une hauteur, prenant les rafales de vent, ce qui faisait plier leurs cimes. C'est au pied de l'un d'eux que j'ai trouvé cette branche morte. Elle devait être là depuis longtemps car son cœur étai éclaté, offrant à la vue, une plaie béante, d'un brun-marron.
J'ai tout de suite vu l'association vie-mort. Le cycle naturel de la nature, de la superbe fièrement dégagée par ces arbres dans le vent jusqu'au délitement du bois qui donnerait bientôt une couche de plus à l'humus. Je me suis penché pour toucher cette matière en décomposition.C'était doux comme du velours. Je me suis dit : je vais faire un carré. Cette forme géométrique me sert à rasembler des matériaux ou des végétaux et à les présenter en jouant sur la forme, les textures, les couleurs;
Je prends toujours beaucoup de plaisir à réaliser mes installations. Elles ont le don de faire disparaître en moi, le stress quasi permanent dont je m'encombre dans la vie. Les gestes répétés, la réflexion sur la forme qu'elles prennent, sur les asemblages de couleurs, la cueillette des végétaux, mon dialogue avec les pierres, et le rapport que tout ce travail entretient avec le paysage et la nature en général, me calme et m'amène à connaitre de plus en plus, des instants de sérénité.
J'ai donc installé ce carré au cœur brun-rouge, puis je l'ai entouré de deux rangs de pommes de pin, déjà un peu patinées par les intempéries. Je vous avoue que le fait de perdre la vue, en ce moment pour cause de cataracte, me donne sans la rechercher," une vision de peintre" : on dira, une vision complètement floue. J'apprenais à cligner des yeux, avec notre professeur de peinture,lorsque j'étais jeune étudiant, aux Beaux Arts, en Bretagne. Cela nous aidait à comprendre "les passages de couleurs et de lumière dans un tableau.
Plus besoin de cette gymnastique, le flou est permanent, à cette période de ma vie. Il m'a semblé, ce jour là, voir les pommes de pin, colorées d'un gris-bleu des plus subtils, tandis que la mer continuait sont tintamarre assourdissant à quelques deux cents mètres de là, au Nord de ce carré.
Lorsque je pratique le land art, je pense souvent à elle qui m'attend à la maison et je l'appelle au téléphone:
- Allo ?
- Devine qui c'est ?
- C'est toi...
- Tu m'as reconnu ?
- Oui, bien sûr.
C'est un jeu entre nous. C'est plus fort que moi, il faut que je lui raconte. Après, je retourne à mon travail, avant de rentrer.Il y en a qui prétendent que je perd mon temps pendant que eux, les spécialistes de l'art, ils devisent et refont le monde devant leurs beaux ordinateurs. Tout le monde ne peut pas être théoricien et puis, c'est bien aussi, de pratiquer un art qui ne ressemble pas aux autres. Je me dis qu'il n'y a pas de raison que cela se termine,tant qu'il y a de la vie et de l'amour entre Marie-Claude et moi, en attendant le petit tas de cendres
Roger Dautais
Fables.
Tu as ramené une petite chatte,
Parfois elle court pour disparaitre,
Pas sûre que la vie
La tienne dans la main.
D-un bond, et le reflet de la balle
s'échappe de la balle.
Qui joue vraiment joue à côté.
Au bout du petit visage surgit
Même les yeux clos,
Et le monde nous en jette,
En jette par milliers.
Les rue sont profondément dehors, toutes,
Quand le silence des chats n'est que solitude.
Je tremble si je ne t'avais pas.
Les mots, les phrases, cela rassure les incertains.
Ces algues bougent à la surface mais sont tenues
Où on ne voit rien.
La chatte me regarde pour que je sache :
" tu es là ou tu n'es pas là ? "
Ariane Dreyfus
UNE ERREUR DE MISE EN PAGE M'A OBLIGE REPRENDRE TOUT LE TRAVAIL :PHOTOS ET ÉCRITURE DU TEXTE,
J'AI PERDU LES COMMENTAIRES DE
MANUE
NEFERTITI
OLIVIA
ET THIGE, ayant malgré tout réussi à les recopier je les publierai demain. Je leur demande de bien vouloir m'en excuser.
Roger