Groupe 2 Lampedusa : pour Patrick Lucas |
Route aveugle à Lampedusa ( groupe 1 ) pour Noushka |
L'adieu à Kerpenhir |
Hommage à l'autre monde : pour Pastelle |
Peace and love : pour Fanny |
La route aveugle : Pour Danièle Duteil Boîte à mémoires : pour Inès ( Magia da ) |
Groupe 2 Lampedusa : pour Rick Forrestal |
L'ange vert : pour Tilia |
La fête des morts : pour Marty |
A Fanny et Tony, |
L'éveil : pour Sylvie ( L'esperluette) Spirale Kaya : pour elle où qu'elle soit. |
Septime : pour la Marmotte Cairn de l'espoir : pour Marie-Josée Christien Groupe 3 Lampedusa : pour Christian Cottard |
Novem : pour Serge Mathurin Thébault |
La dernière peau : pour Mémoire de silence |
Groupe 4 Lampedusa pour Monde en poésie |
Temps de jachère...
J'ai pensé, dans mes nombreux déplacements et marches, que les présences furtives étaient celles que j'attendais Elles avaient eu leur vie, disparues, elles vivaient, autrement. Elles accompagnaient mes déplacements comme l'ombre accompagne la lumière. J'ai inversé les rôles et mis en histoire des récits sans parole. L'eau me servait de point de rendez-vous, d'interface. Qu'elle soit tombée du ciel, dans une simple flaque d'eau, autour de modestes étangs accrochés aux landes, sur la mer, le miroir était là. Il suffisait d'attendre, de ne rien demander,de commencer mes installations land art.
Je ne saurais dire comment cela se faisait, ni beaucoup de ces accompagnements : mon père, ma mère, quelques poètes, quelques animaux, aussi.
Je n'ai jamais voulu prendre la parole, ni entendre des voix, par respect. L'échange était ailleurs qui donnait toute la valeur à mes créations. Je me contentais de ces furtives présences inscrites dans le vent, dans le chant d'un merle, le regard échangé avec un rossignol.
Je reprenais la route, rassuré d'être ainsi accompagné dans ma solitude et que l'on prendrait sans doute pour pure folie.
Moi, la folie, je la voyais plutôt dans la course aux armements, la guerre permanente, les défilés militaires dans ce monde où trois quart des gens crevaient de faim.
C'était ça la folie et non mon hypersensibilité à des manifestations de l'invisible.
Un gisant, comme je les représente en land art, me souvenant de ceux de Mendieta, c'est un homme debout dans le sens de l'éternité.
Si comme moi, vous ne croyez pas à l'éternité, rien ne vous empêche d'en inventer une.
La mer s'est retirée et j'ai fait comme elle. De longues semaines d'attente d'un diagnostic qui tarde à tomber et m'éloigne du land art. Trois jours, trois jours seulement pour braver l'interdit et constater au bout du compte que le mal est bien là. Je suis passé de l"autre côté et je continue à vivre en noir et blanc.
Kaya. J'en ai mis du temps à l'apprivoiser avec sa façon de me regarder qui me tenait à distance au début. Tellement belle. Les chats, c'est comme ça, ce sont eux qui vous apprivoisent. Il faut se lâcher, c'est tout et après, l'amitié elle vient toute seule. Après treize ans de compagnonnage chez Tony et Fanny, elle est partie, définitivement. Je lui devais un hommage, comme pour Ty Moon, et Mae .
Je suis allé près de la pointe de Kerpenhir, entrée du Golfe du Morbihan, sur cette plage si magnétique, bordée par des courants forts de l'Atlantique. Il faisait gris, je souffrais du dos. Tout a été long et difficile, mais je l'ai fait. Dans ce crissement du sable sous le talon qui trace la spirale pendant une heure trente, j'ai inscrit la vie de Kaya. Le sable se faisait chat, le chat se faisait sable et j'ai mené l'action jusqu'au bout.
Deux couples et personne seule, sont venues, attirées par cette spirale qui garde toute cette force magnétique. Je n'explique rien, je constate. Nous partageons une émotion. Le couple venant de Suisse n'avait jamais vu une telle spirale et il la trouvaient bien inscrite dans ce paysage dont ils ressentaient eux-mêmes la force.
Le dernier geste a été d'écrire son nom dans les sables :Kaya. Je ne suis pas resté voir la mer la recouvrir mais je sais que maintenant, elle s'est chargé de sa mémoire.
Roger Dautais
Les sentiers
tracés à pas d'homme
longent le silence
d'une vie
Une blancheur éparse
laconique
s'obstine
jusqu'au ciel
Je laisse aux mots
le soin de veiller.
Marie-Josée Christien
Temps morts
EDITIONS SAUVAGES
Collection Askell